Le Grenier de Bub

En vrac, les brèves de Bub de 2013 à 2016. Fouillez ! Creusez ! Déterrez !

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2016

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Deterre

Sully

Depuis Gran Torino, Clint Eastwood a clairement perdu de sa fraîcheur, et on ne le blâmera pas de sortir un film comme Sully à 86 ans. Soit un divertissement de qualité qui doit surtout à l’intelligence de sa mise en scène et de son montage, qui passe par la diversité des points de vue, au sens littéral et figuré du terme. Eastwood se montre, dans ce contexte pépère, paradoxalement plus à l’aise dans les scènes « catastrophe » que dans l’intimité de ses personnages, plutôt simplistes. Paradoxalement ? Pas si sûr. A bien y regarder, les scène d’action étaient déjà celles qui donnaient tout le sel de ses deux meilleures récentes sorties, soit Au-delà (le tsunami) et American Sniper (le final). A quand Papy Eastwood à la tête d’un actioner ?

François Corda

Sans titre

Justice / woman

Woman, c’est un peu le pied de nez au Random Access Memories de Daft Punk, la preuve que l’on peut regarder derrière (pour le kitsch cool) sans perdre son identité. Justice conserve ici la joie du synthé cradingue, façon apocalypse de l’analogique, tout en s’appropriant l’objet disco, non comme genre perdu et purement nostalgique, mais comme un moteur de compositions hybrides et jouissives.

François Corda

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Deterre

Manchester by the Sea

Apprêté et erratique, la première demi-heure de Manchester by the Sea n’est pas loin d’être catastrophique, mais pour qui sait patienter, ce troisième film de Kenneth Lonergan réserve par la suite des sommets d’émotion assez inattendus. On regrette de fait que le réalisateur n’ait pas souhaité être plus direct, et assumé immédiatement la charge de pathos qui pèse sur ses trois personnages principaux, interprétés par des acteurs éblouissants dans leur maniement du clair-obscur psychologique, fantômes mais humains after all. Manchester by the Sea culmine en son coeur par l’une des scènes les plus bouleversantes de l’année, sorte d’escalade en douceur vers l’horreur totale, bercée par l’inusable Adaggio d’Albinoni.

François Corda

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Enterre

Mademoiselle

Park Chan-wook, c’est un peu le Denis Villeneuve de Corée du Sud. Son talent (indéniable) de metteur en scène est sans arrêt pollué par des circonvolutions narratives parfaitement vaines. Mademoiselle n’échappe pas à la règle : la photographie et les décors sont superbes, l’histoire, naturellement alambiquée, souvent laborieuse et prévisible, se suit sans déplaisir mais sans passion aucune. A ce jour, seul Old Boy réussissait ce condensé un peu dingue de scénario mille-feuilles et de délires formels, un film monstrueux, décalé, et finalement inoubliable. Mademoiselle ne survivra en revanche pas à 2016.

François Corda

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Deterre

Baccalauréat

Les trois font le trio : Dardenne, Farhadi, Mungiu. Mêmes obsessions sociologiques, même goût du thriller ouaté qui ne dit pas son nom, même direction d’acteurs au couteau. Ces trois réalisateurs, après avoir reçu les ovations de la critique et du public il y a quelques années, subissent aujourd’hui de petites piques polies de la part de leurs anciens défenseurs. Il est amusant de constater que, des trois, c’est Mungiu qui s’en tire le mieux quand c’est précisément sa mécanique à lui qui semble (un tout petit peu) automatisée. Mais si jamais Mungiu n’atteint la puissance dramatique et l’acuité de regard de ses deux compères (Baccalauréat est d’ailleurs coproduit par les Dardenne), Baccalauréat reste touchant, haletant, et a ce simple mérite d’ouvrir une fenêtre sur une faille démocratique dont on parle peu au cinéma, la corruption.

François Corda

S

Deterre

Khemmis / hunted

Ce qui impressionne chez Khemmis c’est cette faculté à savoir absolument tout faire dans le registre du métal : du riff béton aux solos dantesques, des rythmiques mathématiques au pur headbang, du chant lyrique au growl, tout y passe, et ce qui ressort de cette moulinette, c’est ce Hunted, qui parvient à surclasser, par sa concision peut-être, le déjà remarquable Absolution de l’année dernière.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Kevin Gates / islah

Pourquoi Kevin Gates s’impose-t’il comme l’un des rappeurs Américains de l’année ? D’abord parce qu’il nous fait (presque) grâce de featurings consanguins, d’autotune et de R’n B sirupeux. Ensuite parce que son Islah sent bon le gangsta rap du début des années 00, aux instrus sombres et au groove frontal. Islah pourrait être ce disque de Booba qu’on n’attend malheureusement plus : façon bad boy honnête, direct et non pas latin lover de supermarché.

François Corda

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Deterre

Le Client

Le « système » Farhadi aurait du plomb dans l’aile. Ou peut-être le terme d’auteur fait-il désormais peur ? En tout cas, on ne voit pas en quoi Le Client serait, comme on peut le lire ici et là, une pâle copie de ses précédentes oeuvres. Il faut voir avec quelle limpidité, une fois de plus, le réalisateur Iranien installe insidieusement un climat délétère, et met le spectateur dans une situation intenable de dilemme en forme de casse-tête chinois. Cousin éloigné de Haneke, sans doute un peu moins austère, Farhadi prépare toujours sa sauce douce-amère avec le même talent de portraitiste.

François Corda

sans-titre S

Deterre

The Radio Dept. / running out of love

The Radio Dept réussit avec Running Out Of Love un album aussi riche en termes de cohérence (tracklist très joliment équilibrée) et d’habillage sonore (entre house froide et mélodies fluides), que d’émotions. Le trio y développe une certaine idée de la pop du futur, et le fait qu’il vienne de Suède n’enlève rien à son charme.

François Corda

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Deterre

Rogue One

A boire et à manger dans ce spin off dont l’utilité semblait (et se confirme) toute relative. Il n’y avait de toute façon rien à attendre de Gareth Edwards, petit bricoleur sympa quand il est sans le sou (Monsters), complètement anonyme quand il gagne au loto (Godzilla). Mais réalisateur talentueux ou pas derrière la caméra, on commence à connaître le refrain maintenant : le tendon d’Achille des néo Star Wars c’est définitivement la platitude de ses personnages. Rogue One ne déroge pas à cette triste règle, et si l’on suit les péripéties de Jyn avec un certain intérêt, c’est parce que les effets spéciaux, magnifiques (la destruction de Jehda, la collision des destroyers), les paysages, envoûtants comme dans les épisodes d’antan, et les combats, menés tambour battants, provoquent quelques beaux moments. Mais pour la faire court, on pourrait résumer les ambitions de Rogue One à un plan, le dernier, ravivant une princesse Leia pixellisée : tenter de ressusciter, encore et toujours, une flamme qui est bien morte, celle d’une saga dont le souffle épique a désormais disparu, plutôt que de reconstruire un nouveau mythe sur les cendres de l’ancien. En attendant (en vain ?) ce morceau de bravoure, on se contentera des étincelles de Rogue One, qui valent mille Star Wars: Episode VII.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Leonard Cohen / you want it darker

Pas aussi sombre qu’on a bien voulu le dire, pas autant chef d’oeuvre qu’on a voulu nous le faire croire, You Want It Darker n’en est pas moins un beau disque, caressé par le génie, c’est vrai (le titre éponyme, « It Seemed The Better Way », « Steer Your Way », « Traveling Lights ») mais se reposant aussi un peu trop sur ses (beaux) lauriers le reste du temps. En tout cas, on sent le Canadien, pour la première fois depuis très longtemps, dans la recherche d’un nouveau son, très joliment équilibré, entre orchestrations symphoniques, petites touches électroniques, et épure. Rien que pour cela, et non parce qu’il s’agit de son adieu, You Want It Darker mérite de figurer dans ses albums à retenir, sans doute le meilleur depuis Ten New Songs (2001).

François Corda

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Deterre

Mad Love in New York

Parce que les frères Safdie ont choisi Arielle Holmes pour interpréter son propre rôle, celui d’une jeune héroïnomane SDF, on aurait pu craindre que Mad Love in New York soit crapoteux, voyeuriste. Mais les réalisateurs américains ont su enrichir leur sujet racoleur par un souffle psychédélique qui balaye toutes les craintes. Au son de petites symphonies électroniques désuètes, pêchées dans les années 70, Mad Love in New York se révèle finalement comme une expérience cinématographique inédite et émouvante, dans laquelle le marginal est roi, et souvent magnifique.

François Corda

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Enterre

Premier Contact

Denis Villeneuve aime les scénarios, mais les scénarios n’aiment pas Denis Villeneuve. Car autant il faut reconnaître au réalisateur Canadien un indéniable talent pour créer de belles ambiances anxiogènes, et le soin qu’il porte à s’entourer d’excellents directeurs de la photographie, autant il ne peut s’empêcher de saborder ses films avec des circonvolutions dans le récit souvent inutiles (Enemy reste à ce jour son meilleur film parce que, précisément, il suit une trajectoire de laquelle il ne dévie jamais). Ceci étant, Premier Contact n’est pas loin d’être éblouissant pendant sa première heure, nonobstant quelques influences clairement mal digérées (2001, l’Odyssée de l’espace pour le monolithe, les aliens ressemblant comme deux gouttes d’eau… à l’Alien matriciel) : certaines visions sont purement abstraites, fascinantes, à l’image d’un génial travelling circulaire qui restera dans les mémoires. La musique de Jóhann Jóhannsson n’est pas innocente à cette réussite, tant elle parvient à transcender les images de Villeneuve par des timbres futuristes et inquiétants. Mais dès que le réalisateur cherche à raconter une histoire, et par là-même, à émouvoir, il échoue. Tant et si bien que son édifice s’écroule durant une dernière demi-heure consacrée à la justification d’un twist à la morale limite pro-life, plus que douteuse.

François Corda

sans-titre S

Enterre

Yann Tiersen / eusa

Amélie m’a tuer… Non, pas vraiment, mais presque. Le Breton a bien du mal à retrouver la force évocatrice de sa musique depuis que son image est immédiatement rattachée au film de Jeunet. Depuis il y a bien eu l’évasion post-rock surprenante de Dust Lane, mais pour le reste, les compositions de Tiersen semblent depuis longtemps vidées, décharnées, à l’écriture presque automatique. L’ébullition des premières années semble dater d’il y a une éternité, et la joliesse d’aujourd’hui nous paraît d’une pâleur exsangue.

François Corda

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Deterre

La Fille inconnue

Si les frères Dardenne n’utilisent pas de score, c’est que leur petite musique à eux est celle de la vie ordinaire, dans toute sa crudité, et qu’ils y impriment leur propre rythme, imposé par des personnages toujours en mouvement. Dans La Fille inconnue, Jenny, jeune médecin, détective du corps qui se mue en détective tout court, est un bloc d’humanité dans un océan de vilénie. Adèle Haenel l’interprète avec toute la force de caractère qui fait les grands héros Dardenniens.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Ivar Bjørnson & Einar Selvik / skuggsjá

Folk baroque ou black metal folklorique, les étiquettes valent ce qu’elles valent, et dans le cas Skuggsjá, on les oublie vite. Ivar Bjørnson & Einar Selvik ont créé un disque d’un autre temps, majestueux et mélancolique où se mèlent chants guerriers, cornemuse, cordes et riffs acides. Impétueux, Skuggsjá restera comme l’un des disques les plus anachroniques depuis l’âge d’or de Dead Can Dance.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Winterfylleth / the dark hereafter

C’est LA valeur sûre du black-metal depuis quelques années : Winterfylleth ne s’encombre jamais de détails, et ne fonctionne qu’à l’efficacité, celle d’une recette que le groupe Anglais maîtrise depuis son premier essai, à coups de riffs épiques et hurlants, de cassures rythmiques à faire pleurer de joie tous les hand-bangers de la planète, et de choeurs guerriers époustouflants. Après eux, pas de déluge : Winterfylleth EST le déluge.

François Corda

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Enterre

Spotlight

Tant d’académisme sur un sujet aussi fort, la pédophilie chez les prêtres, c’est pêché. Avant Spotlight il y a eu Zodiac de Fincher (ou la saison 5 de Sur Ecoute, au hasard), et en terme de chronique journalistique, c’était d’un autre niveau. La brochette d’acteurs quatre étoiles n’y fait rien, Tom McCarthy se révèle incapable d’imprimer un rythme à son enquête, malgré tout un jeu de connivences et de témoignages qui aurait pu (du) être palpitant. Un film qui se contente de susurrer quand il se devait d’hurler.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Wreck & Reference / indifferent rivers romance end

La musique de Wreck & Reference est profondément dépressive, et en même temps, son lyrisme et son énergie nous préservent de toute apathie. Naviguant dans les eaux troubles d’une pop parcourue de spasmes métalliques et d’ondes électroniques, relevée par un batteur virevoltant, Indifferent Rivers Romance End est une expérience à part, à la fois belle et malsaine, dont on sort difficilement indemne.

François Corda

sans-titre S

Deterre

The Dandy Warhols / distortland

Un bon moyen de se souvenir que les Dandy Warhols, malgré une carrière commercialement et artistiquement discrète depuis plus de dix ans, ont commis l’un des meilleurs disques américains des trente dernières années avec Come Down, c’est de se plonger dans ce Distortland étonnamment cohérent, aussi psychédélique que moderne, entre expérimentations cool et pop débonnaire. Les champignons font toujours de l’effet chez les Dandy.

François Corda

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Enterre

The Avalanches / wildflower

C’est l’arnaque de l’année. Comme on ne va pas, en privé, faire semblant de s’émouvoir devant les collages approximatifs d’un enfant de cinq ans, on ne félicitera pas The Avalanches de céder au patchwork électro-funk-field recording en faisant mine de se (nous) distraire. Sans affirmer que Wildflower est de la musique d’ascenseur, on n’aura bien du mal à rejoindre l’enthousiasme général, qui semble voire derrière ce deuxième effort de The Avalanches autre chose qu’un déferlement d’idées, plus ou moins bonnes, déguisées en disque soi-disant léger et arty, mais finalement poussif et fatiguant.

François Corda

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Deterre

Underworld / barbara, barbara, we face a shining future

Et s’il s’agissait du meilleur album pop de l’année ? Underworld livre ici une techno étincelante, concise, tournée vers la mélodie, tournée vers les autres. Elle est loin l’expérience raveuse de « Born Slippy », place à un monde d’émotions plus directes, à une logique de séduction non feinte, à une beauté plus immédiate. Barbara, Barbara, we face a shining future enjôle et cajole, comme dans les plus beaux moments de The Field.

François Corda

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Enterre

Dans le noir

Trois premiers quarts d’heure riches en potentiels, tant dans la mise en scène (un fantôme n’apparaissant que dans le noir) que les enjeux humains (une mère dépressive, une jeune femme qui devient soeur, un amoureux transi tout sauf viril), et une demi-heure à ressasser des situations courues d’avance, sans que l’on passe du stade du potentiel à celui d’accomplissement. Ca aurait pu être un beau film sur la dépression (l’ombre de Shining plane sur quelques plans). Ca aurait pu être un beau film sur une famille accablée par le malheur. Mais ça n’est rien de tout ça, juste un tout petit film d’épouvante mal dégrossi. Parfois, 75 minutes, pour un long-métrage, c’est encore trop.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Michael Kiwanuka / love & hate

Après un poli (et plutôt beau, disons-le) Home Again, dans lequel on se sentait, en effet, comme à la maison, Michael Kiwanuka hausse le niveau de plusieurs crans avec Love & Hate. Le compositeur britannique ne se contente plus de réciter (avec talent) ses gammes de soul, il devient carrément progressiste, tant dans la production que la construction de ses chansons, piochant dans le rock progressif, la dream pop, se tournant vers l’avenir du mouvement plutôt que vers son glorieux passé. Souvent accompagné de choeurs superbes, la musique de Kiwanuka est simplement chaleureuse et réconfortante.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Mitski / puberty 2

Mitski possède ce timbre de voix acide et mélancolique à la Beth Gibbons (Portishead) qui nous la rend immédiatement familière. C’est du côté de la musique que la chanteuse New-Yorkaise prend de plus grands risques : ses chansons prennent souvent des tournants inattendus, virant de l’électro au rock indépendant burné, de la folk sèche à une synth-pop lyrique. Puberty 2 est au final un disque finement équilibré, un drôle d’objet foutraque et attachant.

François Corda

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Deterre

Elysia Crampton / elysia crampton presents : demon city

Clairement le disque le plus déroutant de l’année. Heureusement pour l’auditeur, Elysia Crampton ne se prend jamais au sérieux, et sait associer, avec un certain talent d’équilibriste, expérimentations parfois ardues et sens du jeu. Un pied dans les années 80 (sons volontairement datés, samples décalés), un autre dans le futur (rythmes déstructurés, science du bruit), Demon City surprend sans cesse par ses grands écarts et se révèle captivant de bout en bout.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Deniro Farrar / mind of a gemini

Deniro Farrar continue d’enchaîner les albums à un rythme effréné, toujours accompagné de producteurs surdoués délivrant des mélodies ultra léchées. Mind of a Gemini est cette fois-ci plus tourné vers un hip-hop east-coast, plus charnel que gangsta, malgré cette éternelle voix d’outre-tombe. Il n’en reste pas moins que l’on retrouve chez ce natif de Caroline du Nord ce qui manque au rap doré de Kanye West et consors : l’odeur de la rue.

François Corda

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Deterre

Toni Erdmann

Difficile de dire beaucoup de mal de Toni Erdmann. On comprend pourquoi, au même titre que Ma Loute et Elle, le film de Maren Ade a fait sensation à Cannes : parce qu’il défie habilement les codes (de genre et de narration), Toni Erdmann imprime durablement les méninges. Deux heures quarante (s’ouvrant symboliquement par une farce et se clôturant par le superbement mélancolique « Plainsong » de The Cure) pendant lesquelles quelques scènes et quelques dialogues feront indiscutablement date, entre rire malicieux et drame évanescent. On sera cependant plus mesuré face aux fables, sociale et familiale, beaucoup plus cadrées et prévisibles. Mais restent indéniablement deux beaux personnages abîmés, survivant comme ils peuvent, l’un caché derrière un masque de clown, l’autre en apnée dans aquarium rempli de requins.

François Corda

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Don’t Breathe : La Maison des ténèbres

Clairement pas à la hauteur de sa réputation (une interdiction aux moins de 16 ans aberrante, des critiques outre-atlantique dithyrambiques), Don’t Breathe reste cependant un honnête huis-clos angoissant, absolument sans surprise, mais maîtrisé dans sa forme. En l’état ce deuxième film de Fede Alvarez, après un remake âpre de Evil Dead, reste toutefois déceptif tant il peine à exploiter le cadre pourtant prometteur de Detroit, ville fantomatique abordée avec beaucoup plus d’envie par David Robert Mitchell dans It Follows, et cet aveugle, retraité de l’Irak, dont on aurait pu espérer un personnage plus hanté par l’horreur de la guerre que par le décès accidentel de sa fille.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Nick Cave & The Bad Seeds / skeleton tree

Nul besoin de chercher des circonstances crapoteuses à la création de Skeleton Tree (la mort du fils de Cave, en l’occurence) pour y trouver un véritable chef d’oeuvre. Plus ambient que rock, plus (maladivement) belles que torturées, les nouvelles chansons de Cave sont autant de clair-obscur musicaux à savourer dans de nuit, seul, autour d’un whisky et d’un cigare. Chair de poule garantie.

François Corda

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Ma Loute

Ma Loute est, sans surprise, dans la continuité de P’tit Quinquin : formellement splendide, le film suit malheureusement le même chemin narratif que la série, celui d’une différence (dans le rythme, l’interprétation, les enjeux) brandie en étendard. Une fois de plus, donc, se substituent à la jubilation et à l’hilarité promises l’agacement et la consternation. L’agacement, parce que Ma Loute semble vouloir sans cesse revendiquer ses galons d’objet filmique non identifié (cannibales, accent ch’ti et festival de tronches au programme), jusqu’à l’épuisement. La consternation, parce que les acteurs, à force de se vautrer dans le pantomime (palme à Luchini, irritant au possible dans son imitation de Renaud dernière génération), le gag téléphoné et redondant, frôlent parfois le pathétique. Alors, si Ma Loute envoie bien valdinguer tous les codes de la comédie classique, ce n’en est pas pour autant aussi corrosif que cela pourrait (devrait ?) l’être. Manquent la frénésie, la spontanéité, la fraîcheur. Et pour cela il vaut mieux se tourner du côté de Elle, de Verhoeven.

François Corda

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Comancheria

Pendant près d’une heure, Comancheria s’acharne à se donner des airs, de polar noir d’une part (visages fermés, ambiance plombée) et de rusticité d’autre part (ah les moustaches, les stetson, l’accent texan forcé !), sans que cela ne fonctionne jamais. Pour sa première aux States, l’Ecossais Mackenzie a voulu jouer aux durs, quand, on l’avait compris avec Les Poings contre les murs, le réalisateur semble beaucoup plus à l’aise quand il s’agit de la jouer profil bas. Et c’est justement lorsque l’intrigue, jusqu’ici camouflée par une vaine course aux apparences, devient limpide, que Comancheria peut commencer et, malheureusement, s’achever presque aussi rapidement. Cependant, dans cette dernière partie, les vrais caractères se dévoilent soudainement, comme la toile de fond anti-système, et les enjeux, aussi simples soient-ils, font mouche : on finit par grincer des dents en observant ce petit bout d’Amérique trumpienne et fière de l’être.

François Corda

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Victoria

La promesse de La Bataille de Solférino a été tenue : Justine Triet confirme avec Victoria son amour des acteurs, des dialogues grinçants et de ces adultes paumés, jamais vraiment sortis de l’adolescence. Virginie Efira, obnubilée par le spectacle chaotique de sa vie, se laisse déborder avec grâce par la schizophrénie tantôt hystérique, tantôt sourde de son entourage. Et Victoria s’impose ainsi sans mal comme le meilleur film de l’année par son statut d’oxymoron cinématographique, comédie dramatique littérale devant laquelle on pouffe avant d’être soudainement saisi par une fraîche et franche mélancolie.

