LANA DEL REY
born to die

EnterreLe sleeve de Born to Die offre certaines perspectives musicales. Le minois figé de Lana del Rey y est d’une beauté glaçante et voluptueuse, on est happé, sidéré. Son patronyme curieux est élégant, presque bourgeois (*) et sied parfaitement au port de tête royal de la jeune femme. Enfin ce truisme malin sur le sens de la vie en guise de titre de premier album : « born to die », soit « né pour mourir », nous interpelle. Bref le produit est là, intelligent, attirant, intriguant… Et donc logiquement fort médiatisé. On aurait aimé que le contenu soit à l’image du contenant, à la fois joliment sobre et typé. Parfois d’ailleurs il l’est. Mais parfois seulement.

Indéniablement les grandes qualités de Born to Die tiennent à Lana del Rey elle-même. C’est-à-dire à sa voix, puissante et mutine, lascive et mâtinée d’une sensualité princière. On retrouve dans ce timbre la personnalité des grands chanteurs, une présence qui imprime les morceaux, bons et mauvais, d’un souffle lyrique jamais forcé. Dans un sens les cordes vocales de Lana del Rey sont fidèles au classicisme indémodable du look qu’elle offre au public sur sa pochette.

C’est du côté de la musique que cela pêche un peu plus. Le titre éponyme est pourtant superbe, d’une ampleur phénoménale, aidée dans ce sens par des cordes voluptueuses et enchanteresses qui dominent d’ailleurs l’ensemble des chansons. Bien sûr ces violons et violoncelles omniprésents apportent un cachet certain et nous confortent dans cette idée que Lana del Rey a voulu écrire un disque fastueux. Mais parce que la chanteuse se tourne parfois du côté du R’n B un peu facile (« Off the Races », « Dark Paradise ») ou parce qu’elle utilise des rythmiques un peu dépassées (« Radio » semble tout droit sorti des singles trip-hop un peu malheureux de la fin des nineties), la majesté imposante de ses compositions les plus réussies (« Born to Die » donc, mais aussi « Blue Jeans », « Video Games » ou « National Anthem ») tourne à la musique d’ascenseur, prévisible et ennuyeuse.

Ce premier disque est sans conteste l’œuvre d’une jeune femme ambitieuse, sûre de sa force. Et on peut la comprendre, elle fait réellement ce qu’elle veut de ses cordes vocales, sans en rajouter. Mais musicalement elle est parfois dans la facilité, ce qui conduit à faire d’elle une star un peu hybride, à la fois diva sensuelle, reine froide et intouchable (quand l’accompagnement est bon) et crooner de pacotille (quand il est mauvais). Dans les meilleurs moments Lana del Rey est très ressemblante à cette icône présentée sur la pochette de Born to Die… A elle désormais de donner entièrement chair à ce personnage de papier, avant qu’il ne jaunisse avec le temps.

(*) Rey signifie roi en espagnol

François Corda

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Lana del Rey / born to die

Date de sortie : 30 janvier 2012

 

bub

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