Il est quatre heures du matin dans la boite surpeuplée ; les stroboscopes et les rayons de lumière assomment une foule où chaque individu s’est oublié dans la masse mouvante des corps depuis longtemps déjà. Armé de beats implacables, Kas:st fouille dans les bas-fonds de cette techno-là, celle des années 90 et des clubs immenses de Belgique ou d’ailleurs. Entre basses en surpoids, son réfrigéré aux nappes synthétique, compressions plus contemporaines, le duo exhume tout un pan d’une culture fondatrice dans un hommage respectueux. A l’heure où la musique électronique se fait absorber dans un mouvement pop plus global, à présent volontiers intégré par les élites (au même titre que le rap d’ailleurs), un LP tel que Road to Nowhere rappelle une époque où le phénomène inquiétait les citoyens honnêtes, créant des lieux – parfois éphémères – abritant de véritables espaces de liberté.
François Armand
Kas:st / road to nowhere (France | 25 octobre 2019)