François Corda

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Deterre

Sinistro / semente

Après Cough et Gojira, Sinistro s’invite dans la liste des meilleurs disques de l’année, toutes catégories confondues. Qu’il s’agisse encore d’un album de métal (ici, du doom) est surtout le signe redondant que, comme bien souvent, c’est du côté de l’underground et non des productions calibrées qu’il se passe quelque chose. Dans le cas de Sinistro, le simple fait que Patricia Andrade assume de chanter en portugais est une bouffée d’air frais dans un monde que l’anglophonie a englouti depuis longtemps. Le contraste entre sa voix caressante et le déluge de décibels asséné par le groupe est saisissant, mais c’est aussi dans la construction de ses chansons que Sinistro séduit, oscillant entre riffs mathématiques et arpèges diaboliques.

François Corda

sans-titre S

Deterre

Gojira / magma

Magma a tout du disque qui sonne comme un classique instantané : des compositions efficaces qui ne souffrent pourtant d’aucune compromission, et qui dépassent totalement le style dans lequel elles s’ancrent (le métal extrême) pour embrasser une forme d’universalité. Gojira devient en 2016 quelque chose d’énorme qui devrait désormais séduire les foules… On fait le point dans dix ans !

François Corda

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Dernier Train pour Busan

Le pape du zombie George Romero n’a rien à craindre : il n’est pas encore venu, ce jour où son oeuvre sera dépassée ou même égalée. Concernant Dernier Train pour Busan, le principal reproche que l’on pourrait formuler à l’encontre du réalisateur Sang-ho Yeon est sans nul doute son manque évident de volonté de dépasser les codes déjà établis par le genre du mort-vivant. Ici la critique sociale est cousue de fil blanc puisque la population dudit train est, sans surprise, censé refléter l’ensemble des différentes classes, du trader au clochard en passant par le beauf. Ce portrait de groupe amusant mais un peu grossier étant établi, le film fonce, à l’instar du train en question, et les péripéties s’enchaînent mécaniquement, de façon efficace, certes, mais sans génie, piochant sans vergogne ses idées visuelles dans les récentes et pâles tentatives (28 jours plus tard et World War Z notamment) de réincarnation d’une figure dont Romero semble être décidément l’éternel propriétaire.

François Corda

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Enterre

Instinct de survie

Instinct de survie, c’est une (mauvaise) publicité pour Quicksilver et/ou le tourisme au Mexique qui aurait mal tourné. Le seul qui ait quelque chose à se mettre sous la dent ici, c’est un requin numérisé ; le spectateur, lui, doit se contenter de la plastique (gentiment) maltraitée de Blake Lively, mannequin Américain (actrice, ça reste à prouver) aussi insipide qu’un autre. C’est dire si l’on est déçu par le réalisateur d’Esther, belle et sobre anomalie du cinéma d’épouvante de ces dernières années. Une seule conclusion pour les amateurs de vilaines bêtes aquatiques : ressortez vos DVD des Dents de la mer, d’Open Water et Piranha 3D.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Ian William Craig / centres

Le Canadien Ian William Craig a créé avec Centres une sorte de concept album élégiaque, flottant, bercé par des vagues d’électronique mélancolique, des voix fantomatiques et une certaine science du noise. Le résultat est beau, apaisant et nous envoie sur orbite d’une planète musicale inconnue.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Modern Baseball / holy ghost

Weezer ne sera pas seul sur le podium de la power pop en 2016 : Modern Baseball sort avec Holy Ghost un très beau disque de chansons puissantes, pas aussi simples et légères qu’elles en ont l’air. La ligne claire du genre, habituellement ensoleillé, est ici maltraitée au gré de compositions assez tortueuses qui font la part belle à une certaine gravité, toujours atténuée par l’énergie du quatuor et un tempo upbeat, mais qui transpire suffisamment pour faire d’Holy Ghost autre chose qu’une simple gourmandise.

François Corda

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Deterre

La Tortue rouge

Au départ remake animé, esthétisé et épuré du très réaliste Seul au monde, La Tortue rouge prend un violent virage onirique à mi-parcours, assez déstabilisant. Une fois ce changement de cap un peu artificiel digéré, le film de Michael Dudok de Wit se mue en fable humaniste simple et efficace, débouchant sur un final bouleversant. Etrange objet, donc, que cette Tortue rouge, qui subjugue souvent par sa beauté, mais pâtit parfois d’une narration sans doute un peu trop sûre de sa force.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Skepta / konnichiwa

Skepta prouve, après Roots Manuva l’année passée, que le hip-hop anglais a pris le pas sur celui, consanguin et consensuel, des Etats-Unis. Avec Skepta, on ne se gave pas de featurings, on ne fricote pas avec les stars du R’n B : on balance un flow radical et de petits hymnes synthétiques et robotiques dont la sécheresse est à la fois nostalgique et rafraîchissante.

François Corda

Sans titre S

Deterre

William Tyler / modern country

Tout en élégance et décontraction, William Tyler nous propose une admirable bande originale de road movie, imaginaire et ensoleillé. Modern Country est une ode à la six cordes et aux grands espaces sauvages qui jalonnent le pays de son auteur, les Etats-Unis.

François Corda

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Deterre

Irréprochable

Cousin éloigné du Elle de Verhoeven, Irréprochable s’impose, malgré un scénario un peu balisé, comme un beau portrait de femme assez dingo. Globalement, la réussite de l’entreprise tient surtout à la direction d’acteurs de Sébastien Marnier, qui ne se contente pas de sublimer Marina Foïs : tous les personnages sont parfaits en névrosés décontractés qui s’ignorent. A défaut donc de renouveler le genre du thriller, Irréprochable trouve un ton, entre humour et portrait choral saignant, et s’invite sans mal dans la liste des (rares) belles surprises récentes du cinéma français.

François Corda

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Enterre

The Witch

The Witch aurait sans doute fait un très bon moyen métrage. Mais à trop vouloir faire monter sa sauce à coups de non-événements et de dialogues pompeux, Robert Eggers nous recentre sur ses évidentes restricions budgétaires (six acteurs, une ferme, une forêt) jusqu’à nous faire décrocher : on n’y croit pas, à son histoire de malédiction. C’est d’autant plus regrettable que dès que le réalisateur s’engage sur une voie purement horrifique (les apparitions de la sorcière et le dernier plan sont magnifiques) on est sidéré.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Garbage / strange little birds

Est-ce parce qu’on n’y croyait plus du tout qu’on a envie d’être satisfait avec Strange Little Birds ? Morts artistiquement depuis quinze ans, Garbage revient avec une acuité sonore (superbes sons de guitare notamment) et un sens de la composition que l’on pensait à jamais disparus. Peu importe ce qui a motivé ce retour en (petite) grâce, Garbage est revenu, sonne plus actuel que jamais, et c’est déjà pas mal.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Andy Shauf / the party

Album automnal paru au coeur d’un printemps déprimant, The Party est tout simplement le chef d’oeuvre folk-pop des dernières années, un joyau mélodique et mélancolique tout droit sorti des années 70, production caressante, voix de velours. C’est beau, coloré et apaisant ; un arc-en-ciel après un orage apocalyptique.

François Corda

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Enterre

The Assassin

C’est toujours le même problème avec les purs formalistes : leur propension à assumer l’absence totale d’enjeux scénaristiques et/ou humains conduisent toujours au même résultat, à savoir une superbe exposition photo propice à la sieste post-prandiale. Donc oui, The Assassin est magnifique, un ravissement pour les yeux. Mais cinématographiquement, est-ce que cela vaut mieux qu’un téléfilm sans prétention formelle mais qui nous remue les tripes ? Pas sûr.

François Corda

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Enterre

The Apprentice

Grand message (la peine de mort c’est pas bien) et grandes ambitions auteuristes (personnages hauts en couleur, symboles bigger than life) peuvent tout de même conduire au match nul. La preuve avec The Apprentice, qui n’est ni bon ni mauvais, bien au contraire. Ce n’est pas le moindre de ses défauts : l’incapacité de Boo Junfeng à choisir son camp entre honnête série B (à la façon d’un Jugé coupable de Clint Eastwood, par exemple) et portrait de société, conduisent The Apprentice dans un entre-deux vaseux dont on retiendra plus l’aspect timoré que les allures d’artisanat honnête dont le film se pare.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Malcolm Middleton / summer of ’13

Finalement, les rumeurs de reformation d’Arab Strap s’accordent bien avec la sortie de Summer of ’13, dans la mesure où l’écossais semble y pousser dans ses retranchements le concept de sa deuxième phase d’écriture (électro-synth-pop) comme cela avait été le cas avec Waxing Gibbous (2009) pour la première, sorte de big pop désabusée. Ce dernier album solo laisse donc peu de place aux instruments naturels, et l’on pourrait penser que Middleton trouve là les limites d’un son un peu trop machinique vis-à-vis de compositions toujours portées, malgré tout, vers l’émotion. Mais la qualité de songwriting prend toujours le dessus chez Middleton, et il reste aisé, sur Summer of ’13, de retrouver ses petits (hymnes sincères et efficaces).

François Corda

Sans titre S

Deterre

Cough / still they pray

Le meilleur album de métal de 2016 so far. On pourra toujours rétorquer que le doom metal de Cough n’invente rien tant il convie immédiatement des figures connues, et en premier lieu Electric Wizard. Toutefois, ce serait faire au groupe un faux-procès, ce dernier parvenant dès les premières mesures à installer un ton, notamment au niveau du chant, possédé, et des solo, gavés de wah-wah, d’une beauté à tomber.

François Corda

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Enterre

James Blake / the colour in anything

Mouvement mort-né, le post-dubstep est sans doute désormais incarné par un seul homme, ce James Blake, coqueluche des critiques pour des raisons obscures, tant, musicalement, cet Anglais bute sur sa propre formule (en gros, l’association d’un piano mélancolique et de sons R’n B) qui, semble-t’il, n’emmènera jamais ses compositions au-delà d’une joliesse un peu terne.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Holy Fuck / congrats

Cela fait déjà six ans que Latin, le dernier essai de Holy Fuck, est sorti. Et depuis on avait presque oublié ce collectif canadien dont l’électro-rock joue absolument tout sur la puissance du groove (mené par un batteur de grand talent, il faut le signaler). Dansante et foutraque, leur musique est à la fois festive et réflexive, creusant un sillon entre immédiateté et travail sonore aux petits oignons. Comme toujours instrumental, Congrats enfonce le clou du savoir-faire de Holy Fuck.

François Corda

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Deterre

Diamant Noir

A quand remonte le dernier bon film policier français ? On a le choix de se gratter la tête pendant plusieurs heures ou d’aller voir Diamant Noir, qui réveille le souvenir lointain du Cercle Rouge (forcément, puisqu’il s’agit d’un vol de bijoux), sans pour autant toucher réellement à ce type de patrimoine. Diamant Noir est avant tout une histoire de famille, devant et derrière la caméra : aux visions urbaines étranges et à la gestion parfaite des petits espaces (en cela Diamant Noir rappelle plutôt l’habile Ex Machina quand il se déroule dans la propriété familiale) d’Arthur Harari répond la noblesse des couleurs distillées par son frère, Tom, chef opérateur dont le talent invoque les giallos d’antan. Tandis que le récit s’enroule autour de figures de substitution troublantes, cousin/frère, belle-soeur/objet de désir, oncle/père, Diamant Noir dévoile un classicisme bienvenu, une limpidité des enjeux, se faisant régulièrement trancher net par des envolées formelles et lyriques toujours réussies.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Savages / adore life

C’est l’album le plus sulfureux de ce premier semestre. Les quatre filles de Savages prouvent avec Adore Life que le post-punk, à l’instar du punk avec White Lung, peut être aussi rugueux que sensuel. La production de ce deuxième essai est somptueuse, enrobant l’auditeur dans un cocon électrique et vénéneux.

François Corda

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Enterre

The Neon Demon

Cela faisait un moment que l’on sentait que Nicolas Winding Refn pouvait basculer dans le n’importe quoi. C’est chose faite avec The Neon Demon, qui prend un malin plaisir à se saborder après une première partie extrêmement prometteuse, sorte de relecture érotisée et esthétisée du Maps to the Stars de Cronenberg. Mais, à vouloir verser dans un psychédélisme de pacotille, en délaissant ses deux personnages les plus beaux depuis la trilogie Pusher (admirable Elle Fanning, fragile comme du cristal, méconnaissable Keanu Reeves, colérique et libidineux), Winding Refn se fait hara-kiri. Autre tare de The Neon Demon, le recyclage d’images d’horreur « choc », pompées sans vergogne chez les parrains du genre. Pour un réalisateur que l’on voyait si novateur dans l’approche du genre depuis ses débuts, c’est une déception supplémentaire.

François Corda

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Deterre

Captain America : Civil War

Avec ce troisième opus de Captain America (qu’on peut quasiment considérer comme un Avengers 2.5) les frères Russo confirment qu’ils sont les membres les plus fiables de l’écurie Marvel : si le film est sans génie (Disney/Marvel semble avoir perdu la capacité a proposer des histoires de super-héros réellement jubilatoires) il se laisse regarder dans la bonne humeur, proposant quelques scènes bien punchy. On regrettera tout de même le manque flagrant d’enjeux réellement significatifs au niveau du scénario : le film aurait probablement du s’appeler « Tony et Steve se disputent » plutôt que « guerre civile », les producteurs ne prenant jamais le risque de casser leur machine à millions.

Jean-Baptiste Durand

Sans titre S

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Minor Victories / minor victories

Super groupe en panne de super. A l’écoute de ce premier (et, espérons-le, dernier) épisode de Minor Victories, on en vient à se demander comment Slowdive et Mogwai sont devenus des sommités du rock indépendant. Mais c’est sans doute que, pour eux, la notion de groupe ne relevait pas seulement de l’assemblage dépassionné de personnalités éminentes. Un groupe se construit, il ne se crée pas de toutes pièces (les exemples pleuvent, d’Audioslave à Them Crooked Vultures en passant par Atoms for Peace). Sur Minor Victories, on a la sensation que la voix de Rachel Goswell a été plaquée sur les mauvaises pistes audio, et que Stuart Braithwaite a prêté ses pédales d’effet à un guitariste de session.

François Corda

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X-Men : Apocalypse

Le nouveau film de Brian Singer, mettant en scène les jeunes mutants de l’univers Marvel, est exactement du même métal que le précédent : le spectateur fan de comics ne pourra que constater l’incapacité du réalisateur à rendre justice au matériau d’origine (toutes les meilleures histoires de la série BD sont massacrées les unes après les autres) tandis que le cinéphile s’étonnera de voir la paresse artistique de Singer qui se permet de reproduire quasi à l’identique la seule bonne idée de mise en scène de X-Men : Days of the Futur Past (le personnage doté d’une telle rapidité qu’il semble « figer » le temps autour de lui). Bref, on est face à un produit parfaitement standardisé, générique et interchangeable.

Jean-Baptiste Durand

Sans titre S

Deterre

White Lung / paradise

Avec Paradise, White Lung s’impose naturellement comme le meilleur groupe de punk des dernières années. Un punk où la virtuosité de son guitariste, Kenneth William, redéfinit un style qui, comme souvent, pâtit de codes trop rarement remis en cause. Paradise brille de mille feux, et c’est sans nul doute l’un des disques les plus catchy, les plus colorés de ce premier semestre 2016.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Weezer / weezer

A bien y regarder, la période noire de Weezer n’aura duré que cinq ans. Avant Make Believe (2005) et après Raditude (2009), parenthèse moisie pendant laquelle les Californiens ont cherché en vain une autre voie (R’n B, progressif et pop FM ont été au menu du désastreux programme), Weezer est resté roi de la confiserie pop, acidulée et musclée. Ce nouvel album éponyme est là pour le prouver, lui qui se hisse, après une résurrection discrète en 2010 avec Hurley, au niveau des trois premiers essais. Guitares, basse, batterie, et allez, osons, quelques accords de piano : c’est la ligne blanche que Weezer ne doit surtout pas franchir, leur éternelle fontaine de jouvence. Un pas de côté et Rivers Cuomo et sa bande se désagrègent comme des petits vieux débranchés de leur cerveau d’adolescent.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Mogwai / atomic

Quel groupe autre que Mogwai aurait pu mieux incarner en musique l’ère atomique, hantée par la mort, la destruction, la toute-puissance (illustré ici par le fameux white noise dont le groupe est devenu maître) mais aussi l’espoir qui renaît des cendres et des nuages tueurs (les mélodies façon ritournelles, mélancoliques et toxiques) ? Nul doute que si le groupe avait un logo, ce serait un champignon nucléaire.

François Corda

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Deterre

La Terre et l’Ombre

Il faut toujours se méfier des caméras d’or : le fond est rarement à hauteur de la forme. Dans ce huis-clos étouffant situé dans une réserve de canne à sucre en Colombie, les tensions sociale et familiale font jeu égal, jusqu’à provoquer une sorte de mal-être bien palpable. En tout état de cause, on oublie très vite que le film de César Acevedo a été primé pour ses qualités visuelles : La Terre et l’Ombre est bel et bien une oeuvre complète, à la photographie magnifique soit, mais au propos tout aussi incandescent.

François Corda

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Quand on a 17 ans

Il y avait beaucoup d’audace à confier les clés d’un récit adolescent à un vieux monsieur de 73 ans comme Téchiné. Mais dans Quand on a 17 ans, dont le titre semble pourtant assumer crânement une forme de concrêtude, toutes les situations semblent à côté de la plaque, déconnectées d’un réalisme, très présent, lui, dans le récent Keeper. En ce sens les deux films se font face, s’opposent, alors qu’ils traitent tous deux de la même chose, du passage forcé à l’âge adulte. Quand on a 17 ans aurait pu (du?) être poétique, rêveur, à l’image du récent et très beau Tonnerre, dont le cadre montagnard tenait aussi l’un des rôles principaux. Mais ici on se contentera juste d’une belle photographie, de Sandrine Kiberlain, comme souvent, en état de grâce, et du décidément très convaincant Kacey Mottet Klein, déjà habité dans Keeper.

François Corda

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Keeper

Jamais Guillaume Senez ne fait l’effort de nous rendre son jeune couple d’adolescents (futurs parents) sympathiques, et c’est en cela que Keeper, malgré un départ un peu trop brut, est un vrai tour de force : c’est un film amer sur une problématique qui suscite beaucoup d’amertume, et qui se révèle au final, non seulement indispensable (pour tout parent et adolescent) car impartial, mais surtout très attachant. La grande spontanéité des acteurs (Laetitia Dosch en tête, dont les nerfs ne semblent pas s’être éteints depuis La Bataille de Solférino) contribue à faire grandir petit à petit ce souffle vital dans un film qui finit par s’ouvrir totalement jusqu’à un dénouement bouleversant.

François Corda

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Triple 9

Jusque là fasciné pour le meilleur par les situations et les personnages bigger than life (The Proposition et La Route, notamment), John Hillcoat bascule avec le thriller Triple 9 du mauvais côté du fil ténu qui tient à l’écart l’odyssée dramatique poignante du grotesque. Le meilleur exemple ? Woody Harrelson, affublé d’une impayable prothèse dentaire, qui surjoue le bad cop/good cop jusqu’au ridicule. Tout est à l’avenant, l’artificialité des situations l’emportant sur celle des personnages, gros bras au grand coeur stéréotypés et grimaçants.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Ubikar / altitude zero

Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu une nouvelle voix dans le dub, la dernière mémorable remontant sans doute à la découverte d’Idem en 2011. Ubikar pratique le genre sous une forme aussi frontale que protéiforme, oscillant entre groove acide et bastonnades électro-métal. La présence sporadique du rappeur excité Ben Sherpa, dont on avait aimé l’album 4th Density Light Show, n’est pas innocente dans la réussite de cet album dont on apprécie la richesse de la palette sonore, élément trop souvent secondaire d’un style dont l’âge d’or semble désormais derrière lui. Ubikar semble avoir la carrure pour assumer un nouveau rôle de leader made in France, aux côtés des inusables Zenzile.

François Corda

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Deterre

10 Cloverfield Lane

En s’obstinant, pendant les trois quarts de 10 Cloverfield Lane, à faire du hors-champ, et donc du mystère, un héros à armes égales avec son trio reclus dans un bunker de fin du monde, Dan Trachenberg (réalisateur) et Damien Chazelle (scénariste) parviennent à faire planer une ambiance indiscernable, à la fois cosy et tendue, jusqu’à une explosion finale, aussi brêve que visuellement ébouriffante.

François Corda

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Mondkopf / the last tales

Devenu depuis deux disques spécialiste de la musique eschatologique, Mondkopf propose ici un EP dans la droite lignée de son récent Hadès (2014). Gorgé de choeurs abyssaux et de distorsions cradoques, The Last Tales alterne passages purement ambient et déflagrations groove, le tout dans un climat pour le moins mortifère.

François Corda

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The Revenant

Plus encore que l’échec d’un réalisateur, The Revenant est l’aveu d’impuissance d’une époque à réhabiliter le genre du western : on ne compte plus les tentatives, depuis bientôt quarante ans, toutes plus infructueuses les unes que les autres (mis à part, peut-être, depuis la dernière décennie, The Proposition, Blackthorn et Gold). Les dispositions poético/new-age d’Iñárritu n’arrangent rien, son sens exhibitionniste de la grandiloquence et les cicatrices de Di Caprio, résumé à son seul corps, non plus : même bercé par un océan de belles images, l’argument du film reste riquiqui et se résume à la somme de soi-disant scènes de bravoure.

