Sous le tas de cendres, le feu couve encore. Le quatuor francilien Lovely Girls Are Blind nous offre une dernière étincelle pour patienter avant sa prochaine renaissance. Rebaptisé pour l’occasion Lovely Girls Are Sad, voici quatre nouveaux morceaux de bravoure post-rock pour marquer la fin d’un cycle. Si le groupe est en pleine mutation, sa patte demeure identifiable immédiatement, avec ce son cristallin et envoûtant. Plus encore que précédemment, la mélodie, à l’apparence trompeuse par sa simplicité, se décline en d’infinies variations, et ainsi se fait messagère d’une mélancolie douce-amère, parfois secouée par quelques secousses telluriques, déclenchées par une guitare titillant quelque dissonance ou des sonorités singulières (cithares orientales, nappes étranges…). Glisser en toute quiétude dans le spleen serait donc trop aisé, une multitude d’éléments, disséminés ici et là, s’agitent comme autant de signaux diffus perturbant les sens. Cet opus offre une conclusion apaisée, avance nu et masque pudiquement ses atours délicats, lesquels finiront toujours par être dévoilés.
François Armand
Lovely Girls Are Blind / Lovely Girls Are Sad (France | 22 novembre 2019)