ALICE ET LE MAIRE
Nicolas Pariser

EnterreAlice et le Maire est tout ce dont la politique-fiction française n’a pas besoin : une ambiance feutrée, des échanges doucereux, beaucoup de blabla bien écrit, mais absolument dépassionné, à l’image de ce maire de Lyon réduit à l’état de légume intellectuel et qui cherche à reprendre la main.

L’affichage de cette lassitude touche par ricochet le spectateur venu chercher un peu de vigueur dans un genre cinématographique sclérosé, tout du moins en France. On peut même dire qu’à l’exception des audacieux Pater d’Alain Cavalier et, dans une moindre mesure, L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller, sortis tous deux en 2011, c’est le désert absolu depuis des années. Qu’un milieu dans lequel les jeux de pouvoir, la corruption, les coups bas, les conflits d’égo sont légion accouche d’enjeux narratifs et de réalisation aussi timorés que ceux d’Alice et le Maire a de quoi dépiter. La relation platonique qui se noue entre ces deux solitaires malgré eux, Alice et Théraneau, ne tient pas ses promesses, noyée dans un océan de bruits de couloirs, de réunions de comm barbantes. Et la sphère politique y est décrite avec une distance sans doute trop respectueuse.

A l’heure où un petit vent de révolte souffle sur le pays, on peut même affirmer qu’Alice et le Maire dégage un parfum un peu archaïque, limite anachronique. C’est son (petit) charme mais surtout sa grande limite : vouloir nous faire croire qu’il y a encore des hommes politiques qui pensent, quand tout, aujourd’hui, nous suggère le contraire.

François Corda

| 2 octobre 2019 | France


 

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