THE CHARMER
Milad Alami

The Charmer fonctionne comme un cowboy Texan qui défendrait son territoire : il tape d’abord et pose les questions ensuite. Passé une séquence d’ouverture en guise de claque, la caméra s’attache à Esmail et ne le quittera plus, donnant à voir un homme en trompe-l’œil. Est-ce le magnétisme de l’acteur Ardalan Esmaili qui rend ce personnage si touchant ? Malgré ses choix moraux subordonnés à un machiavélisme certain, l’empathie ne peut que fonctionner face à ses grands yeux. Lorsqu’on le voit plonger dans une piscine, c’est la surface tranquille de l’eau qu’il brise, révélant une part de lui-même trouble et tourmentée, enfouie sous une carapace sans aspérités.

Rythmé par des trajets en bus, rares moments de répit du protagoniste, le film montre un transit incessant entre les territoires, de la banlieue morose d’Esmail aux beaux quartiers dans lesquels il travaille ou exerce ses charmes, de L’Occident à l’Orient… Esmail ne cesse de passer de l’un à l’autre sans jamais parvenir à se départir de l’image qu’il renvoie : celle de l’étranger.

Le réalisateur Milad Alami aborde la question de l’identité avec un personnage qui forme un bloc, insondable, indéfinissable, et permet de susciter une réflexion sur des motivations qui ne sont pas tout à fait celles qu’on imagine, les pressions qu’il subit (les autorités Danoises menacent de le renvoyer en Iran), les (dérisoires) protections qu’il peut ériger pour tenter d’apaiser sa conscience, la culpabilité qu’il ne peut que garder pour lui…

Pour déconstruire les clichés, rien de telle qu’un mise en scène naturaliste, notamment dès qu’il s’agit de jeux de faux-semblants, de sentiments qui ne parviennent pas à être totalement enfouis. Dans ce premier long-métrage, Alami évite tout manichéisme et veut susciter la réaction en choisissant de raconter Esmail, inconnu à la croisée des mondes.

François Armand

| 25 Juillet 2018| Danemark, Suède


 

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