Bruit Noir
interview

–Bruit Noir, c’est Pascal Bouaziz (Mendelson) et Jean-Michel Pirès (batteur pour Yann Tiersen, Michel Houellebecq et… Mendelson). Et c’est surtout le meilleur album de rock français de l’année, un rock où ça ne rigole pas. Mais un peu quand même.

François Corda : Je n’ai pas autant ri de bon cœur en écoutant de la musique depuis le dernier Stupeflip je pense. Ce n’est pas trop grave, on peut continuer l’interview ?

Jean-Michel Pirès : oui on peut.

Pascal Bouaziz : Je ne connais pas vraiment cet artiste et on peut toujours continuer.

FC : Et vous quand avez vous ri de bon coeur la dernière fois ?

JMP :  Devant Moi , moche et méchant 2 ou au KLUB mardi dernier au concert de Bruit Noir.

PB : Je rigole tous les jours et même parfois de bon cœur et même parfois au spectacle comme aux « Lettre de Non-Motivation » de Julien Prévieux.

FC : C’est très difficile de poser des questions à Bruit Noir, parce que tout est dit dans les textes et la musique, décharnés et frontaux. Mais quand même, je me lance : est-ce que vous considéreriez que I-III est un disque politique ?

JMP : Politique, je sais pas, mais engagé oui ….

PB : Moi je dirais exactement l’inverse, Bruit Noir n’est engagé en rien, et par personne. Mais délivre plein de messages politiques hyper importants et notamment à cette pauvre jeunesse égarée en pleine déréliction : comment survivre à l’humiliation dans le monde moderne par exemple ? Ou comment appliquer concrètement un programme écologique réaliste en supprimant l’espèce humaine. A défaut ou par « compromis historique », comment devenir d’abord végétarien en ne supportant plus que l’homme ne soit qu’un charognard ?

FC : Joy Division évoque les camps de la mort. Vous êtes plutôt La vie est belle ou Le Fils de Saul ?

PB : Je n’ai pas vu Le Fils de Saul. Je pose par principe un gros filtre sur l’actualité culturelle en général. De deux à trois ans minimum. Si on continue à parler d’un film six mois après sa sortie, c’est déjà un bon critère de sélection. Le film La vie est belle m’a ému quand je l’ai vu, (longtemps après sa sortie) je n’ai pas suivi de très près le scandale lié au film. Je suppose que si c’est le seul accès à l’histoire de l’extermination des juifs d’Europe c’est un peu court historiquement, anthropologiquement et philosophiquement, mais je ne vois pas pourquoi on serait condamné à ce que ce soit le seul. On peut aussi lire en parallèle Jean Améry, Robert Antelme, Imre Kertész et Primo Lévi et regarder les huit heures de Shoah de Lanzman : après on est bordé.

FC : Qui seraient les compagnons de Bruit Noir aujourd’hui, maintenant que Pascal Bouaziz est mort ?

JMP : oui.

PB : Et la lumière blanche aussi. https://www.youtube.com/watch?v=62ckXALWn1M

FC : Qu’est-ce que Bruit Noir a vu et entendu cette année ?

JMP : J’ai beaucoup écouté Disasterpiece avec sa BO de It Follows , Blackmail et leur album Dur au mal, le film La isla minima, le film Birdman.

PB : Personnellement je n’ai écouté que Low ces six derniers mois. https://www.youtube.com/watch?v=GrJjTqUTe_w  Je me souviens pas d’avoir été au cinéma récemment, d’ailleurs je ne suis pas bien sûr que le cinéma soit encore vivant.

FC : Si tout le monde écoutait Bruit Noir, le monde serait-il meilleur ? Ou pire ?

JMP : Pire serait difficile, quoique…

PB : Oui l’être humain peut toujours faire pire, d’ailleurs il appelle ça le progrès. Si tout le monde écoutait Bruit Noir, je pense que ce serait une bonne chose pour mon compte en banque, mais aussi pour l’humanité toute entière oui. Sincèrement. L’apprentissage d’un peu de mauvaise foi en ces temps ne peut être qu’une bonne école pour sauver des vies.

FC : Quels sont les projets futurs de Bruit Noir ?

JMP : Des concerts, et réfléchir à une suite…

PB : Le 1^er album s’appelle I/III, il faudra bien penser à un II et à un III.bub

François Corda

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Bruit Noir / I-III 

Date de sortie : 13 novembre 2015

Photo : Simon Gosselin

bub

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