François Corda

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Midnight Special

Avec Midnight Special, Jeff Nichols perd ce fil rouge qui faisait de ses trois premiers films le début d’une oeuvre déjà dense et fascinante : le southern gothic et son environnement fantasmagorique. En choisissant de s’émanciper figurativement (choix ironique quand l’on sait que Midnight Special est son premier film pour un grand studio), Nichols perd paradoxalement tout le mystère qui animait Shotgun Stories, Take Shelter et Mud, très ancrés dans le réel. L’hommage très (trop) appuyé au Spielberg des années 80 achève de faire de Midnight Special un objet malheureusement un peu impersonnel, un squelette d’intellectualisation sans chair émotionnelle.

François Corda

Sans titre S

Deterre

The Jezabels / synthia

The Jezabels s’était égaré sur un deuxième album sirupeux. Sur Synthia, le groupe australien retrouve toutes les qualités mélodiques de Prisoner (2011) en troussant un nouveau disque de pop « bigger than life », ultra produit, ultra premier degré, qui n’est pas sans rappeler, de loin, les albums du coeur des années 80 de The Cure façon Kiss Me. Il semblerait qu’avec The Jezabels, ça passe ou ça casse. Ici, ça passe, sans classe, mais la foi de charbonnier que le groupe semble avoir en lui efface toutes nos craintes de céder au produit trop calibré.

François Corda

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Enterre

Made in France

Passé son aspect tristement visionnaire, Made in France a tout du docu-fiction façon téléfilm, formellement laid et mal interprété. Le film de Nicolas Boukhrief survit toutefois grâce à ses personnages bien brossés, et ce mérite d’avoir voulu exploiter cette brèche du thriller politique actuel dans laquelle le cinéma français a tant de mal à s’engouffrer, faute de moyens et/ou de courage.

François Corda

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Enterre

Des nouvelles de la planète Mars

Des nouvelles de la planète Mars n’est pas, loin s’en faut, le retour de Dominik Moll à la forme olympique de Harry un ami qui vous veut du bien ou de Lemming. Si cette nouvelle tentative d’intrusion du chaos dans une vie bien rangée n’est pas dénuée de bonnes idées, le potentiel de ces dernières n’est jamais (ou presque) exploité. Si bien que la fable anticonformiste tourne assez vite en eau de boudin. Le jeu un peu amorphe de Damiens et celui, sans filet, de Macaigne, ne sont pas innocents dans ce ratage jamais honteux, mais souvent poussif.

François Corda

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Deterre

Salafistes

Le documentaire de Lemine Ould M. Salem et François Margolin vaut plus pour sa démarche, follement courageuse, et l’exclusivité de ses entrevues avec des leaders du courant salafiste, que pour ses qualités cinématographiques ou instructives. Après la vision de Salafistes, le mystère autour de la folie de ce mouvement extrémiste reste totalement opaque, d’autant plus que la parole de ceux qui le défendent semble d’une sérénité absolue ; jusqu’à provoquer chez le spectateur un rire nerveux de temps à autre, par exemple à l’écoute de ce jeune Tunisien webmaster d’un site dédié lifestyle salafiste. Un proverbe anglais dit que le fou rit, même quand il se noie. C’est bien pour cela qu’il faut se méfier de ces fanatiques que rien ne semble pouvoir dévier de leur voie si ce n’est la mort.

François Corda

Sans titre S

Deterre

David Bowie / black star

Si Black Star est sans doute le disque le plus visionnaire de Bowie depuis Outside (1995) ce n’est pas un hasard : le Thin White Duke renoue ici avec les expérimentations et la cohérence de son ultime chef d’oeuvre. Si Outside est vraisemblablement son album le plus sale, Black Star est sans conteste le plus élégant, naviguant avec une classe incroyable entre ombres et lumières. Voilà une épitaphe musicale aussi brutale émotionnellement (mettre en scène sa propre mort dans « Black star », quel baroud d’honneur magnifique) que charnelle (un groove de feu anime tout l’album) : avec ce dernier acte aussi doux que dérangeant, Bowie s’invite définitivement au panthéon des plus grands artistes de son temps.

François Corda

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Enterre

Carol

Le contenu de Carol aurait fait une très belle expo photo, mais malheureusement il s’agit de cinéma. Le rare Todd Haynes, dont le glacial Safe restera à jamais gravé dans les mémoires, semble ne s’être pas vraiment remis de son chef d’oeuvre contemplatif et maladif. Carol fait ainsi partie de ces films déceptifs, immobile comme une gravure de mode et qui, sur le même thème Loin du paradis, du même auteur, se révèle aussi désincarné et poussiéreux, tant sur les thématiques abordées (homosexualité, évolution des moeurs) que sur le jeu un peu trop propre de deux actrices dans le vent.

François Corda

Sans titre S

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Rihanna / anti

Derrière le cache-misère d’une production qui parvient à se faire à la fois minimaliste et tape-à-l’oeil – belle peformance – il n’y a vraiment pas grand chose à se mettre sous la dent ici : Anti est un disque très vide, vide de véritables morceaux, plein de tics et de rengaines qui manquent d’un talent de songwriting capable de construire des structures qui tiennent sur pied. Néanmoins, à la décharge d’Anti, sa fin de disque est bien plus soignée que le reste, soudainement il y a des chansons, du travail, de l’émotion… Pourquoi diable attendre si longtemps ? S’il laisse une impression convenable en regard de sa conlusion, Anti est tout de même bien trop bâclé et brouillon le reste du temps pour motiver des réécoutes.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Massive Attack / ritual spirit EP

Retour en grande forme pour les vieux briscards du trip-hop. La grande qualité de cet EP en guise d’amuse-bouche pour l’album à venir, c’est sa faculté à intégrer à merveille les voix d’aujourd’hui ; en ce sens les collaborations avec Young Fathers et Azekel sont les sommets de l’EP. Roots Manuva s’en sort avec les honneurs, et si la conclusion avec Tricky paraît un peu déplacée car elle instaure une ambiance au moment où l’EP se termine (quelle frustration!), le morceau en lui-même s’intègrera sans doute mieux dans le LP à venir.

Martin Souarn

Sans titre S

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Ulver / atgclvlsscap

Pour aussi admirablement exécuté qu’il soit, le nouvel opus des éclectiques Ulver a quelque peu le cul coincé entre deux chaises ; entre un rock heavy-atmosphérique et de l’instrumental ambient. Ainsi les pistes ne décollent jamais vraiment, restant à l’état de soundtrack d’un film imaginé (à l’exception de l’exceptionnelle « Nowhere (Sweet Sixteen) », reprise d’un album antérieur).

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Jesu/Sun Kil Moon / s/t

Cette collaboration attendue entre Justin Broadrick (Godflesh) et Mark Kozelek (Sun Kil Moon) est inégale, mais brillante. Tels deux diesels qui prennent leur temps pour s’adapter l’un à l’autre, les compères galèrent au long d’un début de disque laborieux – Justin s’affairant sur ses riffs gras tandis que Mark divague dans son coin – avant de se trouver finalement quand Justin décide d’alléger l’environnement sonore. Ainsi Jesu / Sun Kil Moon, dès lors qu’il donne dans un shoegaze électronique à tendance ambiante, respire et nous offre sans nul doute certaines des plus belles tranches de vie de Mark Kozelek.

Martin Souarn

Sans titre S

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Skunk Anansie / anarchytecture

Quand un groupe en vient à nous faire douter de la légitimité de l’amour qu’on lui a porté, ce n’est jamais bon signe… En ce sens, Anarchytecture est une douloureuse expérience, une pitoyable tentative de lifting dans un monde musical qui, de toute évidence, dépasse désormais Skunk Anansie (malgré l’honnête Wonderlustre de 2010). Tout le monde sur ce disque semble avoir les batteries à plat, les morceaux semblent joués au ralenti, la production est tristement lisse, même la voix de Skin semble lasse. Oubliés les riffs sauvages, la vélocité rythmique, la rage et la douceur vénéneuses d’une chanteuse en état de grâce : place au vide. C’en est presque angoissant…

François Corda

Sans titre S

Deterre

Tindersticks / the waiting room

On entre dans la chamber-pop de The Waiting Room sur la pointe des pieds, par le trou de serrure d’un délicat instrumental lynchéen en microcosme d’un disque qui parvient à se faire à la fois traditionnel (dans la lignée du romantisme intimiste habituel du groupe de Stuart Staples) et étonnant (« Help Yourself! », piste afrobeat sortie de nulle part et pari risqué mais réussi). Les Tindersticks ne cherchent pas à aller plus vite que la musique et proposent un album qui respire, qui prend son temps pour instaurer son étrange élégance et développer ses superbes arrangements.

Martin Souarn

2015

DECEMBRE 2015

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Au-delà des montagnes

L’ambition gigantesque de Zhang-ke Jia, proposer le tableau d’une Chine qui se métamorphose sur un quart de siècle par le biais d’un portrait de femme, trouve son accomplissement au travers d’une belle évidence narrative et une superbe photographie, à l’instar de A Touch of Sin. Au-delà des montagnes est un morceau de bravoure qui doit sa réussite à la sobriété de son réalisateur, à son talent de conteur, dont les ellipses font souvent mouche, et à l’intensité de son actrice à qui l’on doit, dans un finale magnifique, l’une des plus grandes émotions de l’année 2015.

François Corda

Sans titre

Enterre

Car Seat Headrest / teens of style

Pour obtenir un son aussi cradingue, il faut vraiment le faire exprès. Poussant le concept du lo-fi aux extrêmes, Car Seat Headrest assume son patronyme anti-sexy jusqu’au bout. Mais au bout de quoi exactement ? Car à l’écoute de ces compositions plutôt bien troussées, on en vient à regretter que ce côté arty/provoc soit aussi prégnant. Comme si délivrer de la pop bien produite, propre sur elle, était un peu honteux… Teens of Style fait penser à un caprice de gosse talentueux. Ce n’est pas si mal mais ça pourrait être tellement mieux !

François Corda

Survivalist FINAL

Deterre

The Survivalist

Pourquoi se prend-on au jeu de The Survivalist, quand l’économie de moyens saute aux yeux dès les premières minutes (trois protagonistes, une cabane dans une forêt) ? Précisément parce que cette économie peut (doit ?) être perçue comme une allégorie de la survie, basée sur le concept même de minimalisme. The Survivalist fonctionne aussi parce qu’il est incarné simplement (pas de héros, pas de vilain), filmé simplement (pas d’esbrouffe, mais à l’occasion de superbes mouvements de caméra, angoissants à souhait) et qu’il prend à revers la série Walking Dead, qui a oublié depuis belle lurette les fondamentaux du méta-survival (se nourrir, se protéger, point final). Par conséquent l’enjeu de taille dans The Survivalist c’est la nature : elle y est superbement éclairée, perçue parfois comme un enchantement. Face à des humains dont on cherche précisément les dernières traces d’humanité, elle fait figure de seul et dernier véritable organisme vivant.

François Corda

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Le Grand Jeu

Le Grand Jeu traite de la question politique en transversal, se concentrant d’abord sur le portrait d’un homme fascinant, Paul Blum, un dandy marginal interprété avec brio par Melvil Poupaud. Les deux sujets sont traités avec beaucoup de finesse, en alternant volontiers ironie (les comploteries politiciennes, les errances du personnage principal) et spleen (la spirale mauvaise de Blum, la communauté auto-gérée vouée à l’échec). Aussi distrayant et stimulant intellectuellement qu’une partie de poker ou d’échecs, le jeu en question ici est celui d’une vie pas tout à fait gâchée, qui pourait renaître, et d’une chose politique qui, nonobstant ses enjeux, doit aujourd’hui être prise pour ce qu’elle est : une sombre farce.

François Corda

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Deterre

Fatima

Avec Fatima, Philippe Faucon prend l’exact contrepied des récents Salafistes, Made in France et Les Cowboys, qui donnent à voir l’autre comme un danger potentiel, voire imminent, et qui renforcent, peut-être malgré eux, un climat d’incompréhension, de terreur, et donc d’isolation. Le récit de Fatima, tout en douceur et empathie, est celui d’une intégration difficile, mais qui incite à comprendre et accepter la différence. Pour une fois, c’est un César mérité, sans doute en partie politique, mais qui vaut bien plus que sa bienveillance évidente.

François Corda

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Mustang

Aveuglée par la force et l’actualité de son sujet (l’enfermement de cinq soeurs pour raisons religieuses), la réalisatrice turque de Mustang étouffe le spectateur avec sa certitude de lui asséner un bon gros « coup de poing ». En résulte un certain manichéisme, des situations rocambolesques censées sonner « histoire vraie » quand elles ne laissent entrevoir que du toc (et du tic). Au final, malgré la beauté de la photographie, on baille, dépité devant tant de simplisme.

François Corda

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Deterre

Le Pont des espions

Grâce à Steven Spielberg, on ne verra jamais plus un assureur de la même façon après ce superbe Pont des espions. Le réalisateur manie à la fois avec beaucoup d’ironie et de déférence cette figure d’honnête père de famille Américain, héros malgré lui, incarné par le toujours impeccable Tom Hanks. En ce sens Spielberg est évidemment l’un des cousins de Clint Eastwood, dont on retrouve ici le classicisme, la ligne claire scénaristique et les coups de force visuels qui s’enchaînent avec une belle fluidité (ce « all rise » fameux, qui passe d’une cour d’assises aux bancs d’école, le crash aérien, la scène de filature introductive). En revanche, si l’on frotte le vernis, on distingue une critique très sèche du fonctionnement de l’état Américain dans les années 60, et la façon que Spielberg a de glisser au spectateur, l’air de rien, que l’on était tout prêt à l’époque d’une dictature sous cloche est culottée. A ce titre, Le Pont des espions est sans doute le film le plus politique de l’année, un film qui trouve une drôle de résonance dans un pays en état d’urgence…

François Corda

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21 nuits avec Pattie

La chaleur et le souffle libertaire qui agitent 21 nuits avec Pattie sont salutaires en cette fin d’année mortifère. Dépaysement montagnard, légereté, poésie, casting aux petits oignons et douce déviance sont au programme, une fois encore, du cinéma des frères Larrieu : leur formule magique ne semble pas prête de s’épuiser.

François Corda

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Roots Manuva / bleeds

Les ténors américains à la dérive (Kendrick Lamar, Dr Dre et Schoolboy Q en tête), Bleeds de Roots Manuva arrive à la rescousse de cette maigre année 2015 pour le hip-hop. Le flow d’outre tombe du Londonien Rodney Hylton Smith, ses instrumentaux variés (entre classicisme classieux et embardées groovy) sont autant d’antidotes aux essais timorés de ses concurrents d’outre Atlantique.

François Corda

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La isla minima

Au bout d’un quart d’heure les dés son jetés : Alberto Rodriguez n’a visiblement pas digéré la première saison de True Detective dont La isla minima s’inspire de façon tellement grossière qu’il nous met immédiatement à distance de ses maigres enjeux. Remake peureux ou reflet pâle de la fin du franquisme ? Peu importe, dans les deux cas La isla minima fait exagérément profil bas, à l’image de ses deux protagonistes pseudo-hermétiques, et un grand sentiment de fausse modestie l’emporte finalement sur tout le reste.

François Corda

Sans titre

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Booba / D.U.C

Booba a fait beaucoup de bien au rap français, mais l’autotune a fait beaucoup de mal à Booba. Dès lors que le rappeur se concentre sur son flow dévastateur (le plus souvent heureusement), le cirque hip-hop n’a jamais été aussi puissant. Mais quand il lèche ostentatoirement les vitrines de Skyrock et NRJ, il est tout simplement pitoyable. Dommage, le carnage façon Temps Mort ou Panthéon n’était pas loin…

François Corda

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Deterre

The Visit

Ce found footage de Shyamalan n’apporte rien de neuf à un style désormais totalement éculé, mais le réalisateur américain a au moins le mérite de faire émerger de cette chronique du quotidien assez terrifiante une certaine vision de la vieillesse, un peu cracra, par ailleurs totalement absente des écrans, grands et petits, depuis le rance Tatie Danielle d’Etienne Chatiliez. Si ce dernier choisissait d’aborder la fin de vie par son versant comique, Shyamalan, lui, s’arrête sur la tourmente spirituelle et physique qui s’abat sur l’homme dans ses derniers printemps. C’est radical et dérangeant aux entournures…

François Corda

NOVEMBRE 2015

Sans titre

Enterre

Jay-Jay Johanson / nde ep

Jay-Jay Johanson semble s’amuser du concept d’EP et en profite pour laisser un peu de côté son costume de songwriter pur-jus pour nous proposer des reprises et des remixes. Pour son deuxième EP entourant la sortie d’Opium, le suédois nous propose deux belles réinterprétations de « Video Games » (par Lana Del Rey) et « Loud Places » (Jamie XX), ainsi qu’un remix assez dispensable de la superbe « NDE », ballade vocodée qui était un des points fort de l’album. Anecdotique, mais non moins amusant.

Martin Souarn

Sans titre

 

Deterre

Milo / so the flies don’t come

Le seul défaut du nouveau disque d’abstract hip-hop de Milo ? Il est trop court. C’est d’autant plus frustrant qu’avec ses instrus éthérées, sa production nébuleuse et son flow plus parlé que rappé, So the Flies Don’t Come est captivant et semble hors-du-temps ; tout cela aurait pu durer au bas mot deux fois plus longtemps ! Il reste la touche repeat pour se repasser en boucle ces méditations abstraites, ces reflexions lexicales et existentielles appuyées par le plus léger des écrins.

Martin Souarn

OCTOBRE 2015

Sans titre

 

Deterre

Peaches / rub

Cela fait vingt ans que Peaches s’échine, corps et âme, à nous démontrer qu’elle est bien la plus grosse salope de la pop music. Et elle gagne à tous les coups. Difficile en effet de trouver plus explicite que les paroles de la canadienne, difficile de trouver électronique plus sexuelle. A côte d’elle, les Beyoncé et autres reines de pacotille d’un monde musical exploitant la libido masculine font figures de saintes nitouches. Sur Rub comme sur les autres parties fines de Peaches, la production est « in your face » à souhait, et les hymnes salaces y sont délicieux de vulgarité.

François Corda

Sans titre

 

Deterre

Julia Holter / have you in my wilderness

On était en droit de se demander ce qu’aller donner le grand saut de Julia Holter dans la pop, elle qui s’attardait jusqu’alors davantage à tisser des paysage sonore envoûtant qu’à se la jouer songwriter. Force est de constater que ce Have You In My Wilderness n’est pas loin d’être une claque, voire une révélation tant Julia semble aussi à l’aise qu’un poisson dans ces eaux plus claires. La gestion des arrangements de cordes de la dame touche au sublime, son chant parvient même à s’extirper sporadiquement de léther pour venir nous chanter directement à l’oreille ses mélodies enchanteresses. Un essai largement transformé pour un axe pop à l’écrin sonore qui mérite pleinement son étiquette « heavenly ».

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

William Tyler / desert canyon

Difficile d’imposer son style dans un genre aussi rare que l’American Primitivism où seules surnagent d’incroyables pointures. William Tyler n’a ni la profondeur hypnotique de John Fahey, ni la glorieuse étrangeté de Robbie Basho, ni l’époustouflante technique de Léo Kottke, ni l’ineffable luxuriance d’un James Blackshaw, ni le feeling syncrétique d’un Jack Rose. Cependant, ce qu’a Tyler pour lui, en bon représentant de son époque, c’est son métissage et son ouverture. Desert Canyon n’hésite pas à s’extirper de la tradition de l’homme seul face à sa guitare et tente des sorties du côté de l’électricité ou de l’expérimentation ambiante. Le disque parvient ainsi à rester intéressant tout du long – même si parfois inégal (le jeu de Tyler peut s’avérer trop statique par moment) – cependant on n’oubliera pas de saluer la prouesse de la pièce finale de douze minutes, vrai moment de bravoure passionant de bout en bout.

Martin Souarn

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Enterre

Love

Si on ne peut qu’apprécier d’une part l’évidente sincérité des intentions de Gaspar Noé de filmer une histoire d’amour qui n’hésiterait pas à s’attarder sur le cul, et s’il est évident d’autre part que Noé est victime d’un malentendu de la part de la presse et du public (on a intellectualisé à outrance sa démarche et on a voulu voir un grand provocateur là où il n’y avait qu’un homme voulant porter à l’écran ses propres fantasmes avec un sens brillant de la mise en scène) ; la sauce ne prend pas. Au final, Love est un porno triste, dénué de passion – si ce n’est dans le choix de la BO – ni bandant ni émouvant, excessivement auto-centré (les références de Gaspar à Gaspar sont amenées avec une subtilité pachydermique) et qui ne sait pas se finir. L’approche de Noé paraît trop mécanique ; les scènes de sexe et les scènes sentimentales s’enchainent sans qu’une unité ne surgisse. Même la mise en scène, pourtant le point fort de Gaspar – il n’y a qu’à voir Seul contre tous ou Enter the Void pour s’en convaincre – est tristement plate, des écrans noirs, des plans fixes, rien de plus.

Martin Souarn

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Enterre

Dheepan

Dheepan est finalement le film de Jacques Audiard qui synthétise le mieux ses tares, à savoir, d’une part son incapacité à choisir entre film de genre et film d’auteur (mais pourquoi faudrait-il choisir bon sang ??), et en second lieu ses difficultés narratives. Le film est à ce point coupé en deux de façon absurde (séparation qualitative et narrative symbolisée par cette ligne blanche grotesque que tire Dheepan) que la bâtardise de cette palme d’or hallucinante (on l’aurait préférée hallucinée) met à bas la tentative, pourtant louable, de la première partie, à conter l’intégration difficile de cette famille Sri-lankaise artificielle. Mais au final on gardera juste de cette fable prétentieuse le souvenir de l’un des plus mauvais méchants du cinéma français de ces dernières années : Vincent Rottiers en dealer impitoyable est tout simplement inoffensif. Ou comment le fantasme peu louable d’Audiard, celui d’une banlieue peuplée de cowboys sans foi ni loi et sans shérif, s’écroule en quelques minutes… A ce compte-là, autant revoir très vite Assaut de John Carpenter.

