DESTINITY
In Continuum

Alors que le dernier album d’Insomnium capitalise sur des sommets passés, le marasme pourrait s’abattre dans le microcosme du death metal… mélodique. Kézako ? Un non-sens pour certains, car le genre allie la puissance extrême du metal dans sa forme la plus technique et la plus brutale, et s’ingénie à y associer – d’aucuns diraient à atténuer –  un aspect très immédiat, parfois pop, à grands renforts d’envolées lyriques et de mélodies, si possible efficaces.

Du côté de Lyon, Destinity renaît de ses cendres tel le phœnix. Derrière eux, c’est une histoire mouvementée, carrément rock en somme, avec ces moments de gloire, de très nombreux concerts avec les grands noms de la scène death metal dans les années 2000 jusqu’au début des années 2010, et la chute, avec la séparation du groupe. En 2021, tout cela semble digéré et s’opère sous nos oreilles une mue passionnante. Que ce nouvel album In Continuum contiennent toutes les qualités requises, entre une production plus que solide et une armada mélodique de riffs détonants, c’est une certitude. Serait-ce donc suffisant pour tutoyer les légendes en provenance des pays froids comme c’est le cas sur cet album ? Certes non ! Car il manquerait alors un style propre à insuffler l’émotion par ce déluge de notes. La réussite particulière de Destinity réside bien dans sa vivacité, ainsi qu’une appropriation totale et singulière du genre dans une démarche dénuée d’arrogance. En termes d’inspiration, peu d’étendues désertiques propres à l’introspection ou de lacs aux eaux froides du côté du Rhône, pourtant au fil des écoutes la magie opère avec une facilité déconcertante. En trame de fond, l’ombre d’un personnage un peu inquiétant, porteur d’un masque médiéval de médecin et armé d’un sablier, hante toute la communication du groupe (le artwork, le clip…).

Nul doute que le souffle épique de cet album réside dans la thématique du temps que le groupe a choisi de développer. Ainsi le groupe a mûri, pris du recul par rapport à sa propre histoire et interroge son futur. Oui Destinity tutoie les grands du genre (la comparaison avec Dark Tranquility a souvent été évoquée), et qu’ils soient Suédois ou Finlandais ne change rien à l’affaire. Cocorico, In continuum va sans problème briser des nuques dans des sarabandes furieuses autant qu’intenses au côté des meilleures galettes de ce courant.

François Armand

DESTINITY / In continuum (France | 15 octobre 2021)

 

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