LA PROIE
Eric Valette

DeterreIl se pourrait bien que Dupontel rime désormais avec Bébél. Car quand il choisit ses films (ce qu’il ne fait que rarement justement), son talent explose véritablement : sa gouaille et son physique athlétique sont de vrais atouts qui peuvent transporter certaines scènes. Son meilleur rôle jusqu’ici, dans Irréversible, laissait entrevoir son côté un peu intello. Dans La Proie, film dans lequel il a assuré la majorité des cascades, c’est son côté buffle suant qui revient à la charge.

La Proie fait donc partie des bons choix de l’acteur. Menée tambour battant, l’intrigue ne cède presque rien à la réalisation un peu chichiteuse de Valette (premières minutes et flashbacks insupportables de prétention), et de ses entrelacs scénaristiques malins s’échappe un certain vertige. Ainsi, on a deux bandits pour le prix d’un, une chronique de la vie ordinaire en prison, un aperçu de l’ambiance en commissariat, mais le film a aussi le mérite de traiter intelligemment d’un épouvantail urbain : l’enlèvement à fins pédophiles. Ce qui est très enthousiasmant, c’est justement ce côté malaimable qui surgit sans coup férir à de nombreux instants. On pense à la sauvagerie de l’évasion de Dupontel, à l’effrayante normalité de Natacha Régnier, excellente dans son rôle de complice morbide.

La Proie sait mettre mal à l’aise les spectateurs, et c’est suffisamment rare dans le cinéma de divertissement français pour que ce soit signalé. Enfin, et c’est certainement ce qui fonctionne le mieux, l’efficacité et le rythme sont au rendez-vous, si bien que ce film de traqueur traqué n’a rien à envier aux canons du genre (on pense notamment au Fugitif avec Harrison Ford). Beau coup, qui rappelle que Valette maîtrise plutôt bien le film de genre, comme il l’avait déjà prouvé avec Maléfique, petit film d’épouvante cheap mais bien troussé.bub

François Corda

 

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La Proie de Eric Valette (France ; 1h42)

Date de sortie : 13 avril 2011

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