François Corda

LA TÊTE HAUTE de Emmanielle Bercot LES FILMS DU KIOSQUE

 

Enterre

La Tête haute

Pour se rappeler à quel point Alan Clarke reste le maître incontesté de la chronique sociologique, il suffit de regarder Made in Britain après La Tête haute. Et constater que, plus de trente ans après sa sortie, sur le même sujet, le second sonne plus actuel que le premier, sorti sur nos écrans cette année. Le besoin de romance d’Emmanuelle Bercot qui finit par s’imposer sur la deuxième partie, jusqu’à confiner au ridicule (l’amour et les bébés c’est formidable), cache mal une incapacité à sublimer une pure description de faits (le vide éducatif et la rage qui en découle), qui auraient pourtant du se suffire à eux-même pour produire du cinéma. En cela, Un Français, moins bien interprété sans doute, était malgré tout largement plus réussi. Il manque à La Tête haute la spontanéité, la foi en son sujet, et un peu moins de professionnalisme. Cela fait beaucoup !

François Corda

Sans titre

 

Enterre

Dr Dre / compton

L’Arlésienne est apparue ! Mais le miracle s’arrête là. Dr Dre s’accroche aux vieilles branches (Xzibit, Eminem, Snoop Dogg) et aux jeunes pousses (King Mez, Kendrick Lamar), mais tout cela sent l’opportunisme à plein nez. Surtout que si l’on y regarde de plus près, les branches en question ne sont pas loin d’être mortes, et les bourgeons… Bourgeonnent (le dernier Lamar nous a énormément déçu). Ajoutez à cela une certaine pauvreté des instrumentaux, et le successeur de 2001 apparaît clairement comme un succédané.

François Corda

SEPTEMBRE 2015

Sans titre

 

Enterre

Salut c’est cool / sur le thème des grandes découvertes

Electro-clash, paroles décalées, en écoutant Salut c’est cool, on a surtout l’impression que le flegme revendiqué du combo ne vaut pas tripette face au grand frère agitateur Sexy Sushi. D’aucuns diront que ce sont deux écoles différentesen terme d’attitude (bien que la musique officie dans un registre très similaire). Soit, mais entre nonchalance, assumée ou pas, et foutage de gueule, il y a un pas que Salut c’est cool franchit (trop) fréquemment.

François Corda

Sans titre

 

Deterre

Mansfield TYA / corpo inferno

La semi-réussite ou le demi-échec, c’est selon, du dernier Sexy Sushi pouvait laisser planer un doute quant à la capacité de Julia Lanoë de jouer sur deux tableaux à la fois avec succès pendant une longue période. La noirceur décalée et la beauté de Corpo Inferno rassure immédiatement et ne donne qu’une envie (au-delà de se déplacer une fois encore pour admirer la présence scénique des deux femmes en concert) : espérer un prochain album de Sexy Sushi, très vite !

François Corda

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Deterre

A trois on y va

On a reproché à Jérôme Bonnell son conservatisme dans A trois on y va, apparent seulement sur les cinq dernières minutes, en occultant, semble-t’il, tout le piment des quatre vingt premières. On croit déceler dans cette critique sélective une forme d’hypocrisie anticonformiste. Car enfin, au-delà de l’excellente balance entre drame et comédie, du marivaudage affûté et d’un questionnement social actuel (sur lequel Bonnell a au moins le courage de dire ce qu’il pense, mal soit, mais sans se cacher derrière un atermoiement agaçant), le réalisateur dévoile un instantané charmant qui laisse planer pendant les 90% de son film un drôle de doute sur la possibilité viable (utopique) du trouple.

François Corda

Sans titre

 

Deterre

Royal Headache / high

Enlevez les ditorsions, baissez le tempo de quelques BPM et High n’est plus un album de punk très accrocheur, mais une pépite pop. Royal Headache n’est pas le premier groupe à employer cette méthode (White Lung et Against Me ont sorti récemment d’excellents disques, Therapy? est sur le terrain depuis plus de vingt ans), mais il faut reconnaître que depuis quelques années le punk grand public vit une petite renaissance honnête et enthousiasmante qui n’a rien à voir avec l’opportunisme des années 90 (The Offspring et Greenday). Pourvu que ça dure !

François Corda

Good kill

 

Enterre

Good Kill

Qu’elle semble loin l’époque de Bienvenue à Gattaca et de Lord of War ! Les retrouvailles entre Andrew Niccol sont bien décevantes… La mise en scène est désespérément plate : ces banlieues pavillonnaires américaines ont déjà été filmées mille fois et on ne sent pas le réalisateur très à l’aise non plus dans les espaces confiné des pré-fabriqués destinés au pilotage des drones. Quant au message, il laisse extrêmement perplexe, la « bonne action » de Good Kill étant à bien des égards discutable (jusqu’où peut-on s’immiscer dans la sphère privée, quelle est la limite du crime de guerre ?). A oublier très vite donc, si ce n’est la performance d’un Ethan Hawke comme d’habitude parfait, et comme toujours… Sous employé.

François Corda

AOUT 2015

Sans titre

 

Deterre

Fucked Up / year of the hare EP

Ce septième EP d’une série de 12 censés représenter les signes du zodiac chinois, présente à ceux qui ne connaissaient pas les canadiens de Fucked Up un groupe dont le hardcore se fait sacrément ambitieux. Ici deux morceaux, dont un de 21 minutes, composés de fragments musicaux éparses qui finissent par n’en former qu’un seul, dont la puissance et le sens mélodique vont crescendo. Deux pièces qui déstabilisent autant qu’elles épatent.

Martin Souarn

JUILLET 2015

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Terminator : Genisys

Terminator Genisys n’est pas seulement un mauvais actioner, c’est une insulte à l’intelligence formelle et scénaristique des deux premiers de la série (Terminator 3 n’étant « que » un brillant remake, et Terminator Renaissance une habile proposition visuelle sur le thème de la guerre des machines). En panne totale d’imagination, au point de reprendre plan par plan des extraits des deux premiers épisodes, Terminator Genisys n’évite aucun écueil du blockbuster coincé au stade anal : scénario étique, gags ringards, sensiblerie de supermarché, esthétique désespérément plate, casting pitoyable et scènes d’action au rabais. « Vieux, mais pas obsolète » se plaît à répéter un Schwarzenegger totalement absent. Non, effectivement : Terminator Genisys est jeuniste ET obsolète. Le mythe a du plomb dans l’aile.

François Corda

Sans titre

Deterre

Loop / array 1 EP

Troublant, ce retour des seigneurs de l’ombre du rock psyché du crépuscule des eighties. À l’image des Pixies l’année dernière, cet EP de Loop sera le premier d’une trilogie qui formera un LP, et le moins qu’on puisse dire c’est que cet Array 1 est une bien belle entrée en matière, sertie d’une non moins belle pochette. En plus de nous offrir ce qu’il sait faire de mieux, c’est à dire un psychédélisme lourd servi par une répétition noisy, une disto de tous les instants et une voix amorphe gavée aux stupéfiants, le groupe part sans prévenir vers une matière noire qu’on apparentera volontiers au dark-ambient. L’heure est venue de réaliser, si ce n’était déjà fait, que Loop est maître en sa demeure dès lors qu’il s’agit d’hypnotiser au seul moyen de la texture sonore. Et ce n’est que le tiers de ce qui nous attend…

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Sun Kil Moon / universal themes

Mark Kozelek l’a bien prouvé cette année avec ses éclats hyper-médiatisés ; il n’en fait qu’à sa tête et gare à qui se trouve sur son chemin. Sur le bien nommé Universal Themes, même combat : Kozelek pousse à l’extrême le processus engagé en 2014 sur Benji : une narration à coeur ouvert, sans censure, de morceaux de sa vie. Seulement tout y apparait bien plus morcelé ; les anecdotes s’enchainent sans lien entre elles, les morceaux eux-mêmes peuvent passer du coq-à-l’âne, d’une folk légère à une rage électrique. Heureusement pour monsieur Sun Kil Moon, les segments en eux-mêmes demeurent de grande qualité, et Universal Themes reste un bon album – certes déroutant – mais on peut craindre que Kozelek ne s’enfonce à l’avenir encore plus profondément dans cette démarche jusqu’à en devenir aussi anecdotique que ses textes…

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Unknown Mortal Orchestra / mutli-love

Virement de bord chez les hippies de l’Unknown Mortal Orchestra ; ouste le rock psyché des deux premiers opus et les sixties, basta ! Place à la soul des seventies, à la pop eighties et à une espèce de funk sobre. Autant d’atours qui habillent remarquablement bien Multi-Love, qui aurait le potentiel d’être un sacré challenger pop cette année avec un songwriting solide et un disque dont la qualité va crescendo – n’eut été cette fâcheuse tendance à ne pas savoir quand arrêter les morceaux.

Martin Souarn

vincent

Deterre

Vincent n’a pas d’écailles

Aquaman, Waterman… L’un de ces titres aurait sans doute alerté de nombreux spectateurs aficionados de super-héros. Mais comme un pied de nez rigolo à la grosse industrie, Thomas Salvador a choisi Vincent n’a pas d’écailles, sentence poétique qui donne le la de ce long-métrage tendre et charnel, boosté dans sa deuxième partie par un suspense burlesque inattendu.

François Corda

Sans titre

Enterre

Jamie XX / in colour

On aurait aimé détester ce projet solo de l’un des deux endormis de The XX. Mais Jamie XX ne s’en sort pas trop mal en matière de house tranquillou. En revanche, dès lors que l’on compare In Colour au dernier album de Caribou, Our Love, l’enthousiasme timide cède au doute ; et on se rappelle, en tant qu’auditeur exigeant, qu’un album agréable termine en général rapidement dans les oubliettes de notre cerveau assailli par trop de hype. Mou un jour, mou toujours ?

François Corda

ex machina

Deterre

Ex Machina

Il y avait tout à craindre de la première réalisation d’un homme qui a collaboré en tant que scénariste avec l’insupportable Danny Boyle. Pourtant, Alex Garland évite soigneusement le piège principal qui s’ouvrait devant lui : l’oubli de la mise en scène (ou sa surenchère Boylesque) au profit de feintes scénaristiques. Et Ex Machina se révèle au final un intriguant conte 2.0, qui s’axe plus sur le créateur (flippant Oscar Isaac) que la créature. La forteresse high-tech du génie comme métaphore de son cerveau sublime et froid est une autre belle idée : perdue au fond d’une nature sauvage et majestueuse, le plus souvent en hors-champ, elle est à la fois un lieu d’oppression et de libération.

François Corda

Sans titre

Enterre

Jim O’Rourke / simple songs

Six ans après le délicieux The Visitor, Jim O’rourke revient à son style le plus populaire : le soft-rock. Malheureusement, si on ne peut nier une qualité globale d’enrobage et d’arrangements soignés, tout cela sonne bien plat de la part d’un Jim qui nous avait habitué à plus de subtilité. Son petit dernier est joli, certes, mais mou. Là où un disque comme Eurêka pouvait se permettre cette mollesse en regard de ses passages ambient assumés, Simple Songs semble commettre l’erreur de se prendre pour le disque entraînant qu’il n’est pas.

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Algiers / algiers

Curieuse recette que celle des américains d’Algiers : du post-punk gospel. Ou bien est-ce l’inverse ? L’impression de désolation est frappante, décuplée même par les vocalises vibrantes d’un chanteur qu’on aurait bien vu reprendre des standards soul plutôt que de trainer ses guêtres au milieu des boîtes à rythmes désincarnées et des choeurs menaçants. Et si le disque accuse un démarrage en diesel, la montée en puissance progressive qui s’ensuit laisse songeur quant au potentiel du groupe, dès lors qu’il maîtrisera sa formule à la perfection.

Martin Souarn

JUIN 2015

Sans titre

Deterre

Jay-Jay Johanson / opium

Jay-Jay Johanson continue de tracer sa route de crooner en dehors de toutes les modes avec une réussite assez bluffante. Chaque disque est une nouvelle aventure musicale pour l’aficionado, qui redécouvre le suédois autrement (ici dub, rock, dream pop) avec comme seul repère cette voix qui décline le spleen sous toutes ses formes avec la plus grande des classes.

François Corda

Sans titre

Deterre

Bell Witch / four phantoms

Il y a quelque chose de Codeine (ce groupe de slow-core dépressif qui distillait ses notes au compte-gouttes à l’aube des années 90) dans Bell Witch. Ce duo de doom a assaisonné la recette de saturations écrasantes mais magnifiques. Si bien que le seul son de Bell Witch suffit à fasciner et à nous embarquer dans des compositions qui s’étalent parfois sur vingt minutes.

François Corda

Horsehead-grenier

Deterre

Horsehead

Outrageusement poseur, gavé de symboles jusqu’à la gueule, Horsehead reste néanmoins une proposition de giallo made in France intéressante, qui fait avancer son récit intriguant au gré de visions cauchemardesques imaginatives. Gageons qu’en sachant se débarrasser de ses affèteries esthétiques et de son montage stroboscopique, Romain Basset saura prétendre au clan très fermé des réalisateurs français de cinéma de genre inspirés (Bustillo & Maury, Aja…).

François Corda

Sans titre

Enterre

Django Django / born under saturn

On sentait poindre la vraie fausse révélation dans le premier album très sympathique de Django Django. Avec Born Under Saturn, patatras, le château de cartes s’écroule : tout n’est que recette, entre sons actuels, rythmes calculés, et resucée loitaine des Beach Boys. Reste un maigre édifice fait de quelques singles imparables ; insuffisant pour que l’on croit en Django Django comme étant le futur de la pop music.

François Corda

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Deterre

Un Français

Un film qui réussit à nous émouvoir en nous repassant un extrait de Sacrée Soirée ne peut pas être foncièrement mauvais. Pourtant loin de chercher une quelconque patine vintage (les repères temporaux sont pour le moins sobres), le film de Diastème fonctionne avant tout sur la foi du réalisateur en son projet. Malgré son manque de moyens évident (jeu d’acteurs parfois limite, dialogues itou), Un Français convainc parce qu’il délivre un message assez brutal, malaimable et qui sonne juste : avoir le courage de changer est une chose, assumer ce changement en est encore une autre. Si bien que, sorti d’un enfer (moral), Marco plonge dans un autre (l’isolement). Quitte à rater sa vie, autant le faire la tête haute… Le final d’Un Français, tout sauf démago, a de quoi hanter quelques nuits, comme pouvait le faire Made in Britain il y a trente ans.

François Corda

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Maggie

Le vrai potentiel de Maggie – un film de zombie sans zombies, la zombification comme parabole de l’adolescence – est assez vite réduit à peau de chagrin, la faute à une réalisation à la fois trop timorée (Henry Hobson mise tout sur ses acteurs, trop facile) et trop prévisible (pour faire des ralentis en 2015 il faut s’appeler George Miller, sinon c’est la porte). Pourtant il reste ce mal-être poisseux, admirablement porté par Abigail Breslin, déjà magique dans Keane il y a dix ans, ce hors-champ terrifiant qu’est la « quarantaine », évoqué à plusieurs reprises, et le Schwarzenegger, qui semble enfin avoir accepté qu’il n’avait plus l’âge pour accepter des actioners. Il est parfait dans son rôle de père digne et têtu.

François Corda

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Chappie

Après la débâcle d’Elysium, Chappie a un goût de bonne surprise. Le spectacle est assourdissant, la partition d’Hans Zimmer n’y est pas pour rien, soit. Le début, en forme de guerilla gangsta des gangs est complètement raté (Neill Blomkamp en est resté au stade anal du cinéma d’action avec ses ralentis has been), soit. Mais dès lors que le robot déglingué prend vie c’est autre chose. Naissance, enfance et adolescence de l’humanoïde se déploient en accéléré sous nos yeux ahuris, avec une très belle candeur que Blomkamp assume parfaitement. Déjà dans District 9, le réalisateur Sud-Africain se montrait très à l’aise avec une forme d’émotion brute, surgissant du corps et de l’esprit un peu ahuris de Wikus, agent administratif bas de plafond. Chappie est en ce sens le miroir de Wikus : son esprit s’éveille dos au mur, et de sale gosse influençable il passe au statut de héros. Voilà qui nourrit un (petit) espoir quant à la prise en main d’Alien 5 par Neill Blomkamp.

François Corda

Sans titre

Deterre

Squarepusher / damogen furies

En matière de terrorisme électronique, Squarepusher n’a rien à envier à son ami Richard D. James aka Aphex Twin. Sur Damogen Furies, l’anglais prouve même qu’il a su conserver une vitalité un peu absente sur le pourtant très applaudi Syro. Alternant avec brio mélodies dansantes et moments de déstructuration infernaux, ce nouveau disque sonne comme de belles retrouvailles pour peu que l’on ait laissé Squarepusher après l’excellent Do You Know Squarepusher de 2002.

François Corda

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Deterre

Les Nouveaux Sauvages

Cousin lointain et hystérique de A Touch of Sin, Les Nouveaux Sauvages s’impose par son rythme frénétique, comme un écho à l’agitation d’une société argentine en perte de repères affectifs et moraux. L’humour féroce de ce film à sketches n’est pas étranger au plaisir sadique que l’on prend à voir se débattre ces personnages, pantins revanchards et allumés du ciboulot.

François Corda

MAI 2015

Sans titre

Deterre

Bill Fay / who is the sender ?

Pas de nouvelles pendant quarante ans et hop, deux albums en trois petites années. Bill Fay, orfèvre songwriter de son état, ne renouvelle pas ici tout à fait la magnificence de Life is People, mais Who Is The Sender ? contient suffisamment de moments de grandeur pudique pour qu’on le retienne d’emblée parmi les disques marquants de cette année. Bill Fay semble adopter sa fin de vie musicale comme l’occasion de sublimer ce demi-siècle d’absence dans lequel il aurait du avoir sa place en tant que chef de file d’une folk orchestrale aux petits oignons. Alors bien sûr, si ce printemps automnal ne vous a pas encore achevé ce n’est pas Who Is The Sender ? qui vous relèvera, mais il vous fera espérer un été sans fin.

François Corda

Sans titre

Deterre

Tribulation / the children of the night

La petite déception que constituait le dernier album de Dawnbringer est atténuée par la découverte de ce Children of Night de Tribulation, petite bombe de heavy metal décomplexé et plombant. Si les suédois ne dévient jamais de leur programme annoncé (nuit noire, capuches et maléfices de mise, avec un titre d’album pareil on pouvait s’en douter), leur musique célèbre surtout la rencontre d’un certain lyrisme et d’une intriguante monstruosité, incarnée par la voix on ne peut plus gutturale et défiante de Johannes Andersson.

François Corda

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Deterre

Mad Max : Fury Road

Mad Max : Fury Road est loin d’être parfait. Cruel manque d’enjeux narratifs, mise en scène extrêmement maniérée aux gimmicks parfois épuisants, une mauvaise gestion des moments de calmes qui se transforment assez vite en séquences plates. Mais ses qualités prennent très largement le pas sur ses défauts. Des scènes d’action à couper littéralement le souffle, une lisibilité de tous les instants – devenue rare dans l’ère de la « shaky-cam » -, un décor nous racontant toute l’histoire dont on a besoin, une mise en avant judicieuse des juggernauts métalliques avec un Max effacé et passif… Sûr de ses points forts, George Miller assène ici un coup de pied acrobatique hilare dans la triste production blockbusterienne actuelle, et en cette année cinématographique morose c’est déjà énorme.

Martin Souarn

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Deterre

Sea Fog

Si la première réalisation de Shim Sung-bo n’atteint pas le niveau du meilleur film de Bong Joon-ho (Mother, sans doute), ici co-scénariste, Sea Fog se présente, comme la plupart des films sud-coréens qui nous parviennent ici, comme un portrait mordant d’un pays hystérique, qui semble en pleine déliquescence morale. Comme The Chaser, The Murderer, J’ai rencontré le Diable, ou Mother donc, Sea Fog est outrancier et se distingue par ses dérapages. Qu’ils soient ici contrôlés (gore, fantastiques, comiques) ou pas (le versant dramatique est moins heureux), les jeux de lumières et de couleurs superbes, la maîtrise évidente de l’espace (les moindres recoins du chalutier sont exploités) prennent le dessus et rendent ce cauchemar actuel (l’immigration clandestine) très éprouvant.

François Corda

Sans titre

Enterre

Young Fathers / white men are black men too

Y avait-il quelque chose à attendre d’un groupe qui choisit un nom d’album aussi tapageur ? En tout cas, pour ceux qui attendent le sursaut d’un hip-hop en mal de nouvelles figures, il faudra encore patienter. Les écossais de Young Fathers nous proposent ici une sorte de truc mal dégrossi, du lo-fi qui furète partout sans énergie et surtout sans donner l’impression qu’il cherche vraiment quelque part. Le résultat est fatiguant et assez désincarné.

François Corda

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Deterre

Caprice

Loin, très loin devant d’autres essais de cinéma contemplatif en plein désert (au hasard, La Dernière Piste et Gerry, pénibles et chichiteux), Jauja s’impose comme un film trip parfaitement épanoui, aux choix esthétiques forts (le cadre, la lumière, le couleurs, mémorables), dont les personnages, à peine esquissés, suffisent cependant à faire vivre une succession d’images magnifiques, sans que l’on ait l’impression de se retrouver devant une émission de National Geographic.

François Corda

jauja

Deterre

Jauja

Loin, très loin devant d’autres essais de cinéma contemplatif en plein désert (au hasard, La Dernière Piste et Gerry, pénibles et chichiteux), Jauja s’impose comme un film trip parfaitement épanoui, aux choix esthétiques forts (le cadre, la lumière, le couleurs, mémorables), dont les personnages, à peine esquissés, suffisent cependant à faire vivre une succession d’images magnifiques, sans que l’on ait l’impression de se retrouver devant une émission de National Geographic.

