Animated Violence Mild n’est peut-être pas le meilleur album de Blanck Mass, mais c’est sans doute le plus excentrique. Pourtant ce ne sont pas les éléments du « centre » (sons de claviers et mélodies a priori naïfs) qui manquent dans ce quatrième album de Benjamin John Power, étrangement accessible. Mais attention, aussi dansante, colorée, voire easy listening soit-elle, la musique de Blanck Mass n’en est reste pas moins, avant tout, agressive et corrosive.
Imaginé comme une réponse artistique brutale au consumérisme de masse (entre autres), Animated Violence Mild est un disque qui vit de contrastes forts en subvertissant les codes de la pop commerciale typée 80’s : un groove endiablé et des armées de synthétiseurs sucrés deviennent chez Blanck Mass les ambassadeurs d’une musique tempétueuse, dans laquelle la voix – souvent utilisée comme un pur élément rythmique – apporte une touche aussi lyrique que déshumanisée, en écho au discours de Power : l’être humain perdrait son « instinct de survie » au profit, on l’imagine, d’une forme de robotisation.
Espèce de magma noise aux accents parfois tribaux, Animated Violence Mild est provocateur et dérangeant dans la façon qu’il a d’être à la fois séducteur (Power fait clairement appel à notre cerveau reptilien avec ses airs immédiatement assimilables) et en même temps hargneux jusqu’au bout des ongles.
François Corda
Blanck Mass / animated violence mild (Angleterre | 16 août 2019)