INSANITY ALERT
the 666-pack

Ca commence par un décapsulage de canette. Puis deux, puis trois, puis… Il doit être légitimement possible d’en dénombrer 666. Juste avant qu’un riff tout droit sorti des tréfonds du cimetière vienne annoncer un thrash joyeusement régressif. La dérision et le second – voire davantage ! – degré emporte le tout sans pause et à un rythme effréné, à l’image de prestations live complètement déjantées à base de pinces de homard et d‘hommes peints en vert.

A l’instar de nos Ultra Vomit nationaux, champions dans la justesse et la précision de leurs parodies (cf leur imitation virtuose de Gojira dans le morceau « Calojira » par exemple), les Autrichiens d’Insanity Alert s’appuient sur un thrash des plus solides pour mieux laisser libre court à un esprit volontiers potache, où irrévérence et mauvais goût sont de mise. Là aussi, on retrouve des clins d’œil appuyés aux classiques du thrash lui-même (« The balad of Slayer », un morceau long de… six secondes), du power metal tendance épique des années 90 (Blind Guardian par exemple), voire du disco avec la reprise metal improbable et hilarante « Saturday grind fever ».

Mais sous ces airs de n’importe quoi, la musique d’Insanity Alert revisite sans nostalgie une certaine époque ; à l’image d’un artwork mêlant dérision et horreur, il s’agit avant tout d’exhumer ces ersatz du passé pour mieux les faire slammer. Pour autant, il n’est pas indispensable d’avoir toutes les références que ce turbulent groupe déterre pour apprécier la rudesse des compositions, les variations du chant (aigu, hurlé, clair, grave…), la vitesse à laquelle tout s’exécute. Avec vingt-deux morceaux pour un peu plus d’une demi-heure de musique, le 666-pack est un lessivage express à dix mille tours, on ressort de l’expérience en titubant… pour s’y replonger aussitôt.

François Armand

Insanity Alert / the 666-pack (Autriche | 25 janvier 2019)

 

 

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