François Corda

AVRIL 2015

Sans titre

Deterre

Death Grips / jenny death

La deuxième partie du faux double-album The Power that B des Death Grips est parue ; elle s’appelle Jenny Death et fait très mal. Le son du duo corrosif n’a jamais été aussi violent et puissant, soniquement parlant. Dans son entreprise, le groupe évite l’écueil du noise systématique qui néglige la construction de ses morceaux, et sa démarche fait parfois penser à celle du shoegaze, tant le « chant » (on parlera plus volontiers de halètement furieux) lutte pour se faire une place aux côtés de la machinerie bruyante des guitares et des samples. Sans doute un des disques les plus impressionnants de ce premier semestre.

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Asaf Avidan / gold shadow

Pour l’instant l’édifice tient encore le coup, les fondations mélodiques de l’Israëlien semblant plutôt solides. Mais Asaf Avidan, dont la voix est, de fait, incroyable, ne commencerait-il pas à s’écouter chanter ? Certains morceaux, un peu maniérés de ce côté, le laissent penser. Cependant, en l’état, Gold Shadow reste un disque recommandable, qui s’avère même très émouvant par moments.

François Corda

MARS 2015

Sans titre

Deterre

Soko / my dreams dictate my reality

Paradoxe un peu déroutant. Soko, dont le premier album nous avait « seulement » interpelé, trouve ici un vrai supplément d’âme en avouant avec une sincérité touchante son amour pour The Cure, première période. L’hommage peut sembler un peu trop évident, mais entre ténèbres et légereté, My Dreams Dictate My Reality trouve un chemin parsemé de mélodies spontanées et mémorables.

François Corda

Sans titre

Deterre

Susanne Sundfør / ten love songs

Il fallait oser marier aspirations symphoniques et pop à synthés maousses ! Mais le culot de Susanne Sundfør se révèle payant : les changements d’ambiances, tantôt martiales, tantôt bucoliques, tantôt lyriques, font de Ten Love Songs un disque résolument singulier, porté par une diva fraîche comme un fjord en plein été.

François Corda

Sans titre

Deterre

Eric Chenaux / skullsplitter

Quel beau disque décalé que celui de Eric Chenaux… Christophe aurait pu le catégoriser « beau bizarre ». Derrière une guitare qui semble improviser sans cesse, une voix chaude et les drones les plus cotonneux qui soient, le Canadien se fait minimaliste et agent d’une douce dissonance qui brouille tout repère. Déroutant, et étrangement enivrant.

Martin Souarn

Sans titre

Enterre

Cannibal Ox / blade of the ronin

Le retour de Cannibal Ox, 14 ans après le séisme Cold Veins, ne tient pas ses promesses. La faute à qui ? Probablement à l’absence d’El-P, dont la production était l’élément clé du groupe. Sur ce Blade of the Ronin, le son est plat, les beats pâlots, et la performance de Vordul Mega trop lénifiante. La baraque ne s’effondre pas totalement ; il reste le flow dynamique de Vast Air et de joyeuses suites de samples, mais la magie n’opère plus.

Martin Souarn

Sans titre

Enterre

Dan Deacon / gliss riffer

Plus les années passent, et plus Dan Deacon, magicien de la bidouille électronique, semble piégé par son propre style. Ainsi, sur son dernier disque en date, Gliss Riffer, Deacon superpose encore et encore ses pistes, couche sur couche… Mais si la signature « Dan Deacon » fait parfois mouche, son électro-foutraque manque trop souvent du grain de folie qui habitait jadis Spiderman of the Rings. Tout cela semble de plus en plus calibré, on espère que l’heure de la remise en question est proche.

Martin Souarn

Sans titre

Enterre

Ghostface Killah & BADBADNOTGOOD / sour soul

La collaboration entre le MC des légendaires Wu-Tang Clan et les jazzeux modernes et dans le vent de BADBADNOTGOOD est très agréable. Ambiances soignées, flow posé. Cependant à trop se respecter, les deux parties couchent sur bande un disque qui manque d’un peu de folie. Très sage, Sour Soul ne délivre ni frisson hip-hop, ni frisson jazz. L’exercice de style restera gentillet malgré un énorme potentiel sur le papier.

Martin Souarn

Sans titre

Enterre

Atari Teenage Riot / reset

Le silence qui accompagne la sortie de Reset d’Atari Teenage Riot est étourdissant. Le comble pour un groupe qui a fait du bruit synthétique sa marque de fabrique ! Mais dans ce cas précis, et malgré un retour récent et heureux (Is This Hyperreal ?), il faut reconnaître que c’est mérité. Atari Teenage Riot a beau sortir l’artillerie lourde, comme toujours, on ne rentre pas dans leur jeu : on sent ici une trop grande facilité dans la réalisation, et la révolte, leur cheval de bataille, semble désormais calibrée. Ne serait-il pas temps d’appuyer, définitivement, sur le bouton OFF ?

François Corda

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Deterre

American Sniper

Ce qui fascine dans American Sniper ce n’est pas l’indécision d’Eastwood face à ce combattant limite white trash (héros ou tocard, le réalisateur ne choisit jamais), mais plutôt les rouages d’un piège mental qui se referme, mission après mission, sur ce soldat appliqué. Son duel à distance avec le sniper ennemi devient une drogue, et comme toutes les addictions, elle conduit sa victime à l’isolement. Et cet isolement là, Eastwood le filme parfaitement.

François Corda

Sans titre

Deterre

Natalie Prass / natalie prass

Comme le classicisme de ce premier disque de Natalie Prass fait du bien ! Face aux divas R’n B en carton qui nous assomment de leur vulgarité soi-disant assumée, la sobriété de la chanteuse américaine, la musicalité douce et savante de ses chansons soul sont comme un onguent sur nos oreilles écorchées par Beyoncé et consors.

François Corda

FÉVRIER 2015

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Deterre

It Follows

On a failli attendre : le dernier vrai bon film de fantômes remontant sans doute au Mirrors d’Aja (2008), It Follows fait office de bouffée d’air dans un climat de cinéma horrifique plutôt moribond depuis quelques années ; et ce malgré quelques influences un peu trop voyantes (Carpenter et Morse notamment). Il faut dire que le talent de mise en scène de David Robert Mitchell est indéniable, ce dernier se révélant imaginatif, avec un sens du tempo qui glace les sangs. Ajoutez à cela une équipe d’adolescents dont la passivité radieuse est contagieuse et l’on obtient un film dont le statut culte ne devrait pas tarder à se monter.

François Corda

Sans titre

Deterre

Carpenter Brut / ep3

Faire du neuf avec du vieux, Carpenter Brut sait faire ça comme un chef. L’hommage aux années 80 et à Carpenter himself se voit très facilement transcendé par six pistes instrumentales (sauf une) aux constructions mouvantes et exécutées à toute berzingue. Le format court de ce qui constitue le troisième tome d’une trilogie permet au disque de ne pas lasser sur la longueur et de conserver toute sa force de frappe.

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Björk / vulnicura

Après un Biophilia très expérimental et dur à suivre dans sa démarche, ce nouveau disque de « rupture » constitue de très belles retrouvailles avec une Björk bien plus vulnérable et spontanée. Vulnicura voit la finlandaise inviter un certain Haxan Cloak avec qui elle concocte ses ambiances les plus désolées, propres à faire ressentir à l’auditeur le vide causé par une séparation jusque dans ses tripes, tout en laissant la place à de grandes bouffées de vie. Sans doute le disque le plus vibrant de ce début d’année.

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Sleater Kinney / no cities to love

Si vous n’avez pas encore fait une overdose des « retours que plus personne n’attendait », façon Pixies, My Bloody Valentine et autre Aphex Twin, alors vous pouvez jeter une oreille sur le rock alternatif des filles de Sleater Kinney. Ni le pire ni le meilleur de ces come-back plus ou moins utiles, Sleater Kinney a au moins le mérite d’avoir su garder une énergie intacte et un son rock toujours très abrasif.

François Corda

FOXCATCHER

Deterre

Foxcatcher

Si l’on en fait certainement un peu trop à l’égard de Foxcatcher, c’est que le film de Bennett Miller parvient à laisser, longtemps après sa vision, un sentiment persistant de malaise. Véritablement porté par son trio d’acteurs, Foxcatcher ne passe pas à côté, toutefois, d’une redondance à double tranchant. D’un côté, elle impose cette atmosphère brumeuse et délétère assez unique, et de l’autre, elle se révèle par moments fatigante et injustifiée.

François Corda

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Enterre

Phoenix

Trop théorique, Phoenix peine véritablement à traduire en images la volonté de Christian Petzold de prouver au spectateur (si besoin était) que les camps de la mort, quand vous en sortez, vous ont totalement dérobé votre identité. Cette histoire tirée par les cheveux d’un homme qui ne reconnaît plus sa femme trouve pourtant dans le dernier quart d’heure un climax totalement inattendu et troublant. Les masques de la mise en scène et du scénario tombent, et il ne reste plus que l’acceptation par une femme de sa condition d’étrangère, attachée à la seule chose qui lui reste : son talent.

François Corda

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Deterre

Eau Argentée

Si l’on peut critiquer la forme un peu confuse du documentaire, Eau Argentée n’en est pas moins une matière brute et brutale qui interroge intelligemment sur la beauté et/ou le sens de l’image. Souvent ultra pixellisées, parfois empreintes d’une violence inouïe, les images choisies par Oussama Mohamed sont pourtant toujours empreintes d’une poésie concrète.

François Corda

JANVIER 2015

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Discount

Dans une actualité où le sujet de la caricature est central, Discount est à son aise. Cette petite comédie n’hésite pas à forcer le trait pour pointer du doigt l’horreur de la grande distribution. Il n’en reste pas moins que ce sujet méritait largement d’être traité, c’est maintenant chose faite. On peut, certes, regretter le manque de finesse de certains procédés et rêver d’un film qui attaquerait cette problématique avec une réelle volonté documentaire mais, dans l’absolu, le mi-chemin de Discount entre le film-manifeste et la comédie dramatique fonctionne plutôt bien. Au final, on sort de la séance en ayant ri sur quelques répliques bien tournées (c’est suffisamment rare pour être souligné), avec une sainte horreur des caisses électroniques et la ferme intention de ne plus mettre les pieds dans une grande surface. On peut donc parler de réussite.

Jean-Baptiste Durand

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A Most Violent Year

S’il est incontestable que les acteurs sont bons, si le postulat de base, en porte-à-faux avec le récit noir archetypal, est intéressant, A most violent Year n’est pas pour autant le chef d’œuvre encensé par bon nombre de critiques, télérama en tête.

On pourrait mettre en cause une réalisation par trop formelle ou quelques trous scénaristiques béants mais en réalité les choses sont peut être encore plus basiques que ça : le film manque tout simplement de cette magie qui permet de se projeter, de s’identifier pleinement aux personnages, comme si l’esthétique grise et aseptisée de ces années 80 reconstituées avait contaminée l’ensemble du projet.

On y reste, du début à la fin, simplement spectateurs.

Jean-Baptiste Durand

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L’Affaire SK-1

Jean-Pierre Melville, reviens !! Le polar français a besoin de toi. Incapable de se réinventer, il pioche dans des faits divers sordides qu’il s’applique à reproduire à la lettre, sans, semble-t-il, le moindre désir formel. Ca parle, ça parle, ça n’arrête pas de blablater, Jean-Pierre, quand, avec toi, seule la caméra parlait. Tes acteurs n’avaient pas forcément une belle gueule mais ils avaient du chien. Bien sûr tu as dirigé Delon mais qui osera comparer le bellâtre Raphaël Personnaz au Delon des années 60 ?Bon allez, soyons francs : de ce téléfilm à gros budget qui se regarde sans que l’on s’endorme (bizarre…), seul surnage la grâce mal dégrossie d’un acteur que l’on espère revoir dans un meilleur film : Adama Niane est incroyablement émouvant (on n’ose dire monstrueux) dans le rôle de Guy Georges.

François Corda

WHIPLASH

Enterre

Whiplash

La perfection de Whiplash n’est qu’un déguisement ; celui d’une mécanique bien huilée, au demeurant sans surprise et effroyablement prévisible. Empruntant le concept maintes fois rabâché au cinéma « du petit génie qui s’ignore et rencontre le professeur dur mais juste qui le révélera », Damien Chazelle tente de s’en écarter de parses personnages, mais n’a visiblement aucune autre ambition pour le reste de son film, enchaînant les clichés du genre et attendant patiemment que la dernière partie, c’est à dire le duel entre les deux protagonistes, arrive. Duel que n’importe qui aura déjà deviné. Et même si le réalisateur livre à ses comédiens des rôles intéressants, on ne peut pas dire qu’ils sortent forcement du professionnalisme, carré et efficace, qu’Hollywood a l’habitude de nous offrir et qui à force, commence à devenir une norme aussi commune que répétitive.

Pour finir, la morale de Whiplash tend à démontrer que dans un milieu artistique, ce n’est ni la volonté, ni le talent qui priment, mais l’égocentrisme, la concurrence et la perversité gratuite. Si Damien Chazelle voulait nous faire une leçon d’humanité déviante, il a véritablement réussi : chez lui, les meilleurs sont visiblement les salauds et étrangement, tout les monde l’applaudit.

Laurent Leplaideur

Sans titre

Deterre

Siskiyou / nervous

Pour convaincre, les Canadiens de Siskiyou devaient transcender leurs influences évidentes (Arcade Fire, Mercury Rev, ou de façon générale une belle part de l’indie canadien des années 2000). C’est à moitié chose faite ; si on ne peut s’empêcher de faire des liens avec tel ou tel groupe, le groupe a un talent de songwriting qui lui est propre et de belles chansons à la fois intimistes et chorales. On pourra néanmoins déplorer que la deuxième partie de l’album peine plus à convaincre que la première, délaissant quelque peu l’énergie entrainante du début.

Martin Souarn

imitation

Enterre

Imitation Game

Imitation Game, c’est l’histoire d’un film qui échoue à hiérarchiser ses enjeux. La vie du héros de guerre méconnu Alan Turing, et le contexte dans lequel prend place le craquage du code Enigma semblent trop complexes pour le réalisateur, qui en met un petit peu partout sans parvenir à convaincre à un endroit en particulier. S’agit-il du portrait qu’un génie quasi-autiste ? D’un manifeste anti-homophobie ? D’un film historique sur la seconde guerre mondiale ? D’un film de guerre ? D’un mélo ? Et Cumberbtach d’être contraint au cabotinage pour planter un personnage en fin de compte mal écrit, cliché et interagissant avec une foule d’autres personnages types sans charisme.

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Peter Kernel / thrill addict

Ne dites pas à Aris et Barbara, duo formant Peter Kernel, qu’ils vous évoquent Sonic Youth, ils n’aiment pas ça. Pourtant, l’alchimie qui anime le dynamique couple évoque les grandes heures des célèbres New Yorkais. Pour autant, leur musique est moins cérébrale que ces derniers, il s’agit d’un bon rock primal, instinctif, dont le groupe helvético-canadien tire un excellent parti. La joie de composer et la complicité qui émane de Thrill Addict est foutrement contagieuse, et bien plus profonde qu’elle n’en a l’air !

Martin Souarn

Sans titre

Deterre

Viet Cong / viet cong

Le dernier Viet-Cong est un diesel. S’il met du temps à démarrer, il se montre brillant et stimulant dès lors qu’il laisse éclater son étonnant songwriting pop. Un album presque psychédélique derrière des atours post-punk industriels très rugueux.

Martin Souarn

Sans titre

Enterre

Panda Bear / panda bear meets grim reaper

Noah Lennox alias Panda Bear, membre des expérimentaux Animal Collective, se rêve en orfèvre pop sur son dernier album. Malheureusement, il semble évident tout au long de l’album que le bonhomme est bien plus à l’aise dans la décoration sonore de ses morceaux que dans la construction propre. Harmonies vocales peu inspirées, mélodies redondantes et interprétation désincarnée sont au programme d’un Panda Bear Meets Grim Reaper qui vaudra plus pour ses atours expérimentaux que pour ses chansons. Comme quoi il est tout sauf facile de réussir un album pop.

Martin Souarn

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Deterre

Boyhood

Après un Before Sunset décevant, un Before Midnight effarant de nullité, on avait tout à craindre de cette odyssée de la normalité qu’est Boyhood. Mais ce sont 2h45 qui passent à la vitesse de l’éclair ! Il ne faut pas penser que seul le concept de Boyhood est brillant (Linklater a filmé douze jours par an ses acteurs pendant douze ans) : le réalisateur a su conserver sur la durée de son tournage la profondeur des dialogues qui faisait toute la richesse de Before Sunrise. Boyhood aurait pu être une mini-série tant l’addiction aux personnages s’installe rapidement, et à ce titre on pourrait presque regretter que Linklater n’ait pas prolongé la folie de son projet encore quelques années… Mais en l’état le résultat est déjà somptueux.

François Corda

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Deterre

Cold in July

Pendant plus d’une heure Jim Mickle nous emporte dans une drôle d’énigme, teintée d’un honnête fétichisme eighties, et dans laquelle se dépêtrent trois larrons très mal assortis et superbement interprétés. Mais une fois les pièces du puzzle en place, on sent le réalisateur très emprunté, incapable de faire décoller ses préliminaires.

François Corda

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Deterre

Quand vient la nuit

Après l’intriguant Bullhead, Michael Roskam a immédiatement gagné son ticket pour les States. On aurait pu penser que cela était prématuré, mais à y regarder de plus près, le réalisateur belge trouve sur la terre new-yorkaise la matière pour produire ce qui restait, dans Bullhead, à l’état de fantasme. Langage, faciès, ambiance, Michael Roskam semble avoir le cinéma américain dans le sang et Quand vient la nuit, une nouvelle histoire de gros durs qui ne se la racontent pas, se retrouve de fait l’un des meilleurs films outre-atlantique de de l’année 2014. Coup de bluff dont devraient s’inspirer bon nombre de nos compatriotes expatriés et paralysés par l’enjeu hollywoodien…

François Corda

2014

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Une nouvelle amie

François Ozon est un habitué des grands sujets. Dommage que ces derniers donnent souvent lieu à de petits films. Ici, la théorie des genres… A ne jamais choisir entre le versant comique (plutôt réussi), la chronique sociale (à moitié convaincante) et le drame (complètement raté), Une nouvelle amie s’englue assez rapidement dans ses petits aller-retours narratifs et n’assume qu’à demi-mot sa morale frondeuse. Car si Claire se met en couple avec David, n’est-ce pas plutôt pour l’image qu’il renvoie de son ami décédée plutôt que par amour pour lui ?

François Corda

birdman

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Birdman

Avant le grandiloquent The Revenant, il y a donc eu le pensum Birdman. Afin de se prémunir contre toute éventuelle critique négative après l’accueil tiède réservé à l’indigent Biutiful, le Mexicain Alejandro González Iñárritu a pris le soin d’intégrer une petite citation de Flaubert dans Birdman : « On fait de la critique quand on ne peut pas faire de l’art. » Bonne manière de s’autoproclamer artiste entre les lignes, en ayant l’air de ne pas y toucher. Mais en y regardant de près, on constate que la seule idée de mise en scène d’Iñárritu repose sur un travelling interminable faisant office de plan-séquence unique. Iñárritu a pensé que l’hystérie débraillée de ses acteurs jouant… des acteurs (attention, mise en abîme du monde détraqué du cinéma et du théâtre) serait un formidable contrepoint à la fluidité de sa « trouvaille » technique. Pourquoi pas. Problème : la taille des chevilles d’Iñárritu a toujours été proportionnelle à l’artificialité de ses procédés. Résultat : on s’endort.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Sun Kil Moon / benji

Sun Kil Moon, drôle de nom pour cet américain qui préfère de toute évidence la face cachée de la lune au réconfort des rayons du soleil. Benji est animé d’une monotonie curieusement contagieuse, comme un trou sans fond qui parviendrait finalement à nous aspirer malgré la peur qu’il inspire. Une oeuvre folk jusqu’au boutiste en somme, qui mérite vraiment qu’on s’y attarde, pour mieux s’y perdre.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Indian / from all purity

Un titre d’album évidemment ironique pour un groupe de doom qui joue à fond la carte d’une musique délétère et malfaisante. L’énergie déployée par le combo est bluffante, elle nous aspire dans un tourbillon qui s’achève dans un déluge de bruit travaillé.

François Corda

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Les Brasiers de la colère

Les excellentes performances de la distribution all stars n’y peuvent rien : le réalisateur et scénariste des Brasiers de la colère semble tellement obsédé par l’idée de perfection que tout le film se retrouve emprunté et prévisible. De la niaque, de la colère, c’est précisément ce qui manque à Scott Cooper.

François Corda

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Enterre

La Famille Bélier

Ce n’est pas avec La Famille Bélier qu’on aura beaucoup de chances de se réconcilier avec le cinéma comique made in France. Au moins le film est vraiment bien interprété, c’est déjà ça (Intouchables et Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu n’avaient même pas ça pour eux), mais pour ce qui est du rire, on repassera. Soit en mode Bigard (les scène du médecin et des règles, assez consternantes), soit franchement prévisibles (le langage des signes comme moteur de malentendu, merci), les gags font rarement mouche. En revanche le film se révèle beaucoup subtil en matière de situations dramatiques, et finit de façon très touchante, faisant presque regretter qu’Eric Lartigau n’ait pas choisi le mélo plutôt que la comédie.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Murmur / murmur

Officiellement, Murmur officie dans le black-metal. La réalité est bien plus complexe ; le groupe de Chicago puise vraisemblablement ses références dans les laboratoires sonores du King Crimson de l’orée des seventies (et rappelle occasionnellement la transe fanatique d’un Magma de la même époque). A ce titre, Murmur propose une série de morceaux alternant avec virtuosité ambiances macabres et décharges d’adrénaline infernales, avec un sens de la recherche sonore mis tout entier au service des compositions.

