CLOUD NOTHINGS
the shadow i remember

On a retrouvé le Cloud Nothings impérial d’Attack On Memory. Le temps que la hype passe finalement. Mais attention, il ne faudrait pas aborder The Shadow I Remember comme un disque (déjà) nostalgique : ce n’est pas l’ombre projetée d’Attack On Memory. C’est au contraire un album éclairé de mélodies foncièrement pop, qui semblent avoir été expulsées après un trop-plein d’émotions.

Les fanboys avanceront que c’est le retour de la légende Steve Albini à l’enregistrement et à la production qui fait sans doute la différence. Mais ce serait faire fi du tournant résolument plus sucré pris par le groupe. La  voix adulescente de Dylan Baldi n’a jamais été aussi bien assumée : on sent le songwriter parfaitement à l’aise dans ce registre, certes plus émo, mais qui contrebalance parfaitement un son toujours aussi rugueux, pulsé de rush rythmiques incandescents. Avec The Shadow I Remember, Cloud Nothings s’est tourné vers une noble efficacité, dont les quelques jolies parties de piano présentes ici et là seraient la métonymie. Il est d’ailleurs étonnant de voir à quel point cet instrument, certes polyvalent, mais plutôt réservé aux courants musicaux soft (ou aux parties ambiant quand il s’agit de metal), s’est admirablement intégré aux guitares fiévreuses de Cloud Nothings.

En guise de punk (mouvement auquel le groupe a été souvent assimilé), il serait sans doute désormais préférable de parler de punch. Car si l’énergie juvénile reste intacte et l’univers sonique, frontal, l’effet produit par ce Cloud Nothings là ressemble bien plus à une tornade coruscante qu’aux raz de marées bileux déversés par les premiers opus.

François Corda

Cloud Nothings / the shadow i remember (Etats-Unis | 26 février 2021)

 

 

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