CATTLE DECAPITATION
death atlas

Dans la mythologie Grecque antique, Atlas est un titan condamné par les Dieux de l’Olympe à porter le monde sur ses épaules. Dans les représentations, très souvent il apparaît sous les traits d’un colosse portant le globe terrestre. L’album de Cattle Decapitation annonce le changement de paradigme suivant : la faucheuse a remplacé le titan. A présent, le globe qu’il porte est une planète en proie aux flammes, perdue dans l’immensité d’un cosmos qui n’a pas besoin de l’Humanité. Death Atlas donc.

Pour traduire le sentiment amer laissé par cette humanité, isolée, courant à sa perte de son seul fait, des déferlements de violence surgissent de toutes parts comme autant de vagues de douleur. La colère, peut-être plus sourde qu’à l’accoutumé, hante l’album et paraît céder par instants à la mélancolie, notamment par ses mélodies prégnantes. Comme le ferait un écrivain à succès qui ne reculerait devant rien pour terrifier ses lecteurs, une palette très large de tons, avec des pauses pour mieux reprendre son souffle (voire des passages en voix claire), et des ambiances habitées par des voix désincarnées sont utilisées comme pour s’assurer que le message ne peut échapper à l’auditeur ; ce n’est certes pas toujours évident avec le chant hurlé ou, dans le cas de Cattle Decapitation, d’un growl terriblement guttural propre au grind.

Si, bien souvent, l’imagerie grand guignol et outrancière si traditionnelle dans le metal, allant de paire avec la brutalité de la musique, est affichée de manière volontiers potache et dans un esprit plutôt identitaire, il faut alors préciser qu’avec Cattle Decapitation, rien n’est jamais vain ou gratuit ; la sauvagerie exprimée demeure plus que jamais la traduction la plus sincère qui soit d’un sentiment d’urgence.

François Armand

Cattle decapitation / Death Atlas (Etats-Unis | 29 novembre 2019)

 

 

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