Martin Souarn

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Rec 4

Rec 4 marque le point d’arrêt définitif d’une série qui aurait du s’éteindre après le deuxième volet. En délocalisant son intrigue dans un autre huis-clos (ici un bateau), Jaume Balagueró a eu une idée assez fine puisque ce sont précisément les contraintes de l’espace qui contribuaient à faire de Rec 1&2 de petits ovnis terrifiants. Mais dans la réalisation et le scénario (débile) ce quatrième volet suinte le manque de moyens et d’ambitions. La caméra portée, qui n’est ici plus celle de la journaliste mais du réalisateur lui-même, aussi hystérique que ses zombies speedés, nuit à toute lisibilité et, finalement, à tout effet horrifique. Naufrage complet, sauf pour les héros, ce qui laisse supposer qu’il y aura (malheureusement) un cinquième épisode.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Mantar / death by burning

Ce groupe de sludge a le culot de jouer sans basse ! Quand on connait l’importance de ces fréquences dans ce type de musique, sombre et violente, inutile de dire que la réussite de Death by Burning est un miracle. Mantar joue comme on crache : spontanément, primitivement.

François Corda

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Ida

La maîtrise formelle de Pawel Pawlikowski est évidente et suffirait à rendre Ida tout à fait hypnotique. Mais l’audace du récit, irrévérencieux, faisant le pont entre destin personnel et histoire universelle, finit de faire d’Ida un film inoubliable.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Neneh Cherry / blank project

Qui aurait misé une cacahuète sur un retour de Neneh Cherry, l’auteur des beaux « Woman » et « 7 Seconds », sous la forme d’une pop expérimentale et rêche ? Blank Project est un album qui mise beaucoup sur les percussions, des lignes de basse rentre-dedans, mais n’oublie pas la sensualité. L’un des come-back de l’année, à coup sûr.

François Corda

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Enterre

L’Etrange Couleur des larmes de ton corps

Obsédés par l’esthétique de leur film, les deux réalisateurs en ont oublié (sans doute volontairement) de construire un scénario. Le projet aurait tenu la route sur un moyen métrage mais 1H42 c’est définitivement trop long, L’Etrange Couleur des larmes de ton corps se résumant à une somme de procédés, certes beaux, mais finalement vains. L’hommage au giallo est aussi trop appuyé pour que l’on y distingue autre chose qu’un travail un peu scolaire de réminiscence.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Woods of Desolation / as the stars

Qui a dit que le black metal devait être forcément déprimant ? Une énergie étonnamment positive ressort de As The Stars, un disque qui file à 100 à l’heure, au gré de distorsions fulgurantes et de riffs aériens. Woods of Desolation ne révolutionne rien mais fait le job avec une foi salutaire dans le pouvoir de ses mélodies. Le groupe a bien raison, ça marche.

François Corda

Sans titre S

Enterre

Saint Vincent / saint vincent

On sent beaucoup le savoir faire d’Annie Clark dans cet album ; sa façon de poser sa voix froide et maitrisée sur des compos tirées à quatre épingles. Mais on ne sent pas vraiment sa passion… Tout est trop bien rangé, exécuté trop sagement pour qu’on se laisse emporter. Plus cérébrale ici que réellement créative, Saint Vincent finit par ennuyer sur la longueur malgré une bonne poignée de titres divertissants.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Mac DeMarco / salad days

Avec son Salad Days, Mac DeMarco nous offre un bel album pré-estival rempli de morceaux nonchalants aux guitares cristallines et synthés fragiles. Demarco compense ici son apparente monotonie par une écriture extrêmement riche en trouvailles mélodiques.

Martin Souarn

Sans titre S

Enterre

Disiz / trans-lucide

Autant ce nouvel album de Disiz emballe par la belle sérénité de ses instrumentaux, autant le rappeur convainc moins par ses paroles, pas toujours aussi affûtées et acides qu’elles le devraient (rêveraient ?). Le francilien a beau jouer la carte de l’anti rap bling bling, ses mots manquent de force comparés à ceux, au hasard, d’un pur egotrippeur comme Booba.

François Corda

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Deterre

Les Bruits de Recife

Intéressant portrait croisé d’un quartier de la classe moyenne brésilienne, aux vertus autant sociologiques que cinématographiques. Kleber Mendonça Filho réserve en effet quelques plans saisissants, dans lesquels les bruits ambiants et la BO, hypnotique, jouent un rôle prépondérant. On aurait aimé un peu plus d’audace scénaristique mais le film, long, se regarde sans réel temps mort, preuve d’un bel équilibre général.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Timber Timbre / hot dreams

Derrière des apparats de folk indolent aux instrumentations soignées, Timber Timbre cache une noirceur d’autant plus angoissante qu’elle est insidieuse. Qui pourrait croire à la première écoute que tant de fiel peut être déversé par ce chant doux et grave ? Les textes aussi bien que les compositions s’avèrent à double sens et les chansons d’amour peuvent sans prévenir se muer en une créature méphistophélique pleine de promesses ambiguës.

Martin Souarn

Sans titre S

Enterre

The Pains of Being Pure at Heart / days of abandon

C’est l’un des drames de 2014 : comment la pop fine et bruitiste de The Pains of Being Pure at Heart a-t’elle pu se ringardiser ainsi ? A force de mélodies frelatées, de bonne humeur périmée, Days of Abandon nous achève. La consternation est de mise devant tant de mièvrerie.

François Corda

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Enterre

States of Grace

States of Grace, comédie dramatique réalisée par l’Hawaien Destin Cretton, est une semi-réussite (ou un semi-échec, c’est selon). Toutes les thématiques soulevées par le film, que ce soit celle de la vie dans un foyer pour enfants, de la malatraitance, de la romance entre Grace et Mason, de l’histoire difficile de Grace, etc, paraissent avoir été à peine traitées lorsque le générique apparait à l’écran. Au niveau du scénario, tout semble s’arranger de façon magique pour un sentiment général d’extrême facilité qui nuit au réalisme du film : la vie est-elle vraiment si simple ? Heureusement, le film est sauvé par des acteurs aux performances touchantes, qui masquent les faiblesses de l’histoire jusqu’à la fin.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Eels / the cautionary tales of mark oliver everett

On pouvait s’inquiéter du projet de Mark Oliver Everett d’élaborer un album de ballades, sachant que c’était précisément le point faible du très bon Wonderful Glorious paru l’année dernière. Cependant contre toute attente la magie du songwriter fait son petit effet ici. C’est à la lumière de ces « Cautionary Tales » qu’on comprend que si ces ballades nuisaient à la cohérence d’un album beaucoup pêchu et énergique, elles parviennent à se suffire à elles-mêmes ; même si on avoue préférer Eels lorsqu’il se secoue les puces.

Martin Souarn

Sans titre S

Enterre

Fennesz / bécs

Que vaut Bécs comme disque mélodique ? Pas grand chose, les lignes musicales étant barrées par une technologie par trop visible et invasive. Que vaut alors Bécs comme disque d’ambient ? Beaucoup plus mais pas assez, tant les procédés (saturations notamment) utilisés sont parfois un peu rustres.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Principles of Geometry / meanstream

En remettant en perspective leur projet électronique nostalgique, sombre et complexe sous un angle moins aigu (plus de douceur, plus de chant), le duo de Principles of Geometry gagne des points question séduction. Ca tombe bien, ils méritent largement de rejoindre College et Kavinsky au panthéon des rares artistes électro français reconnus internationalement.

François Corda

Sans titre S

Deterre

EDH / lava club

Emmanuelle de Héricourt prend ici une tangente : si sa techno pop conserve quelques accents ludiques, elle s’enfonce globalement vers un abîme de noirceur. Son évolution depuis les New-York Tracks se fait en douceur, mais le son se durcit inexorablement. On est curieux de savoir où cela va la mener.

François Corda

Sans titre S

Enterre

Fear of Men / loom

Dès les premières notes cela semble évident : il s’agit d’un nouveau projet de Dolores O’Riordan, diva des Cranberries. Et non ! Fear of Loom est ce qu’on appelle une ombre tutélaire. Mais ombre seulement. Jamais Loom, malgré ses maigres qualités mélodiques, n’approche la puissance mélancolique du duo d’albums produit par les Irlandais dans les années 90 (No Need to Argue et To The Faithful Departed). Etrangement reconnu par la scène indépendante (les Cranberries en sont souvent la risée), Fear of Men jouit actuellement d’une réputation semble-t-il usurpée.

François Corda

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Godzilla

Il est d’autant plus dommage de constater l’échec de Godzilla que celui-ci fait preuve de nombreuses qualités, telles une habile manipulation de nos attentes, avec un jeu de frustration que permet une bonne maîtrise du hors-champ, et une réalisation très soignée. Malheureusement, certains défauts impardonnables plombent irrémédiablement le film ; à commencer par des personnages aussi mal écrits qu’ils sont mal interprétés. Le développement, s’il poursuit une dynamique logique (une lente montée en puissance où la silhouette de Godzilla s’esquisse petit à petit jusqu’à l’apothéose finale), s’avère complètement creux et semble n’être qu’un prétexte pour montrer les humains gesticuler dans le vide tandis que la menace grandit. Tant et si bien qu’entre un scénario foireux qui se prend trop au sérieux et des humains totalement plats, on s’ennuie un brin en attendant que la confrontation finale, jouissive, ne pointe le bout de son nez.

Martin Souarn

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The Homesman

Remake lointain d’Impitoyable, The Homesman perpétue ce mouvement en marche depuis quelques années qui met la figure féminine au centre du western (cf. La Dernière Piste et Gold). Au-delà de cette perspective engageante, le film réussit le grand écart bancal entre saillies comiques et moments purement macabres, jusqu’à trouver un équilibre émotionnel impeccable.

François Corda

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Enterre

Maps to the Stars

Avec le temps, on ne doute certes plus des qualités de metteur en scène de Cronenberg, mais depuis Cosmopolis c’est de sa capacité à dire quelque chose de pertinent qui est en question. En l’occurence, on ne reprochera rien à la forme de Maps to the Stars, mais le fond pose clairement question ; qu’est-ce que le réalisateur tente de faire passer ici ? La critique du milieu Hollywoodien n’apporte rien, surtout quand on la compare à l’aune d’un film comme Mulholland Drive qui en la matière était bien plus subtil et novateur ; quant à l’intrigue incestueuse, la métaphore s’avère souvent grossière et poussive et s’achève de façon assez ridicule.

Martin Souarn

Sans titre S

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Craft Spells / nausea

Craft Spells confirme tous les espoirs placés en eux avec Idle Labor. Mieux : en s’affranchissant d’un son résolument synthétique, la pop de Nausea perd en identification immédiate (les années 80 revisitées) ce qu’il gagne en universalité et en beauté.

François Corda

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Enterre

Jacky au royaume des filles

Si Jacky au royaume des filles ne fonctionne pas, ou si peu, ce n’est pas faute d’idées, loin de là. Mais le manque de spontanéité des gags (chacun d’entre eux fonctionnant sur le mode du contrepied à une société islamiste) entraîne rapidement une forme de lassitude qui finit par confiner au désintérêt pur et simple.

François Corda

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The Rover

David Michôd met fin aux espoirs que laissaient naître le bon Animal Kingdom. The Rover, espèce de Mad Max intello très emprunté, bute sur le visage exagérément fermé de Guy Pearce, excellent acteur sous et mal employé, une fois de plus. Sans les paysages cramés australiens le film serait un naufrage…

François Corda

Sans titre S

Deterre

Xiu Xiu / angels dust : red classroom

Convoquant les glorieux spectres de Suicide, Jamie Stewart compose avec Angel Guts: Red Classroom une ode à la noirceur, si burlesque qu’elle en parait par moment parodique. Difficile de savoir s’il faut sursauter de frayeur ou rire nerveusement devant les vocalises hallucinées qui habitent le disque et les boîtes à rythmes concassées qui les accompagnent, mais une chose est sure : la musique de Xiu Xiu est poignante et ne laisse pas indifférente : c’est déjà en soi un grand succès.

Martin Souarn

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Deterre

Les Poings contre les murs

Tendu. Les Poings contre les murs de David McKenzie ne relâche jamais cette tension qui pèse autour du personnage attachant de Eric, mineur instable et violent se retrouvant dans la même prison que son père. Le film brasse de nombreux thèmes relatifs au milieu carcéral mais aucun n’a vraiment d’importance dans le traitement de McKenzie, car en fin de compte la seule chose importance, vitale, c’est cette relation d’amour/haine entre un père et son fils.

Martin Souarn

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Edge of Tomorrow

La grande qualité de Edge of Tomorrow, c’est son concept. Comme dans Un Jour sans fin, un Tom Cruise très à l’aise dans son rôle de mauviette suffisante revit en boucle la même journée, qui se réinitialise à chaque fois qu’il meurt au combat. Le film baigne ainsi dans une ambiance jeu vidéo « Die & Retry » propice à des scènes d’actions jouissives et des gags efficaces. En somme, Doug Liman accouche ici d’un bon blockbuster efficace et revigorant. Quel dommage cependant que le dernier quart du film revienne à un schéma trop classique, se départissant de l’originalité de son concept pour donner dans le romantico-héroïco-neuneu.

Martin Souarn

Sans titre S

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Sébastien Tellier / l’aventura

Génie ou imposteur ? Ou les deux à la fois ? A la limite on s’en moque, tant Sébastien Tellier a au moins le mérite de faire exister un monde à lui, paradoxalement plus par le biais de ses mots, délirants, que par sa musique, soit très bien écrite, mais plus sobre. Le cocktail des deux est en tout cas suffisamment détonant pour que l’on ait plus envie de le défendre que de le moquer.

François Corda

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Zero Theorem

Zero Theorem est un film triste pour Terry Gilliam. Triste non pas par sa médiocrité elle-même mais dans la façon qu’il a d’être médiocre. Car le successeur du déjà peu reluisant Imaginarium ressemble à du Gilliam sans l’âme. Les gimmicks sont là ; personnages bizarroïdes, cadrage bancal, humour décalé, mais ils ne semblent plus servir aucun propos. Si bien qu’entre des réflexions superficielles et des personnages mal écrits, le film tourne en rond sur fond d’un décor somme toute assez laid – et paradoxalement bien plus que d’autres films plus fauchés du réalisateur. Zero Theorem montre un Gilliam qui s’enlise tristement dans l’auto-caricature.

Martin Souarn

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Deterre

Du sang et des larmes

Peter Berg a beau être un réalisateur lourdingue, Du sang et des larmes n’en reste pas moins un excellent documentaire sur la souffrance du soldat : rarement une bataille en combat rapproché n’aura été filmée (quasiment en temps réel) avec autant de réalisme et d’intensité. Enfin, par son souci de la topographie du terrain et son regard pas si manichéen, Du sang et des larmes en dit mille fois plus sur le bourbier afghan que mille JT de TF1.

François Corda

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Deterre

Arrête ou Je Continue

Voilà donc à quoi peut encore rêver le fameux cinéma d’auteur français disparu depuis quelques années : la simplicité. Arrête ou Je Continue n’est pas « choral », ne se rêve pas plus ricain que les ricains, ne lorgne pas vers la comédie populaire sans avoir l’air d’y toucher. Sophie Fillières croit ici en des ingrédients qui ont fait un temps la gloire de notre cinéma : le jeu d’acteur (Amalric et Devos, sans doute les meilleurs de leur génération) et la précision des dialogues. Le reste (détachement face au drame, situations cocasses et imprévisibles), c’est le bonus qui rend Arrête ou Je Continue si attachant.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Strand of Oaks / heal

C’est un disque coloré et chargé d’émotions, touché par la grâce, même, par endroits. Ca peut-être un solo chaud bouillant de Jay Mascis, ici invité, une mélodie de synthé virevoltante et venue d’ailleurs. Ou alors la voix expressive de Timothy Showalter, look de camionneur, coeur d’or. Heal porte bien son nom.

François Corda

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The Raid 2

Gareth Evans avait deux solutions après le succès (mérité) de The Raid : tenter le coup de la franchise, mais en proposant cette fois un scénario (le premier épisode s’en passait très bien, s’attardant essentiellement sur le ballet des corps), ou bien nous proposer un film tout à fait différent. Malheureusement il a fait le premier choix, encombrant ses scènes de combat toujours aussi inspirées d’une intrigue d’infiltration policière inutilement tortueuse. Le résultat est du coup beaucoup trop long (2h30!!) pour un film qui aurait du/pu rester dans le registre de l’action pure et dure.

François Corda

Sans titre S

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PS I love you / for those who stay

Un petit vent de folie souffle sur ce groupe à la fois lyrique et fonceur. For Those Who Stay est un album de guitares emportées par des rêves un peu rugueux, à l’image du déjà chouette Death Dreams sorti il y a deux ans. Groupe (ou plutôt duo) à suivre !

François Corda

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Colt 45

Mais qu’est-il arrivé à Fabrice du Weltz, réalisateur personnel et inspiré des dingos Calvaire et Vinyan ? Le scénario de Colt 45 portait pourtant de beaux espoirs (la transformation d’un saint en martyr vengeur, l’addiction malsaine aux armes à feux). Ils sont réduits à néant par une mise en scène de téléfilm, des enjeux humains ultra prévisibles et une bande son assourdissante. Le genre de film qui vous flingue une carrière…

François Corda

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Deterre

La Planète des singes, l’affrontement

Alors que La Planète des singes, l’origine surclassait l’original (La Conquète de la planète des singes sorti en 1972) par l’intelligence de son scénario viral et la finesse de son interprétation, La Planète des singes, l’affrontement se perd dans une narration hasardeuse faite d’allers et retours cousus de fil blanc. Le film s’achève comme il a commencé, entretemps les bons sentiments et les scènes de bataille attendues noient le travail impressionnant de motion capture. Les véritables héros du film ce sont eux : les singes et leurs créateurs. Autant revoir le très bon La Bataille de la planète des singes qui, avec beaucoup moins de moyens, laissait planer une ambiance maladive de fin du monde assez unique.

François Corda

Sans titre S

Deterre

White Lung / deep fantasy

La femme est l’avenir de l’homme. Deep Fantasy de White Lung est en effet le meilleur album de punk entendu depuis le dernier Against Me (aussi représenté par une chanteuse). Il y a une certaine jubilation à constater que ce mouvement musical symbole de contestation sociale est désormais représenté par le sexe féminin de la plus belle des manières : White Lung n’a en effet rien à envier aux références du genre en termes d’énergie crachée à la face du monde.

François Corda

lucy S

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Lucy

Lucy est mauvais. Le nouveau-né de Besson a beaucoup de (mauvaises) cordes à son arc : un scénario boursouflé, une idée de base erronée, une mise en scène impersonnelle aux gimmicks ridicules et grandiloquents, des acteurs qui n’en peuvent plus de cabotiner. Pourtant le film a bien une qualité incidente qui sauve la séance : il est si décomplexé dans sa médiocrité caricaturale qu’il en devient involontairement hilarant. Un nanar en somme ; un nanar à 40 millions de dollars.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Lawrence English / wilderness of mirrors

Les ambiances développées par Lawrence English sur Wilderness of Mirrors témoignent d’un savoir-faire absolument bluffant en matière de design sonore, surclassant à ce titre le dernier (pénible) Ben Frost. Une proposition de voyage sidéral, parfois sidérant, auquel il faut ajouter un pouvoir hypnotique certain.

François Corda

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The Salvation

On ne comprend pas bien pourquoi The Salvation existe. Muni d’un scénario cliché et binaire – oeil pour oeil, dent pour dent, Kristian Levring ne semble lui-même que peu convaincu par ce qu’il filme et délivre un western à la fois mou et expéditif. 1h30 à peine au sein d’un genre taiseux qui nécessite un minimum de temps pour que le spectateur ne s’identifie aux enjeux dramatiques et aux personnages (d’autant que The Salvation se pose assez clairement en hommage). A côté de cela, les scènes de fusillades peinent à convaincre tant elles manquent de rythme – elles ne sont pas aidées par une B.O. manquant de subtilité. Enfin, la photographie se veut léchée mais ne réussit qu’à donner l’impression d’un travail de studio forcé. En bref, même la présence de Mads Mikkelsen ne suffira pas à sauver le film de ses trop nombreux défauts.

Martin Souarn

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Enemy

Tiens tiens. On dirait bien que Denis Villeneuve, accompagné d’un vrai scénariste (qu’on se rappelle seulement le « twist again » assez insupportable d’Incendies ou la prétention de Prisoners), exploite enfin un talent que l’on sentait jusqu’à présent étouffé. Ici cette histoire très théorique de sosies réserve quelques beaux moments de trouble et confirme deux choses : Jake Gyllenhaal est vraiment trop rare, et Toronto, une ville très cinégénique.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Caribou / our love

A ce jour le meilleur album de l’année. Our Love, ou l’album de dance anti boîte de nuit, à déguster seul chez soi quand on a un peu le blues. Le travail sur le mixage est ébouriffant, et on retrouve cette finesse dans l’évolution, limpide, des chansons, qui apparaissait déjà dans les précédents travaux de Caribou. Our Love n’est pas une claque, mais une douce caresse, sublime. On tend l’autre joue !

François Corda

Sans titre S

Deterre

Ty Segall / manipulator

Ty Segall a quelque chose d’irritant. Extrêmement prolifique, accumulant depuis 2009 plus d’une dizaine d’albums que ce soit en solo ou avec d’autres groupes, il se paye une réputation de premier de la classe dans la section garage-psyché. Un peu le genre tête-à-claques qui nous fait flairer l’arnaque. Cependant, il réussit avec Manipulator le pari du double-album. Mazette, il semble en fin de compte que celui qui abonde en références et influences a su parfaitement les digérer, car à aucun moment la nausée ne vient poindre au milieu de la multitude de styles abordée (glam, pop, garage, psyché, j’en passe). Un très bon album tout simplement, qui tient amplement la longueur.

Martin Souarn

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Deterre

Les Combattants

Les Combattants fait du bien. Il constitue une belle pulsation sur l’électrocardiogramme quelque peu inerte de 2014, une vision rafraîchissante d’un cinéma léger et rythmé, laissant la place à une tripotée d’acteurs inconnus au bataillon, sachant se faire graves sans pathos. Une bouffée d’oxygène qui annonce le meilleur ; le jeune Thomas Cailley a réussi son pari et s’inscrit sans mal dans la liste des réalisateurs à suivre.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Swans / to be kind

Après un sommet sérieux comme la mort (The Seer en 2012), le groupe de Michael Gira revient avec le même format – deux heures de martèlement en grande pompe – mais Gira semble s’être détendu un brin et s’autoriser des déchaînements vocaux sadiques du plus bel effet. Cette recherche de la transe abrutissante est délectable, et les moments les plus réussis de To Be Kind s’avèrent être les plus malsains. Immense, une fois encore.

