KEELEY FORSYTH
debris

Mais que fait donc Keeley Forsyth – car on croit deviner que c’est elle – sur cette photo qui orne son premier disque ? Ce corps sans tête, élégant et visiblement abattu, mais qui pourrait aussi esquisser un pas de danse, résume à merveille ce Debris qui respire aussi bien l’abattement d’une âme en dérive qu’un sursaut vers la rémission d’une trop grande tristesse.

La sécheresse instrumentale de Debris peut initialement rebuter : Keeley Forsyth miserait-elle à ce point sur sa voix, exaltée, qu’elle relèguerait ses instrumentaux au rang de faire-valoir ? Non : le son revêt au contraire une importance capitale dans cette invitation à l’érémitisme. La promiscuité avec l’instrument, sa dynamique : Debris est avant tout une histoire de ressenti, et paradoxalement, malgré la douleur qui peut ressortir de ces chansons graves, l’extase n’est jamais loin.

Forsyth capte ici la vibration de l’âme, comme pouvait le faire Nico sur un Desertshore, ou Nick Cave dans ses derniers disques. On en ressort tout chamboulé : abîmé, purifié.

François Corda

Keeley Forsyth / debris (Angleterre | 17 janvier 2020)

 

 

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