JOEY LE SOLDAT
Faaso

Dans les faubourgs de Ouagadougou résonnent des basses trap et un chant scandé, résolu et offensif. Joey Le Soldat fait quelques pas dans les rues de sa ville et met l’auditeur à ses côtés, dans la poussière au milieu des mobylettes ou avec ses potes, dans des intermèdes rappelant une vieille tradition du rap.

Rien n’est lisse, ni trop léché, le verbe jaillit et frappe direct, en mooré (langue burkinabé) ou en français. Si les instrus se construisent à base de nappes électro lunaires, l’objet n’est jamais d’enrober la médiocrité de textes aussi vides que les pensées de leurs auteurs comme on l’entend régulièrement sur nos ondes, mais d’imposer un rythme lourd et lent pour mieux décocher des rafales verbales à balles réelles. Ancienne ou nouvelle école, la question ne se pose pas, Joey fait du rap d’aujourd’hui (certes sans autotune), simplement il n’est pas là pour poser ou parler de lui.

Avant le rap pop et les ego trip plus ou moins introspectifs rendant le genre acceptable, il y avait l’idée de prendre la parole pour sa cité (propre ou figurée) et d’assumer une parole politisée, c’est que fait le Burkinabé dans cet EP.

François Armand

Joey Le Soldat / Fasso (Burkina Faso | 14 décembre 2019)

 

 

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