Stereo Total
interview

RevueAlors que l’on nous glisse à l’instant dans l’oreillette que les Stereo Total seront en concert à Paris le 27 Janvier 2013 à Saint Ouen (93), hop, qui voilà sur BUB ? Françoise Cactus ! La madame (sans son monsieur Brezel) a accepté de répondre à nos questions entre deux dates de la tournée du duo. Elle nous parle bien sûr du dernier album, Cactus vs. Brezel, mais aussi de petits pains allemands, du pied de nez à Sony et de leur copain Jacno.

1. Pour commencer : pourquoi ce titre, Cactus vs. Brezel ? Vous vous êtes engueulés pendant la réalisation du disque ?

Non, pas du tout ! Tout cela s’est passé par hasard. Un de nos amis, Klaus Theuerkauf du groupe d’artistes « Endart » a trouvé un disque au marché aux puces et a eu une idée de recycling. L’original avait été réalisé par un dessinateur de bandes dessinées allemand qui s’appelle Klaus Cornfield. Notre ami Klaus Theuerkauf nous a montré le remake de la pochette. Et il y avait écrit là-dessus : Cactus versus Brezel ! Bon, c’est vrai qu’on s’engueule souvent en faisant de la musique. Mais toute musique faite en parfaite harmonie est toujours ennuyeuse !

2. Ce nouveau disque laisse une grande place à la voix de Françoise, Brezel y est quasiment absent. Était-il aphone ou est-ce un choix délibéré ?

Ah ! Non ! Monsieur refuse de chanter ! J’ai déjà écrit beaucoup de duos du tonnerre, et je lui ai même demandé de chanter « V.I.P. » de Françoise Hardy, mais il est très têtu.

3. Chaque album de Stereo Total ressemble à un éternel recommencement. On a l’impression de connaître déjà vos chansons, et pourtant à chaque fois ça marche, on est emballé. Comment expliquez-vous que votre formule semble être reproductible à l’infini sans qu’elle suscite de lassitude ?

Mais oui ! Nous ne sommes que ce que nous sommes. Nous pourrions faire semblant d’être quelqu’un d’autre, mais pourquoi faire ? Tous les groupes que je préfère sont semblables à eux-mêmes. Si vous voulez changer d’ambiance, mettez un autre disque sur votre platine !

4. Cela fait bientôt vingt ans que vous faites de la musique ensemble, comment tout cela a-t-il commencé ?

Tout ça a commencé dans la rue. Brezel et moi, sans le savoir, habitions dans la même rue (Adalbertstrasse, Côté Est/ Côté Ouest/ Berlin). Nous nous sommes rencontrés en allant acheter des petits pains à la boulangerie. Nous avons échangé des coups d’œil et des sourires. Puis nous avons commencé à parler. C’est comme ça que j’ai appris que le mec très chic de ma rue, c’était le mec de « Sigmund Freud Experience » . Waoh ! Génial ! J’étais fan de ce groupe complètement underground, un barouf d’enfer ! Alors je lui ai dit : « Hey, si on allait dans mon Übungsraum ? C’est comme ça qu’on nomme en allemand une cave de répétition  Et là-bas, incroyable : Nous avons enregistré le plus long morceau de Stereo Total : 15 minutes. Le texte : une recette de cuisine cochonne ! Malheureusement, la cassette a disparu dans les oubliettes ! Quel dommage ! En tous cas, à partir de ce moment-là, Brezel était devenu mon ami, je l’ai tout de suite embauché en première partie des Lolitas, le groupe que j’avais depuis les années 80. Brezel jouait solo sous le nom de : « Böhmischer Elvis » : L’Elvis Bohémien.

Mais comme entre temps mon groupe « Lolitas » était destiné à sa perdition, puisque Coco voulait émigrer aux USA j’ai tout de suite pensé à créer un nouveau groupe avec Brezel. Car l’essentiel, c’est de ne jamais s’arrêter de faire de la musique.

5. Je crois savoir que vous habitez en Allemagne, pourtant nombre de vos paroles sont chantées dans la langue de Molière et de Zidane. Que représente la France pour vous ?

Je suis française, je suis l’une des plus vieilles françaises à Berlin. Maintenant il y a beaucoup de français à Berlin. J’aime la langue de Molière – et aussi celle de Zidane – pourquoi pas ? Et j’aime beaucoup lire des traductions allemandes de bouquins français que j’adore. Je constate que tout est changé par la traduction – et parfois même – impossible ! – dans un sens positif.

6. Il y a quelques années un de vos titres, « I Love You, Ono ! » a été employé pour la publicité d’une marque très connue. Est-ce que ça a changé votre vie, financièrement ou en termes de notoriété ?

Cette chanson « I love you ONO » a changé plus d’une fois notre vie. Elle a été utilisée encore une fois pour un parfum de Christian Dior cette année. Je trouve ça complètement correct. Nous avons toujours sorti nos disques sur des labels indépendants, nous avons fait beaucoup de tournées au bilan plus minus zéro. Nous de faisons pas n’importe quelle publicité. Nous en avons refusé plus d’une ! Mais par exemple, c’était très excitant de dire « Oui » à Sony, qui nous aurait toujours dit « Non » si nous avions voulu sortir un disque chez eux. Je n’en croyais pas mes yeux – ni mes oreilles – que ces mecs n’aient même pas pu prendre un poney de leur écurie !

7. Dans votre musique il y a du yéyé des années 60, du punk des années 70 et des claviers des années 80. Vous pourriez nous citer des groupes de ces périodes qui vous influencent ?

Ah ! Lala ! S’il faut commencer à citer tous ceux qui nous ont influencés : Okay : B.B., Serge Gainsbourg, Plastics, Kraftwerk. D.A.F., New York Dolls, Suicide, Rita Mitsouko, etc. etc.

8. Cela fait bientôt trois ans que Jacno est décédé. Quel rapport entreteniez-vous avec lui, quel souvenir conservez-vous de lui ?

Nous étions de très bons amis. Et je rêve de lui chaque semaine. J’adore sa musique et c’était le mec le plus rigolo de la terre. Nous nous sommes entendus à merveille, et je suis triste qu’il soit mort. Même si lui, il n’est pas triste, je suppose et j’espère. C’était un génie musical et humain. Sa musique, c’était de la science-fiction !

9. Est-ce que Herr Göring prendra sa revanche sur Madame Cactus sur le prochain album ? N’y aura-t-il que lui au chant ?

Je ne pense pas qu’il n’y aura que lui, mais j’essaierai de le faire chanter plus. Promis ! Mmmh … Brezel chante trop bien !par

François Corda

 

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