Alors que les déchaînements de décibels rendus possibles par les traditionnelles fêtes bacchanales de l’été s’annulent les uns après les autres, les amateurs de sueur et de poussière sont désemparés. Heureusement, il reste la possibilité – en restant dans les limites de l’acceptable, notamment vis-à-vis des voisins – d’aménager son salon comme la Massey Ferguscène (bien connue des fans du Motocultor festival), d’y installer un autel garni de colifichets (en suggestion : la baguette du batteur d’un obscur groupe lituanien, une guitare-ballon utilisée dans le pit, les affiches et pochettes dédicacées par tous ces groupes d’avenir dont on n’entend plus parler…), de poser un disque sur la platine et de mettre du son bien lourd.
Encore faut-il savoir lequel ! Heureusement, Survival Zero avec son The Ascension permet deux choses : évoquer en quelques minutes de nombreuses chapelles du metal (le death, le prog, le thrash, voir le black…) et provoquer l’envie de découvrir le groupe sur scène. Brutal et extrême, certes, mais le groupe français ne tombe jamais dans la monotonie qui menace beaucoup de groupes officiant dans le genre. Pour cela, les « survivants » Champenois dégainent une arme de poids : un sens du groove ciblant directement les cervicales. A l’image de cette ligne de crête oscillant entre un chaos massif, rugueux et une certaine clarté, l’album est polarisé entre ses deux piliers que sont les morceaux « Ascension » et « Foundation », véritables grands huits aux progressions dévastatrices. Reste à savoir quelle sera la tonalité en concert, entre recueillement introspectif ou hystérie collective.
François Armand
Survival Zero / the ascension (France | 24 avril 2020)