Martin Souarn

elleladore1 S

Deterre

Elle l’adore

Avec ce film, Jeanne Herry réussit l’exercice difficile de proposer une authentique tragi-comédie policière. Un scénario malin et des acteurs très en forme (on ne soulignera jamais assez l’impeccable prestation de Sandrine Kiberlain) concourent à faire de cet exercice de style une réussite surprise. Car, sur un canevas pourtant relativement convenu, l’écriture comme la réalisation permettent d’embarquer le spectateur sur de véritables montagnes russes : on hésite en permanence entre le rire, l’inquiétude et le malaise. Ménager ainsi de tel moments de détente au coeur d’une histoire finalement assez sordide n’est pas à la portée du premier venu et rien que pour ça Elle l’adore vaut le détour. Pour ça et pour Tina Turner, que vous ne regarderez plus jamais de la même manière.

Jean-Baptiste Durand

Sans titre S

Deterre

Eno & Hyde / high life

Les morceaux de ce High Life ne vont jamais vraiment nulle part ; ils flottent confortablement en des eaux tranquilles. Ce qui pourrait être un défaut devient une force sous la direction du maître de l’ambiant Brian Eno, qui enveloppe les parties de guitare de Karl Hyde de textures sonores à se damner. Un mouvement bienvenue dans la carrière de Eno, qui s’éloigne ici de ses travaux purement ambiants (comme le Lux de 2012) tout en continuant à appliquer – sur de nouveaux matériaux – le savoir-faire qu’il y a développé.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Electric Wizard / time to die

L’un des disques les plus morbides de cette année 2014, porté par des riffs souterrains et étourdissants. C’est d’ailleurs tout Time to Die qui semble avoir été composé au fond d’un cercueil, des tonnes de terre sur la tête. Le doom d’Electric Wizard n’a plus rien d’apocalyptique, c’est une danse d’âmes déjà damnées.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Clipping / CLPPNG

CLPPNG est tout ce que le Yeezus de Kanye West aurait pu être s’il n’avait pas été autant encombré d’égo et d’effets putassiers. Abrasif et inventif, clipping combine courageusement recherche et terrorisme sonore en alliant un flow extrêmement malléable et rythmé à des instrus et samples à la fois minimalistes et rentre-dedans. Un disque expérimental à l’exécution exemplaire, voilà une chose suffisamment rare pour être portée aux nues.

Martin Souarn

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Deterre

Tonnerre

Tonnerre confirme plusieurs tendances amorcées par Un monde sans femmes. D’abord, la subtilité de Guillaume Brac pour brosser des portraits de gens de son temps, un peu marginaux mais pas trop. Ensuite une volonté de décentraliser le cinéma français (marre de Paris !) : les décors du village et des environs de Tonnerre jouent ici un rôle loin d’être secondaire. Enfin, que Vincent Macaigne est sans doute le meilleur acteur français du moment avec Mathieu Amalric.

François Corda

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Deterre

Mommy

Au sein du format carré (1:1), les personnages du drame familial entourant Diane, Steve et Kyla s’aiment et se détestent, s’étreignent et se déchirent, incarnés par des acteurs stupéfiants et sous-tendus par une belle audace formelle. En cette année de calme plat, la fraîcheur iconoclaste d’un Dolan est un petit miracle. Mommy a beau avoir raté de peu la palme cannoise, il est à cette heure haut la main le film le plus intéressant (et bouleversant) de l’année.

Martin Souarn

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Deterre

Mange tes morts : Tu ne diras point

Avec La Chambre bleue, Arrête ou Je Continue et surtout L’Amour est un crime parfait, Mange tes morts complète un cycle heureux pour le cinéma français en 2014. D’une puissance visuelle inouïe (la photo est magnifique), le nouveau film de Jean-Charles Hue a bien fait de croire dans « ses morts », des gueules cassées, acteurs amateurs, qui ont foi en eux et en une forme d’invincibilité, d’imperméabilité au monde qui les entoure. Le microcosme de ces gitans est fascinant.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Weezer / everything will be alright in the end

C’était inespéré. Quoique… Au milieu d’une décennie moribonde surnageait il y a quatre ans un petit îlot d’espérance, Hurley. Album mineur mais qui avait au moins le mérite de mettre un terme à la dispersion et l’hémorragie mélodique engagées par Make Believe. Everything Will Be Alright in the End est cette confirmation un peu distante qui remet définitivement les pendules à l’heure. Les rois de la power pop, c’est Weezer, un point c’est tout (son de distorsion magique, mini solos eighties totalement décomplexés). Cuomo aurait-il compris qu’il lui fallait tout simplement du temps pour composer ?

François Corda

Sans titre S

Deterre

Flying Lotus / you’re dead !

Avec son sens aiguisé du montage et du mixage, Steven Ellison a.k.a. Flying Lotus laisse ses pièces de jazz électronique flotter dans l’air jusqu’à ce que celles-ci finissent naturellement par s’assembler, comme par magie. Le temps aidant, le sens émerge de lui-même, pour mener à une simple conclusion : You’re Dead ! est un album plein de vie.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Pharmakon / bestial burden

Comment peut-on décemment apprécier Bestial Burden ? C’est la question qui émerge au moment où surgit le hurlement de Margaret Chardiet en forme de décharge primale. On y est agressé, piégé dans le filet des assauts électroniques, saisi par l’horreur des cris. Une question demeure : quel est le sens de ce disque ? Appel à l’aide ou déferlement de haine, hostilité pure ou aveu d’agonie… Une chose au moins est sûre, on aura rarement été autant interpellé par un album cet année : Pharmakon hantera nos cauchemars pendant longtemps encore, au rythme d’une respiration haletante et hallucinée. La transe cathartique n’est pas loin, alors qu’une dernière question fait forme : d’où vient cette envie d’y retourner ?

Martin Souarn

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Enterre

Gone Girl

Après vingt ans de carrière il est encore impossible de dresser un bilan définitif sur l’oeuvre de David Fincher. Un coup c’est (vraiment) bien, un coup c’est dans l’eau. Après le tranchant Millenium, Gone Girl déçoit donc. Le scénario, malgré ses tours et détours, n’a pas grand chose à dire (sinon que l’ajectif salaud donne salope en féminin), et Fincher pas grand chose à montrer de cette banlieue quelconque peuplée de gens quelconques. Si ce n’est une saillie gore surprenante, Fincher semble vouloir s’effacer derrière la prétendue ingéniosité d’un scénario policier de plus, ici pour le moins saugrenu. Après l’adaptation vivante de Millenium, on était en droit d’attendre autre chose.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Chinese Man Records / the groove sessions III

Chaque album de Chinese Man Records invite à écouter et voir le hip-hop différemment. Tout à fait en dehors du « système rap » (dictature de l’apparence et de la vulgarité assumée, pessimisme et catharsis de rigueur), le collectif français, tout en discrétion, nous livre une collection de chansons bon enfant, une forme de rétro hip-hop jouissif et dansant.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Godflesh / a world only lit by fire

Le retour du mammouth Godflesh au meilleur niveau (celui de Hymns, sans aucun doute) a de quoi surprendre tant l’EP sorti quelques semaines plus tôt et les dérives ambient de Justin Broadrick (Jesu) avaient de quoi susciter une triste indifférence. Tout est pardonné avec A World Lit Only By Fire : crasseux, froid, Godflesh revient sur le devant de la scène du métal maladif avec une facilité déconcertante.

François Corda

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Enterre

Young Ones

Young Ones est à l’image de la terre de son héros : fertile, sans doute, mais il lui manque l’essentiel, l’eau. Autrement dit, à force de semer ses graines dans tous les sens (western, drame, science-fiction), Young Ones ne récolte nulle part parce qu’il lui manque l’essentiel, une force vitale, un liant qui va donner corps aux idées, bien présentes, de son réalisateur. C’est dommage parce qu’il suffit à Jake Paltrow de quelques trouvailles visuelles assez riches (un champ vert en plein désert, une machine dotée d’un fond d’humanité, une tétraplégique tirée par des fils comme un pantin) pour maintenir un intérêt, soit distant, mais intriguant.

François Corda

horns S

Deterre

Horns

Si Horns tient la route malgré ses nombreuses intentions (drame, fantastique, horreur, onirisme), c’est qu’Alexandre Aja les déroule avec beaucoup de fluidité et un vrai sens du tempo. Non content de créer là l’un des plus beaux monstres de cinéma, le réalisateur français a trouvé dans les environs de Vancouver l’écrin parfait pour développer son histoire tortueuse et mélancolique, peuplée de dégénérés qui s’ignorent.

François Corda

Sans titre S

Deterre

A Winged Victory For The Sullen / atomos

Du violoncelle… Voilà tout (ou presque) ce qu’il faut au duo de A Winged Victory for the Sullen pour concocter un des albums les plus apaisants entendu cette année. Des suites de cordes qui se balancent doucement, comme tanguerait une barque sur une mer calme. Il n’est pas besoin d’en dire plus ; le dépouillement minimaliste d’Atomos n’appelle pas à de grandes phrases mais plus à de longs soupirs libérateurs.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Pink Floyd / the endless river

Avec le recul, l’identité Pink Floyd c’est Gilmour, Waters, Mason et Wright, point. Tout simplement parce que, historiquement, c’est le line-up qui a tenu le plus longtemps : dix albums en tout. Un avant (avec Syd Barrett), trois après, et puis ce Endless River, avec seulement deux rescapés et un fantôme, Richard Wright. Est-ce Pink Floyd par conséquent ? Non. Pour autant il s’agit là d’un beau disque d’ambient, heureusement sobre (les deux précédents essais menés par Gilmour avaient de quoi faire peur) et finalement surprenant. Il y aurait eu la guitare de Gilmour ET son chant, les choses auraient été différentes. Ici Gilmour ne parle que par sa six cordes et laisse une très belle place aux claviers de Wright, souvent majestueux. Un chant du cygne curieux, entre hommage et lâcher-prise. Gageons qu’avec Waters, le disque aurait été formidable. Mais les absents on toujours tort…

François Corda

Sans titre S

Deterre

The Twilight Sad / nobody wants to be here & nobody wants to leave

Belle réception critique pour un disque romantique qui, derrière ses aspects un peu frustres (l’accent écossais, les paroles parfois un peu limites, la rythmique qui ne fait pas dans la dentelle), révèle de vrais diamants sombres. A écouter sur le Loch Ness, tandis que sa bien aimée disparaît dans les eaux noires du lac…

François Corda

Sans titre S

Deterre

Royksöpp / the inevitable end

Avec « Monument », Royksöpp trouve là l’un des plus envoûtants singles de l’année et nous rappelle qu’en termes de dancefloor soufflant le froid et le chaud, ils n’ont pas d’équivalent. The Inevitable End est à l’avenant, installant patiemment un climat assez unique, doux et tranchant à la fois. Norwegian touch !

François Corda

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Eden

Si une bonne direction d’acteur peut sauver un film, l’inverse est tout aussi à même de le plomber. Ainsi ceux de Eden sont pour la plupart amorphes et même ceux ayant fait leurs preuves ailleurs (Vincent Macaigne notamment) ne semblent pas au mieux de leur forme. Difficile ainsi de donner vie à une histoire qui traite avant tout de la dérive et de la stagnation ; le principale protagoniste semble n’avoir que faire de ce qui lui arrive, du coup nous non plus. Dommage, car l’errance d’un DJ au temps de la French-Touch des nineties est un beau sujet. Le film vaut en fin de compte surtout pour sa B.O., c’est le minimum.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Rien / EP1

Pour leur chant du cygne, les grenoblois de Rien ont mis le paquet. La virtuosité est au rendez-vous, toujours mise au service de compositions invitant à des voyages à la force de suggestion imparable. Résumant leur carrière en un mouchoir de poche, cet ultime EP, 1, joue subtilement sur différents registres ; mélancolie, apaisement, allégresse, et finalement recueillement… mais non sans humour, comme toujours. Rien est mort, vive Rien.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Iceage / plowing into the field of love

Les Danois de Iceage ont révolutionné leur petit monde sur leur dernier disque ; les voilà dandys ! Leur punk enragé se pare désormais d’arrangements aux petits oignons ; piano, cuivres et cordes, qui subliment des compositions de très haute volée exécutées avec une frénésie affolante. Un écrin parfait donnant à la sale voix de Elias Bender Ronnenfelt l’occasion de briller, entre éructations et halètements. Un sommet inattendu de punk classy.

Martin Souarn

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Deterre

Alleluia

Alleluia signe le retour du vrai Fabrice du Weltz (après l’accident Colt 45, sorti cette même année) : cafardeux, grotesque, et glauque jusqu’au bout des ongles. On pourrait presque parler de trilogie Calvaire/Vinyan/Alleluia, tant le réalisateur belge trace une ligne qui lui est propre, que ce soit en termes de photographie, de thématique (la folie) ou de mise en scène (grand écart entre audace franche et classicisme). Alleluia nous rappelle aussi à quel point Laurent Lucas reste un acteur trop rare : à la fois esclave et meneur, il trouve ici l’un de ses plus beaux rôles.

François Corda

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The Knick

Soderbergh à la retraite ? À d’autres ! Le cinéaste revient se poser derrière les caméras avec une série médicale/historique : The Knick. Le 1900 de Soderbergh est clinique ; froid, sombre, glauque, ceux qui s’y agitent doivent cultiver d’une manière ou d’une autre leur part sombre s’il veulent survivre. En bon perfectionniste, le réalisateur s’occupe lui-même de la confection des dix épisodes (réalisation, son, direction photo, sous divers pseudonymes). Cela se voit ; cette constance derrière la caméra confère à la série une cohérence rare dans l’enchainement des évènements qui ponctuent la vie du Dr. Thackery (magistral Clive Owen) et des autres membres de l’hôpital Knickerbocker. Et si on pourrait relever quelques facilités de scénario par-ci par-là, on ne saurait s’en formaliser tant la forme, justement, est exemplaire.

Martin Souarn

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Deterre

Night Call

Contre toute attente, la force de Night Call ne réside pas dans le traitement de son sujet, à savoir « jusqu’où peut-on aller dans la quête du scoop ? ». Celui-ci cultive un côté trash trop appuyé, parfois sans autre raison que le plaisir de remuer le spectateur, et une résolution presque magique qui frise la caricature. Non, ce qui fait que le film de Dan Gilroy constitue un bon moment de cinéma est plutôt à chercher ailleurs. Du côté d’un rythme admirablement bien géré d’une part, et d’autre part d’une performance d’un Jake Gyllenhaal magnétique et complètement hallucinée ; on ne sait pas bien où s’arrête la psychologie fouillée et où commence la comédie parodique pure et simple, mais une chose est sûre : on ne peut rester insensible face à pareille incarnation de ce personnage.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Clark / clark

Après deux échappées un peu plus rêveuses, parfois acoustiques sur les bords, Chris Clark et son électronique bondissante reviennent en cognant dur. Très au-delà du retour surmédiatisé de son compatriote Aphex Twin, Clark s’offre comme une belle synthèse de l’éclectisme de son auteur.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Alex G / DSU

On ne criera pas au génie, le nouveau Grandaddy n’est pas encore arrivé. Mais comme artiste lo-fi cool et tristounet, Alex G s’impose avec une certaine évidence. En matière de désinvolture poppy on préferera donc DSU au dernier album de Mac DeMarco.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Tim Wheeler / lost domain

Tim Wheeler, leader de Ash, est un excellent forain de la pop. Mais ce n’en est pas moins un forain. D’où la surprise de le découvrir ici en costard, gominé, visage de marbre sur la pochette de ce premier album solo intitulé Lost Domain. La finesse de son titre d’introduction, instrumental s’il vous plaît, en est une autre. Le disque est plutôt à l’avenant (un morceau de 10 minutes, un esprit symphonique qui s’accorde pour une fois plutôt bien à l’esprit rock). On ne peut que se réjouir de cette prise de risque assez grisante vis-à-vis de son groupe, qui a pris, depuis plus de dix ans, l’habitude de dérouler sa power pop avec une vraie efficacité mais sans trop se poser de questions.

François Corda

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Les Ascensions de Werner Herzog

Dans ses documentaires, il n’est pas rare qu’Herzog trouve plus fou que lui. Dans La Soufrière, c’est pourtant lui qui met délibérément sa vie et celles de son équipe en danger en filmant ce volcan dont l’éruption est imminente. Ses plans d’une ville hantée par un départ précipité de la population sont empreints d’une mélancolie un peu étrange. Gasherbrum, la montagne lumineuse : au-delà des paysages évidemment magnifiques, c’est Reinhold Messner qui est clairement l’attrait principal d’Herzog. Cet alpiniste allemand fait partie de ces caractères déviants qu’Herzog affectionne par dessus tout, et le réalisateur bavarois n’a pas son pareil pour saisir chez ces personnages marginaux des moments saisissants d’humanité.

François Corda

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Deterre

Eastern Boys

Grand oublié des tops de 2014, le deuxième film de Robin Campillo (après Les Revenants en 2004) est pourtant un nouvel exemple de parti pris formel et scénaristique réellement original. Le réalisateur prend à bras le corps et avec beaucoup de tendresse (sans jamais rien sacrifier au réalisme) deux sujets contemporains, l’homosexualité et les roms. La bande originale d’Arnaud Rebotini et la qualité des acteurs contribuent largement à la réussite d’Eastern Boys, un drame urbain à la beauté lunaire.

François Corda

2013

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Blackbird

Blackbird fait écho à l’incroyable série Making a Murderer dans sa description acide d’une justice (et d’une société) Américaine incapable de gérer ses marginaux, gangrénée par l’impossible et dépassée American Way of Life. Aussi à l’aise dans la douce intimité que dans la violence psychologique, Blackbird fait figure de drôle d’oiseau dans le paysage cinématographique indé Américain.

François Corda

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Deterre

Tel père, tel fils

La découverte tardive d’un échange de bébés à la naissance est un sujet propice aux questionnements sur les différents modèles familiaux. Lorsqu’il s’agit de choisir entre garder son fils en sachant qu’il n’est pas biologiquement de soi ou l’échanger malgré tout ce qu’on a pu placer en lui, c’est une véritable remise en question de ses propres valeurs qui est en jeu. Dans Tel père, tel fils, Kore-eda applique à cette vaste problématique un traitement tout en sobriété et en finesse, sans prétendre lancer un pavé dans la mare. Le japonais tricote ainsi une belle histoire, juste et humble, un beau portrait plein d’espoir au sein d’une société marquée du sceau de la rigidité.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Mutual Benefit / love’s crushing diamond

Sans hésiter, l’album folk de l’année. Love’s Crushing Diamond est comme protégé par une brume fine et délicate, les mélodies, d’une douceur confondante, faisant le nécessaire pour nous emporter dans son sillage. Super planant, super apaisant.

François Corda

sal S

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Les Salauds

Derrière l’évident savoir-faire technique de Claire Denis se cachent (mal) une prétention mal placée, des dialogues artificiels et une direction d’acteurs calamiteuse malgré un casting de rêve. Les Salauds n’a ni queue ni tête, c’est un juste un mauvais téléfilm déguisé en thriller intello.

François Corda

2-automnes-3-hivers S

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2 automnes 3 hivers

La grande force de 2 automnes 3 hivers réside en sa manière atypique de raconter une histoire tout aussi faussement banale qu’illusoirement exceptionnelle. Il s’agit d’une chronique amoureuse pleine d’autodérision et de clairvoyance. Très située dans un contexte parisien, les nombreux clins d’oeils au spectateur en témoignent. La présence des acteurs principaux, et particulièrement de Vincent Macaigne, participe d’un mouvement qui ne s’essouffle que rarement. Une oeuvre étonnante car drôle et grave à la fois.

Jacques Danvin

IMMIGRANT-articleLarge S

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The Immigrant

Dans la filmographie de James Gray, The Immigrant a le mérite de confirmer des leitmotivs tout en les déplaçant. Ainsi du triangle amoureux par exemple, ou de l’immigration, ou encore des points de croisements entre les réseaux mafieux et policiers. Inscrit dans un cadre historique nouveau (les années 20 à New York), ce film fait indéniablement travailler différemment le regard de Gray. Mais la distance induite par ses procédés de réalisation qui empêchent l’identification, et le glissement permanent des enjeux du film laissent un peu circonspect. Le spectateur débarque dans un monde qui n’est pas si nouveau pour lui, dont la part de rêve reste fugace, et dont la principale menace tient au vague ennui qu’il engendre.

Jacques Danvin

Sans titre S

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Détroit / horizons

Où l’on découvre que Cantat est désormais plus à l’aise dans le registre des ballades (« Droit Dans Le Soleil » notamment, qui sait s’effacer musicalement pour mieux sublimer les intonations subtiles du chant) que du rock, ici un peu balisé.

François Corda

Sans titre S

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M.I.A / matangi

On ne connait pas les raisons pour lesquelles Matangi est sorti très en retard, mais tout laisse penser que, dans ce cas précis, trop tard est encore trop tôt. M.I.A. peine à cacher par un vacarme assourdissant la vacuité de ses chansons, ces dernières reposant la plupart du temps sur des beats hip-hop pour le moins agressifs et primaires. Pas loin d’être le flop de l’année…

François Corda

Sans titre S

Deterre

Burial / rival/dealer

Burial clotûre l’année en beauté après un Truant/Rough Sleeper très inégal. Toujours ces bribes de morceaux synthétiques et hantés qui s’articulent a priori de façon anarchique. Mais cette fois l’ensemble s’entrelace avec une telle délicatesse qu’on est enchanté.

