FUCK BUTTONS
tarot sport

EnterreDire que Tarot Sport était attendu comme le messie est un doux euphémisme. Il faut dire que Street Horrrsing relevait haut la main le défi foldingo de mystifier en pop une musique synthétique aux accents purement noise. Malheureusement, le Fuck Buttons nouveau ne tient pas toutes ses promesses. Malgré la fidélité certaine au premier opus, et en dépit d’un changement de cap alléchant (voir les velléités dancefloor d’un « Surf Solar » en guise d’introduction massive).

Le duo a donc décidé de donner la parole aux beats (si l’on peut dire). Au premier abord on ne peut s’en plaindre, « Surf Solar » donnant un ton majestueux à Tarot Sport d’entrée de jeu : on retrouve le côté épique et lyrique de Street Horrrsing avec en sus une  louche de groove. Groove, qui, on ne s’en étonnera pas, passe bien sûr par l’utilisation de samples diaboliques et non le rythme lui-même. Et ça fait mouche. En revanche, on sent l’incident se profiler dès le deuxième morceau, « Rough Steez », étonnement statique, presque pénible. C’est le titre le plus court de l’album, et pourtant, il se traîne abominablement derrière une ligne mélodique peu expressive, rappelant n’importe quel mauvais jeu vidéo buggant à qui mieux mieux. C’est en fait sur « Lisbon Maru » que le duo laisse à nouveau éclater sa classe. Car si le vernis est toujours le même (ligne de basse saturée et désenchantée, synthé non moins distordu en lieu et place de déflagration sonique), l’utilisation de la section rythmique est, elle, pour la première fois surpuissante. En s’enrichissant imperceptiblement pendant tout le morceau, elle soutient sa progression émotionnelle et nous emporte dans son sillon tribal.

D’aucuns vous vanteront plutôt les mérites d’ « Olympians », mais ne les écoutez-pas. Car il pourrait très bien s’agir du nouveau single promotionnel d’un Jean-Michel Jarre ayant simplement mal branché quelques câbles. Et on crierait alors au scandale ! Une fois de plus, on sent le duo mal à l’aise dès lors qu’il cherche à s’éloigner des codes mélodiques de Street Horrrsing. Si « Rough Steez » joue la carte expérimentale de façon trop ostentatoire, « Olympians » lorgne au contraire vers une forme de « single-isation » (quelle idée, un tube de 11 minutes !) à l’optimisme un peu béat (et bêta). Et derrière on ne peut que regretter une mise en place terriblement longue, un beat aussi inutile qu’immobile. Plus grave : pour la première fois, on est déçu par la sempiternelle explosion sonique, ailleurs impérieuse, ici tristement prévisible et inoffensive.

Justement, quand on (re)parle du loup… Tel « Rough Steez », « Phantom Limb » surfe à nouveau solar vague, euh pardon, sur la vague du tout expérimental. En plus déluré, soit, mais en presque aussi chiant. Puis l’on croit sortir du trou avec « Space Mountain » (le mal nommé), qui sonne le retour de percussions atomiques. Malheureusement le scénario derrière est toujours le même : une montée progressive vers toujours plus de bruit. Cela en devient gênant ; tout est trop carré, attendu, si bien que le noise, aussi beau soit-il, en devient  anecdotique, presque propre. Et « Flight Of The Feathered Serpent » a beau flirter par moments avec l’efficacité d’un « Surf Solar » ou la fougue rythmique de « The Lisbon Maru », on est déjà fatigué… Et déçu. Tarot Sport est loin de l’événement annoncé. Snif.bub

François Corda

 

Fuck Buttons / tarot sport (Angleterre | 4 novembre 2009)

 

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