MACHETE
Robert Rodriguez

EnterreAhhh Rodriguez ! Quel loustic. Sacré chantre de l’entertainment par ses pairs ET la critique, ne lésinant jamais sur le putassier (un bon Rodriguez est un Rodriguez avec son lot de bonnasses, ses hectolitres d’hémoglobine), il nous a sorti en 2010 ce qui semble considéré à ce jour comme son chef d’oeuvre. Hum.

On sent que le pote de Tarantino a voulu créer avec son personnage de Machete une sorte de mythe, un nouveau super-héros cradingue. Mais tout dans le cinéma de Rodriguez respire la fainéantise, et ce qui devrait être un divertissement trépidant, drôle, décalé, s’élève à peine au-dessus de n’importe laquelle des séries B (ou Z) qu’il pille allègrement. Voici quelques bonnes idées en vrac, et qui tombent à plat par péché de paresse : la carcasse et la tronche de Danny Trejo, uniques, auraient pu, auraient dû être mises en valeur. Malheureusement, le pauvre n’a souvent rien à dire, ni même rien à faire (cf. le pitoyable combat de rue). De ce potentiel charnel de nouvelle figure cinématographique, Rodriguez ne tire rien. Idem pour le personnage de De Niro, sorte de Bush junior totalement décomplexé, qui aurait pu être hilarant s’il avait eu autre chose à défendre qu’une caricature molle du texan de base. Et il en est de même de tout le casting, tiraillé entre la caution commerciale d’une part (stars cheap et bimbos de luxe pour être sûr de trouver son public) et la franche déconnade à peu de frais (cf. le clip de campagne de De Niro, qui ressemble d’assez près à un sketch des Inconnus en petite forme). Résultat ça ne marche jamais, ou presque.

Enfin, l’attirail de Machete, censé sustenter le fan de gore, semble bien mal exploité lui aussi. Il suffit de voir le gâchis qu’est la fameuse scène de l’hôpital pour s’en persuader : bardé de scalpels et autres ustensiles destinés à la chair tendre, notre héros inflige une défaite sévère à la bande de malfrats qui le traque… Sans que le montage n’autorise de voir quoi que ce soit plus d’un dixième de seconde. Frustration, vous avez dit frustration ? Clairement, le contrat « film de genre » n’est pas respecté. Bon, reste cet étripage « hénaurme », qui concentre à lui seul toute l’originalité et la subversion de Machete. En vérité une poignée de secondes parmi de longues minutes qui se suivent, certes sans déplaisir, mais avec un calme plat côté excitogramme.

François Corda

bub

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Machete de Robert Rodriguez & Ethan Maniquis (Etats-Unis ; 1h45)

Date de sortie : 1er décembre 2010

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