François Corda

boat S

Deterre

All Is Lost

Le parallèle entre Gravity et All Is Lost est saisissant : dans les deux cas, on met l’homme face à l’immensité et on l’observe avec passion se débattre en milieu hostile. C’est apaisant, d’une profonde mélancolie, et au final, régénérant. Parce que c’est une expérience qui ramène l’homme à ce qu’il est : une petite chose de rien du tout, animée par une puissance qui nous dépasse dès lors qu’il s’agit de survivre.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Kaboom Karavan / hokus fokus

Incroyable travail que ce Hokus Fokus des très méconnus Kaboom Karavan. Leur ambient sauvage paraît venu d’un autre temps et semble décrire les rites étrangers à notre compréhension d’une culture dissimulée depuis toujours. On saluera enfin l’introduction toujours subtile de mélodies bienvenues qui animent sensiblement leurs compositions atypiques. Un voyage sans précédent !

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Vista Chino / peace

On ferme les yeux, on oublie qu’on est en 2013 et qu’est-ce qu’on entend ? Kyuss, c’est bien eux ! Sauf que non, leur guitariste légendaire, Josh Homme, est absent, toujours chez les (désormais) mous Queens Of The Stone Age. A se demander si, finalement, Kyuss n’était pas seulement John Garcia, chanteur au charisme incandescent… Une drôle de résurrection, entre mimétisme et foi indéracinable dans la chose stoner.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Future Of The Left / how to stop your brain in an accident

Totalement décomplexés, les gallois de Future of the Left nous renvoient joyeusement aux grandes heures du punk hardcore dans ce qu’il avait de plus jouissif. Les Dead Kennedys ne sont jamais loin, et l’activisme politique du groupe se traduit sur disque de façon suffisamment burlesque pour le rendre sympathique. Dans tous les cas, How To Stop Your Brain In An Accident est une véritable déflagration sonore, qui se paie en plus le luxe d’être mélodiquement impeccable…. Chapeau bas.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Son Lux / lanterns

Son Lux excelle dans l’art de transcender un simple motif mélodique en faisant graviter autour une véritable jungle de sons. Avec Lanterns il produit son oeuvre la plus équilibrée à ce jour en parvenant, chose rare, à mettre entièrement ses trouvailles sonores au service de ses compositions sans sombrer dans la luxuriance gratuite.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Roy Harper / man & myth

Roy Harper est un vieux de la vieille ; en matière de folk il connait son affaire. Doué d’un excellent savoir-faire acoustique et électrique, le chanteur guitariste propose avec Man and Myth (22ème album studio tout de même) une belle collection de longs morceaux folks progressifs à tiroirs.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Ka / the night’s gambit

Le hip-hop crépusculaire de The Night’s Gambit se susurre à l’oreille, se dilue dans l’air vicié de la côte est. Les instrumentations, soutenues par des percussions discrètes, jouent le jeu du flow fatigué et félin de Ka. Beau disque sombre en somme.

François Corda

GRAVITY S

Deterre

Gravity

On n’aurait jamais pu penser qu’un film se déroulant dans l’espace pourrait dégager autant de poésie. Gravity est un gigantesque ballet suhumain, un spectacle total (la 3D est tout simplement sublime), qui défie aussi toutes les règles narratives de ce genre de films, habituellement dévolus à la science-fiction.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Jay-Jay Johanson / cockroach

Cockroach signifie cafard. Cela semble assez bien correspondre aux états d’âme de Jay-Jay Johanson, qui, depuis quelques disques, s’enfonce inéxorablement dans des eaux de plus en plus troubles, à l’image du superbe « Forgetyounot », hanté par des notes graves de piano éparses et un beat crapoteux. On admire la capacité du suédois à suivre sa voie tout en se remettant perpétuellement en question, sacré artiste décidément.

François Corda

Sans titre S

Deterre

The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band / alabama monroe OST

La bande originale d’Alabama Monroe est certes magnifique par la manière dont elle rythme et accompagne le film, mais elle vaut également son pesant d’or en tant que disque isolé. Les chansons, majoritairement des reprises de classiques country ou bluegrass, sont allègrement transcendées par le groupe d’acteurs musiciens. Une belle collection d’histoires tristes chantées avec un grand sourire.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Hypo & EDH / xin

Xin est un album d’électro-pop qui fait du bien, qui ne cède pas à l’hyperproduction et nous soumet ses chansons comme autant de petites aventures soniques et dansantes. Bref un autre joli coup de ces franc-tireurs français dont la carrière déjà bien remplie nous a toujours enchanté.

François Corda

la-bataille-de-solferino S

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La Bataille de Solférino

Clairement, Justine Triet impose un style, entre frénésie, drame et comédie, qui lui est propre. Les acteurs (enfin des nouvelles têtes !) sont tous formidables et l »exploitation du cadre documentaire de l’élection de 2012 donne lieu à des scènes purement surréalistes qui font basculer (le couple de) La Bataille de Solférino de l’excitation à la gueule de bois en deux temps trois mouvements. Ajoutez à cela le sens aigu de mise en scène de Triet, aussi à l’aise dans la foule que dans l’intimité d’un appartement, et vous obtenez l’un des meilleurs films de 2013.

François Corda

Sans titre S

Enterre

MGMT / mgmt

On savait les MGMT capables de se renouveler artistiquement, ce qu’ils font avec ce nouvel opus éponyme. En revanche, on ne les croyait pas capables d’aller s’enterrer dans l’expérimentation sonore au point d’en oublier de composer des chansons avec des mélodies. C’est bien dommage, car le résultat sonne comme du sous Flaming Lips (période Soft Bulletin) pour un disque qui nous très rarement hausser le sourcil. Une grosse déception de la part d’un groupe ayant par le passé proposé une pop nostalgique éminemment inventive.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Clark / feast/beast

Qu’elle soit remixée ou qu’elle remixe d’autres artistes, la musique de Clark reste du Clark. Ce qui prouve que l’anglais a définitivement son monde a lui. Ce double-album, remarquablement équilibré entre bastonnades techno destructurées et ambient sombre, industrielle, pourrait faire office d’une belle rétrospective de la carrière déjà bien avancée de ce manipulateur de sons hors-pair.

François Corda

After-Earth-02 S

Deterre

After Earth

En regardant After Earth on a peine à comprendre l’accueil abominable que lui ont fait subir la presse et le public. Scénario écolo plutôt malin (évoquant en partie Le Monde Vert d’Aldiss) dans lequel Will Smith laisse, par un joli geste symbolique, toute la place à son fils, scènes d’action franchement réussies, décors somptueux, mise en scène audacieuse… On peut dire qu’After Earth aurait tout à fait convaincu s’il n’avait pas cédé dans le dernier quart d’heure à un abrutissement puritain et une prévisibilité ennuyeuse.

François Corda

Sans titre S

Deterre

The Field / cupid’s head

Cupid’s Head n’est pas le monument techno attendu. Après un sans-faute de trois albums indissociables, le suédois derrière The Field lève un peu le pied, son groove se montre parfois moins percutant… Cupid’s Head n’en reste pas moins un disque électronique honorable, qui conserve encore une certaine capacité à saisir l’auditeur sur place.

François Corda

Sans titre S

Deterre

MONEY / the shadow of heaven

La foi de Money est contagieuse. The Shadow of Heaven, premier album du quatuor, est lardé de réverb et de claviers… mais également de silence. Et c’est là que le groupe marque des points ; lorsqu’il parvient à faire entrer le chant pastoral de Jamie Lee en résonance avec le vide sonore alentour. Beaucoup de préciosité et de contemplation certes, mais également pas mal de talent, avec des compositions qui tiennent la route et un disque cohérent baigné dans une atmosphère apaisante.

Martin Souarn

Sans titre S

Enterre

Janelle Monae / the electric lady

Interminable album de R’n B dans lequel les vocalises de Janelle Monae se révèlent vite horripilantes. Restent des instrumentations honnêtes et gentiment groovy qui rendent The Electric Lady supportable. Un buzz de plus à oublier très rapidement.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Oliver Wilde / a brief introduction to unnatural light years

Puisant très largement dans les sixties psychédélique, dans le catalogue shoegaze des nineties et même occasionnellement chez les outsiders de The Books, A Brief Introduction -bien que référencé- parvient néanmoins à proposer un catalogue plaisant et original de chansons douces. Très produit, le disque tisse des ambiances propres à adoucir nos moeurs.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Pixies / EP1

Après vingt ans de silence discographique, les Pixies reviennent pourtant avec une fraîcheur surprenante. Le combo s’est calmé mais la voix de Franck Black et ses mélodies décousues, tendues à l’occasion, laissent toujours une empreinte durable dans le cerveau. Pas de doute, c’est de la pop, et de la bonne !

François Corda

Sans titre S

Enterre

Nine Inch Nails / hesitation marks

Il fallait du courage, et beaucoup de respect pour l’oeuvre de Trent Reznor pour persister dans l’écoute de cet Hesitation Marks ! Il faut dire que, depuis le virage pris par l’américain (l’électronique prenant le pas sur les guitares et le piano) il y a quelques années, on n’a jamais été réellement convaincu par ces compositions plutôt décharnées, mélodiquement assez faibles. Hesitation Marks ne fait rien pour nous rassurer, l’ennui est toujours bien présent malgré une production impeccable et un sleeve rappelant (beaucoup) celui de The Downard Spiral… On en vient à regretter amèrement la rage et les audaces des premiers opus.

François Corda

Sans titre S

Enterre

Placebo / loud like love

Le (maigre) espoir que suscitait Battle Of The Sun se retrouve anéanti par ce Loud Like Love incroyablement insipide. Curieusement ce nouvel album ne pêche pas pour les mêmes raisons (la grandiloquence entre autres) que les deux précédents, il est plutôt sobre. Mais son incapacité à développer la moindre émotion et son calibrage ostentatoire en font un produit sans aucun intérêt.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Pure Bathing Culture / moon tides

Réverbérations, ambiances élégiaques, voix angélique, bienvenue dans la dream pop ! Bien sûr Beach House s’est imposé récemment comme le leader du genre mais il serait injuste de considérer que Pure Bathing Culture en est un cousin pauvre. Moon Tides a pour lui un sens du groove particulier et une diversité dans les compositions qui le distingue suffisamment des derniers albums de Beach House pour qu’on les prenne au sérieux.

François Corda

20130814-AHijacking S

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Hijacking

De toute évidence Hijacking n’est pas un grand film. On ne sent pas de réel projet de mise en scène derrière cette « histoire vraie » relatée à l’écran dans un (trop) grand classicisme. Pas de surprise donc, mais il faut reconnaître au réalisateur Tobias Lindholm un certain talent dès lors qu’il filme les arcanes bureaucratiques de la négociation. Dès lors on se prend à rêver à un film en pur hors-champ, dans lequel tout ce qui se passe sur le bateau détourné serait invisible…

François Corda

grand-central S

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Grand Central

Grand Central est une œuvre frustrante tant elle semble renoncer pas à pas à suivre sa pente naturelle, à savoir une narration plus clairement elliptique et non-explicative. En effet la tension très perceptible du début ne fait que s’étioler au fur et à mesure que le film avance. Le meilleur de l’œuvre réside clairement dans l’introduction qui trouve un rythme entraînant grâce à ses ellipses et aux atmosphères de groupe qui fonctionnent vraiment bien. Ainsi la situation dramatique est bien posée et les principes de montage alterné également, favorisant les allers-retours entre les scènes dans la centrale et celles en-dehors. Mais le gros point noir qui progressivement fait perdre au film sa force est le traitement psychologique des personnages et les dialogues amoureux pas toujours inspirés. Dans la durée cela devient un peu scolaire, et les acteurs semblent alors assurer le coup, tout bonnement, sans plus prendre de risque. Dommage. Car ce cinéma-là qu’on sent maturer chez Rebecca Zlotowski, c’est un cinéma du risque, assurément.

Jacques Danvin

passion S

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Passion

Retour en force de De Palma après un (très) long passage à vide. Le fond très froid de ce thriller classique convient très bien à son sens de la forme (cf. le passage éblouissant en split screen du meurtre) et à son acuité sur la chose érotique, ici omniprésente.

François Corda

magicmagic3 S

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Magic Magic

Quel gachis que ce film de Sebastiàn Silva… Le réalisateur était pourtant parvenu à installer dans ce paysage insulaire sud-américain une atmosphère lourde et une tension palpable. Seulement Silvà s’évertue à disposer de façon erratique de faux-indices à la compréhension de la pathologie du personnage d’Alicia, pour une heure et demi plus tard nous dessiner une fin si grotesque qu’elle annule purement et simplement les enjeux soulevés auparavant. Un film bancal en somme, auquel on concède une belle photographie et une performance exemplaire de Juno Temple.

Martin Souarn

Sans titre S

Deterre

Grant Hart / the argument

Bordélique, inégal, trop long, The Argument n’en est pas moins attachant ! De par son parti-pris amateuriste (rythmiques approximatives notamment), ses mutations de voix (parfois proche de celle de Bowie), et puis son talent mélodique qui fait parfois des merveilles, Grant Hart nous arrache sa sympathie.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Kanye West / yeezus

De prime abord très irritant par son acharnement à surtout ne pas faire comme tout le monde, Yeezus finit bizarrement par convaincre pour les mêmes raisons. A savoir que le n’importe quoi dont use et abuse le rappeur américain confine parfois au sublime. L’expérience est usante, mais il faut reconnaître à Kanye West un certain culot qui fait du bien.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Pet Shop Boys / electric

Il y a indéniablement un côté vulgaire dans la dance des Pet Shop Boys mais sur Electric le duo démontre un certain savoir-faire dans l’art de tisser des mélodies entêtantes et des rythmes entraînants. Et n’est-ce pas tout ce qu’il faut demander à la dance ?

François Corda

Sans titre S

Deterre

Fuck Buttons / slow focus

Fuck Buttons parvient avec Slow Focus à s’extirper de l’impasse dans laquelle ils s’étaient engagés avec l’opportuniste Tarot Sport (2009). Tout simplement parce que, désormais, les beats sont devenus un véritable élément propulseur de leur musique synthétique noisy, et non un simple accompagnement. Slow Focus est à ce titre étonnamment groovy et, l’on pourrait dire, la vraie suite honorable de l’impressionnant Street Horrrsing de 2008.

François Corda

world warz S

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World War Z

Il n’y avait strictement rien à attendre de la part de Marc Forster, faiseur hollywoodien pour le moins médiocre. Néanmoins, le livre de départ valant le détour, on pouvait légitimement se demander comment il allait être adapté à l’écran étant donné le nombre de caractères et de lieux témoignant de cette fameuse « guerre des zombies ». Intelligemment, les scénaristes ont choisi l’humilité, une humilité qui sauve certainement le film du naufrage. World War Z doit donc s’apprécier, non comme un réel compte-rendu des faits ou un survival, mais plus comme une quête (trop) rapide, de l’origine du virus. En ce sens le film se révèle efficace, parfois haletant, avec les séquences « à couper le souffle » de rigueur, et un sens de la bougeotte plutôt agréable. Tout cela n’a absolument aucune relief mais en tant que divertissement pur jus cela reste tout à fait correct.

François Corda

frances S

Deterre

Frances Ha

Frances Ha est un objet singulier, assumant sans complexe son côté tronqué, décousu, en quête d’équilibre. S’appuyant sur un chapitrage narratif en saute-mouton dont la logique suit celle des déménagements de Frances entre différentes villes / quartiers et appartements, Noah Baumbach et Greta Gerwig (qui interprète avec bonheur l’héroïne) proposent une temporalité flottante ponctuée de situations dédramatisées par l’humour mais réellement lourdes et compliquées. Le voyage auquel est invité le spectateur offre non seulement de beaux paysages (les relations humaines indispensables et fortes, l’attachement nocif et déterminant, la difficulté de s’enraciner et la beauté de se mouvoir), mais aussi une belle destination (l’affirmation de soi, fragile mais décisive).

Jacques Danvin

Sans titre S

Deterre

Sigur Ros / kveikur

Retour en forme de Sigur Ros après le soporifique Valtari. Le combo n’a pas vraiment changé sa formule mélodique mais plutôt ses atours, ici assez proches de l’industriel. De fait, dès lors que Sigur Ros habille ses compositions d »une section rythmique pesante et originale c’est très convaincant. Kveikur est malheureusement un peu trop inégal pour séduire en totalité mais il y a beaucoup de raisons d’espérer pour l’avenir du groupe, toujours ambitieux.

François Corda

sho S

Deterre

Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir

Kurosawa délaisse très vite le thriller qu’aurait pu devenir son film pour embrasser une forme poétique charmante, laissant la place à des plans de toute beauté. Dommage que l’ensemble soit aussi programmatique (les deux histoires semblent un peu artificielles) voire édifiant (psychologie un peu sommaire des personnages).

François Corda

bling S

Enterre

The Bling Ring

Incapable de prendre de la distance par rapport à son unique sujet de travail (l’adolescence), incapable d’assumer une position véritablement à charge contre l’éloge permanent du vide qu’est notre société moderne, Sofia Coppola réalise avec The Bling Ring un film à l’image de ses protagonistes : creux, superficiel et ennuyeux. En ce sens, ce film est un double échec et s’avère faible aussi bien d’un point de vue purement artistique que d’un point de vue intellectuel. Un immense gâchis quand on se remémore les débuts si prometteurs de la réalisatrice.

Jean-Baptiste Durand

Flight_2-crash S

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Flight

Robert Zemeckis confirme avec Flight son statut d’entertainer haut de gamme. Direction d’acteurs impeccable, sens du récit et de sa musicalité, scènes intimistes ou d’action également réussies, bref on sent le réalisateur parfaitement à l’aise. On peut déplorer que les cinq dernières minutes cèdent à une moralisation trop univoque mais dans l’ensemble Flight est un beau portrait d’homme, mi-héros, mi-lâche, comme on n’en voit trop peu au cinéma.

François Corda

Sans titre S

Deterre

Black Sabbath / 13

Le temps semble s’être suspendu entre le dernier bon album de Black Sabbath (disons Sabotage, en 1975) et ce 13 qui réussit le petit miracle de sonner instantanément comme un bon vieux classique de heavy metal. La production musclée de Rick Rubin est une fois de plus too much, mais franchement, quel plaisir !

François Corda

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Deterre

Real Humans (saison 1)

Parfaitement scénarisé, sociologiquement intéressant (et sans concessions) et peuplé de bonnes influences (Cronenberg et Isaac Asimov notamment), cette première saison de Real Humans a le grand mérite, malgré quelques facilités dans la réalisation et l’enrobage (les flash-backs pesants, la bande-originale de supermarché), de former une entité cohérente et indépendante.

François Corda

Sans titre S

Deterre

John Murry / the graceless age

Rares sont les premiers albums qui transpirent tant la maturité ! En l’espace de dix chansons à peine, l’Américain – dont la voix bourrue rappelle celle du « Boss » Springsteen – gagne ses galons de songwriter émérite. Un disque empli de spleen, de choeurs et de bottleneck qui grandit avec les écoutes. Tandis que l’on s’approprie petit à petit le récit douloureux des épisodes de vie de John Murry, on se prend à penser que le Mississippi -avec notamment la sortie en salles de Mud le mois dernier- n’a pas fini de laisser de belles pépites sur ses rives.

Martin Souarn

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Gatsby le Magnifique

Dans son adaptation du roman de Scott Fitzgerald, Baz Luhrmann met une fois de plus en lumière l’ambivalence de son procédé de traitement cinématographique. Ainsi, les détails et dialogues du livre sont respectés à la virgule près (on se souvient également de Romeo + Juliette, interprété intégralement en ancien anglais) tandis que la réalisation s’autorise tous les excès propres au réalisateur : mise en scène façon clip publicitaire, B.O. bling bling (Jay-Z à la production), montage ultra-rapide et épuisant, etc. Moins exubérant que Moulin Rouge néanmoins, Gatsby le Magnifique sait par moments se parer d’une sobriété bienvenue qui nous sauve de l’indigestion pure et simple. En somme, un film en toc presque touchant.

Martin Souarn

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Mama

Mama file une belle trousse, c’est indéniable. Il y a un travail sur les formes monstrueuses assez admirable, des effets spéciaux à tomber. Mais jamais le réalisateur ne semble s’intéresser à ses personnages, et plus grave, la peur est diluée dans un récit inutilement tortueux, ponctué de situations téléphonées.

François Corda

julian-roman-poelsler S

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Le Mur Invisible

Très fidèle au roman de Marlen Haushofer, Le Mur Invisible dégage une puissance picturale hors normes. Exactement ce que l’on rêvait : mettre des images sur les descriptions élégiaques de l’auteur autrichienne. Ce retour brut à la nature, filmé avec beaucoup de sobriété par Julian Pölsler inspire, tout comme le roman, une grande sérénité, malgré la profonde mélancolie qui l’irrigue.

François Corda

Reves-d-or-la-critique_article_landscape_pm_v8 S

Deterre

Rêves d’or

Rêves d’or joue la carte du réalisme documentaire cru, réussit une ellipse magique, et nous entraîne au bout du désespoir de son road trip. Et ces trois jeunes gens qui croient encore au rêve américain sont très touchants. Dommage que les enjeux humains soient un peu balisés…

François Corda

HANNAH-ARENDT-1702_0 S

Enterre

Hannah Arendt

Le (pseudo) cours de philosophie filmé par Margarethe Von Trotta, ce n’est pas vraiment du cinéma. Juste du mauvais théâtre figé, tristement académique. Il semblerait que le biopic en cire ait encore quelques beaux jours devant lui, quel malheur !

François Corda

ice S

Enterre

The Iceman

Concours de postiches pour le pauvre Michael Shannon qui se retrouve, comme ses brillants collègues (Winona Ryder et Ray Liotta au top), emportés dans un biopic potentiellement éléphantesque et qui accouche d’une souris. La faute à une réalisation tape-à-l’oeil qui range par la même occasion tous les enjeux au placard (la gestion de sa vie de famille, notamment). Du parcours hallucinant de ce serial killer pater familias on ne retiendra donc que quelques trop rares moments de troubles. Pour le reste ça ronronne et ça moumoute.

François Corda

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