OVERLORD
Julius Avery

Peut-on parler de nouvelle vague du zombie ? En tout cas sont sortis en moins de deux ans trois des meilleurs films du genre depuis le dernier chef d’oeuvre de Romero, Diary of the Dead (2007). Après The Last Girl : Celle qui a tous les dons (2017) et The Cured (2018), dont nous avons vanté les mérites dans ces pages, voici donc Overlord. S’il fallait trouver une composante commune à ces trois propositions intéressantes (et humbles) de réinventer les enjeux de la créature de George Romero, ce serait un refus des problématiques caractéristiques (et désormais bien trop balisées) du film post apocalyptique, sous genre qui colle aux basques de tous les réalisateurs qui tentent le défi de faire oublier le mort-vivant moderne.

Pas de scènes de panique générale donc, de fuite en avant, de pillage de supermarché, de rues désertes. The Last Girl et The Cured abordaient le zombie sous une forme (partiellement) réhumanisée par la grâce d’un antidote. Le challenge était évident mais passionnant : envisager la possible réintégration de l’ex-zombie dans une société décimée, qui a mis une croix sur toute forme de pardon et d’empathie. Overlord se distingue par son refus de toute psychologie : le réalisateur Julius Avery aborde le genre par le biais de l’Histoire, et plus précisément les expériences tristement connues de la médecine nazie, ce qui met par la même occasion un terme immédiat à un nouveau fantasme rance d’eschatologie à l’itinéraire tout tracé.

La fin du monde est ici  concentrée dans un microcosme qui se trouve être, ironiquement et logiquement, celui d’une église. Ironiquement mais logiquement devrait-on écrire, car le miracle – la résurrection des enfants de Dieu – est accompli dans Sa maison par ce que l’humanité a jusqu’à présent engendré de pire. Au-delà de cette idée d’uchronie pour le moins culottée (et surprenante, si l’on n’a pas eu la mauvaise idée de visionner auparavant une bande-annonce comme toujours trop bavarde), portée par des décors qui mettent à l’honneur le métier de repéreur (les rues du village Normand, qui semble avoir été figé dans le temps, les geôles terrifiantes du sous-sol de l’église), Overlord est avant tout un bon film de guerre, avec ses badasses de rigueur, ses diversions jouissives, ses shotguns efficaces et ses montées d’adrénaline sur fond de mines antipersonnel, planques improvisées et autres infiltrations casse-cou.

Envisagé ailleurs comme un sous-homme obsédé par la viande fraîche, le zombie devient dans Overlord une machine de guerre qui n’est pas sans rappeler l’humain augmenté du brillant Upgraded. Ce que nous donne à voir Julius Avery, c’est un film qui n’a pas peur des alliances contre nature, entre un réalisme saisissant (le film de guerre donc) et un récit fantastique qui n’a pas froid aux yeux, plongeant à l’occasion dans un glauque assez sublime.

François Corda

| 21 novembre 2018 | Etats-Unis

 

 

 

08/20

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