LES ÉTERNELS (ASH IS PUREST WHITE)
Jia Zhang-ke

EnterrePetit coup de mou de Jia Zhang-ke après les impeccables A Touch of Sin et Au-delà des montagnes. Si le personnage de Qiao est admirable à la fois de pudeur et de détermination, on reste plus circonspect quant à la relation qu’elle noue avec le caïd Bin, finalement un pauvre type un peu lâche et décharné. La grande fresque lyrique promise nous laisse un peu sur notre faim.

Finalement, Les Eternels vaut bien plus en tant que portrait féministe au sein d’une Chine tiraillée entre traditions et occidentalisation qu’en romance tristoune qu’on aurait espérée plus tumultueuse et/ou détraquée. Reste l’évidente maestria d’un réalisateur aussi à l’aise dans les scènes amples et lyriques (l’affranchissement de Qiao), que celles, plus intimistes (les retrouvailles dans une chambre d’hôtel de Bin et son ancien amour) ; avec en point d’orgue une soudaine bouffée de violence en coeur de récit, incroyablement réaliste et asphyxiante.

Définitivement le sommet du film, cette séquence à la fois matricielle et de basculement (Qiao y enterre sa carrière de parrain tandis que Qiao passe du statut de dominée à dominante) nous fait presque regretter que l’aspect thriller des Eternels ne soit qu’effleuré, alors même que son personnage principal vous une fascination sans bornes à une pègre à laquelle elle doit sa misère et sa splendeur.

François Corda

2h 15min | 27 février 2019 | Chine

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