Bardo Pond
amanita

SDeterreAmanita est certainement l’une des plus belles choses que la drogue ait engendré. D’ailleurs les membres de Bardo Pond n’ont jamais caché leurs penchants pour les substances hallucinogènes, et si eux ont besoin de cela pour concocter des perles pareilles, qu’ils ne se privent pas.

Car Amanita, s’il n’attaque pas le cerveau comme le petit champignon du même nom, a l’immense mérite de faire voyager l’auditeur dans des contrées auxquels ni l’œil ni l’imagination n’ont accès… sans lui. Bardo Pond présente le long de ces dix titres un univers définitivement chaotique, porté par des distorsions acides et dantesques, où le seul maître est la six-cordes électrique. La rythmique est comme dépassée par le maelström bouillonnant qu’imposent les guitares des frères Gibbons. Et si la batterie et la basse s’emballent parfois, elles finissent toujours écrasées par une folie bruitiste érigée ici en reine. Le bruit chez Bardo Pond c’est la lumière qui conduit les cinq musiciens, elle dirige tout, jusqu’au lyrisme fragile d’Isobel Sollenberg, dont la voix blanche fait penser à des incantations.

Brûlot infernal, malade et déstructuré, Amanita porte la fièvre de la création spontanée, de la liberté artistique la plus totale. C’est un chef-d’œuvre de rock aérien, un must-have pour tout amateur de noise qui se respecte. Pas évident d’accès mais indispensable et jouissif pour peu que l’on se penche dans l’abîme.bub

François Corda

 

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Bardo Pond / amanita

Date de sortie : 9 avril 1996

 

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