UN JOUR SI BLANC
Hlynur Pálmason

DeterreHabituellement, il n’y a pas un film Islandais sans paysages grandioses avec son lot de montagnes majestueuses. Pourtant, Un jour si blanc en est sciemment privé, coupant délibérément tout horizon, et ce tout en cultivant l’ambiguïté dans une promesse incessante. Les fjords, la vue à couper le souffle, tout est là, pourtant rien ou presque ne sera concédé. Le réalisateur Hlynur Pálmason raconte l’histoire tragique de Sigmundur (campé par le roc Ingvar E. Sigurðsson) en insistant toujours sur cette notion de point de vue, toujours partiel, capté par des séquences souvent peu, voir pas découpées, fracassant le spectateur contre les murs du hors-champs et le livrant aux interrogations permanentes : qui était sa femme décédée dans une sortie de route un jour de brouillard ? Qui est réellement ce Sigmundur plutôt taiseux, parfois inquiétant ? Que peut-il bien se passer derrière ce dur visage ? Ce dispositif atteint son point d’orgue lorsque la caméra en mouvement suit le trajet du 4×4 de Sigmundur à travers le réseau de vidéo surveillance, bougeant d’un moniteur à l’autre. La multiplicité des points de vue est alors présentée à travers un seul plan.

Après le dramatique accident vient donc le temps du deuil. Dans un plan d’exposition singulier, le temps passe, les saisons défilent et se déroule un lent travail de reconstruction. Les murs du bâti tombent et la maison s’ouvre sur l’extérieur ; portes fenêtres et vitres sont ajoutées, modifiant les perspectives sur l’extérieur. Mais il en va tout autrement des affaires humaines. Au fur et à mesure de l’avancement des travaux, les doutes assaillent le vieil homme, minant toutes les ses convictions. Si l’amour qu’il porte à sa petite fille – le personnage le plus lumineux de ce long-métrage – ne se discute pas et s’impose comme une évidence, celui qui existait avec sa défunte femme se révèle plus complexe et plus tordu. Un jour si blanc est un voyage formel au cœur de la douleur, la vision d’une chute inexorable que rien ne semble pouvoir arrêter.

François Armand

1h 49min | 29 janvier 2020 | Islande

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