Le premier reproche généralement émis à l’encontre du metal hardcore, tout du moins dans sa forme contemporaine, est sa trop rapide évaporation, comme l’odeur d’un parfum trop capiteux. Après une première entrée en matière brutale, le manque de profondeur et les travers « emo » sirupeux plombent bon nombre de productions qui pullulent ici et là. Cette dérive a d’ailleurs été à plusieurs reprises fustigée dans ces colonnes lorsque quelques refrains faciles couplés à des hurlements de bon aloi donnent une patine violente collant avec une imagerie associée un peu factice.
Découvert dans sa région d’origine – Clisson – sur les planches d’un festival de l’Enfer déjà quelque peu échaudé, Stinky aurait pu chuter, tant la compromission entre des mélodies très claires et la démonstration d’une très grande puissance de feu est grande. Cependant le groupe se maintient vaillamment sur la ligne de crête et mieux, ce troisième album sort déjà du carcan adulescent, entre un douloureux sentiment de rejet et une certaine naïveté, dans lequel aurait pu s’enfermer le groupe. L’évolution est marquée tout en douceur, ce qui est paradoxal quand sont évoquées des compositions pour le moins rageuses. Stinky s’emploie à faire la démonstration d’une énergie mortifère intacte, mais parvient à donner des signes d’apaisements. La colère devient-elle plus froide et plus rentrée ?
Toujours est-il que la voix de Claire s’adoucit parfois, que le tempo ralentit ça et là, faisant la part belle à quelques chœurs punkisant et que le groupe conclut l’album par une reprise de son « Rough Diamond » dans une forme acoustique, manière sans doute de s’affirmer en proposant une autre écoute. De fait, c’est presque un sentiment de mélancolie qui persiste, finalement encapsulé dans une note de corps tenace.
François Armand
Stinky / of lost things (France | 12 juin 2020)