Lorsque les mots cognent, on oublierait presque la musique qui les porte. Pourtant, celle de La Pietà agit comme le ferait un passeur, protéiforme et malléable, tantôt minimaliste avec un simple piano, comme pour mieux transmettre failles et blessures, tantôt en forme de coups de poing électro rap, marchant alors sur les platebandes d’alter ego masculins dont les outrages sexistes ne choquent plus personne. La rappeuse scande, la bouche pleine de morgue, des textes crus et rageurs. Pourtant, l’artiste se défend d’être féministe et ce à juste titre car elle ne réclame finalement que le droit d’avoir tous les défauts possibles, au même titre que les hommes.
L’inconscient collectif est ainsi fait : dans l’acte sexuel la personne qui est pénétrée subit, soumise, dominée, voire victime. La Pietà s’empare de cet état de fait et revendique le fait d’être cette personne, tout en affirmant le choix de se soumettre ou pas. Inverser de la sorte un paradigme aussi banal peut bousculer, mais ça ne devrait pas, signe que le patriarcat est encore infusé dans notre société. L’EP Chapitres 5 et 6 poursuit et confirme le chemin de croix entamé par La Pietà dans une quête paradoxalement pleine d’espoir.
François Armand
La pietà / chapitres 5 & 6 (France | 30 novembre 2018)