Twilight 1 & 2
Catherine Hardwicke & Chris Weitz

DeterreEnterreQue dire de Twilight, ce produit de la rencontre entre d’un côté l’industrie qu’on appelle culturelle et de l’autre le duvet des corps adolescents et l’émoi qu’il provoque ? Curieusement, beaucoup. Curieusement, parce que ce type d’objet est souvent délaissé sous prétexte qu’il n’intéresserait que des boutonneuses fanatiques et pas encore bien conscientes du monde dans lequel elles vivent. Beaucoup, parce que l’émotion a ses raisons et que la raison, qui ne les connaît pas, peut malgré tout tenter de les cerner.

Soit l’histoire d’une famille de vampires dans un environnement pluvieux et américain, c’est-à-dire sans vampires. La jolie Bella Swan, bel oiseau troublant, pâle et solitaire, tombe amoureuse de l’un d’eux, Edward Cullen, non moins pâle, et réciproquement : elle reste la bouche à demi ouverte et lui contracte ton son être pour ne pas la croquer. Sauf qu’un autre vampire, plus salement méchant, ne vit, depuis qu’il a senti le sang de Bella, que pour le goûter. Le bon et surtout beau vampire dont le corps scintille au soleil tentera donc de la protéger de toutes ces menaces qui s’ajoutent à la pluie. Le deuxième volet ajoutera un autre aspect à la relation impossible des deux tourtereaux, dont l’amour s’avère, comme de juste, indéfectible. A priori donc, et surtout avec une telle description, peu de matière à l’émerveillement. Les plans, assez moches, sont tous plus moyens les uns que les autres, les enjeux semblent simplistes et trop dessinés. Or, tout est là : dans la croyance dans cet amour du XIIe siècle, dans cette naïveté réconfortante et entraînante, dans cette simplicité et cette clarté des enjeux qui frappent, dans la force qui sera donnée à cette clarté et qui démarque définitivement le premier volet du deuxième.

Cette différence est le fait d’un bonhomme, Carter Burwell. Compositeur notamment du très bon et méconnu Fear, c’est lui qui donne toute la chair au premier Twilight. Sa patte est reconnaissable en ce qu’il donne corps à une vision du monde traversée d’enjeux titanesques. Dans In Bruges, il transformait une scène de shooting en pur moment essentiel. Dans le premier des deux Twilight, ce sont toutes les nervures dramatiques des séquences qui s’imposent. Tout bascule et nous avec, quand, à l’orée d’une forêt, la musique transforme le simple passage de Bella devant Edward comme moment de révélation : I Know What You Are, tu es un vampire. Ce que l’image ne dit que trop peu, Carter Burwell le situe avec classe en point de mire : il fait littéralement œuvre de transfiguration. Cette chance du premier volet apparaît d’autant plus qu’elle manque cruellement au deuxième : la musique gémit comme une décoration, il ne reste qu’une histoire au corps décharné, des babillements dont on se moque finalement vite. Une scène vient rappeler que c’est de bon son dont on a besoin pour poursuivre l’entreprise de croyance dans l’amour entre Edward et Bella. Thom Yorke, en trois minutes de Hearing damage redonne vie à un émoi qui avait disparu. C’est dans ce moment évidemment trop court pour le film que, enfin, les yeux brillent.bub

Marc Urumi

bub

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Twilight : fascination de Catherine Hardwicke (Etats-Unis ; 2h10)

Twilight : tentation de Chris Weitz (Etats-Unis ; 2h10)

Dates de sortie : 7 janvier 2009 / 18 novembre 2009

bub

08/20

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