TERMINATOR : DARK FATE
Tim Miller

EnterreIl y a une certaine tolérance générale (critiques, public) à l’égard de ce Terminator : Dark Fate que l’on peut sans doute imputer à la présence de James Cameron au scénario et de Linda Hamilton à la distribution (qui retrouve ici le rôle de sa vie). Que le trio Schwarzenegger/Hamilton/Cameron se réunisse enfin, un quart de siècle après Le Jugement dernier, pouvait objectivement nous laisser croire que Terminator Genisys était une erreur de parcours après le très beau remake masqué Le Soulèvement des machines et le correct Terminator Renaissance, qui avait le petit mérite d’essayer d’enrichir l’univers du robot tueur en posant des images sur la fameuse guerre des machines jusque là cantonnée au hors-champ.

Quel mirage ! L’incompétence de Tim Miller en matière de mise en scène est patente : pas une séquence d’action qui ne suscite un ennui profond ; sentiment majoré lors de ce qui est censé être le clou du spectacle, un combat dans un avion soporifique. Cantonné à des ralentis sursignifiants ou bêtement soumis à des effets spéciaux numériques d’une laideur bien commune de nos jours (les arrivées ridicules de Grace et du Rev 9), le savoir-faire ( ?) de Tim Miller est celui de n’importe quel contractuel Hollywoodien discipliné.

Cameron scénariste s’était bien accommodé du faible talent d’un Robert Rodriguez pour Alita plus tôt dans l’année. Ici producteur, il a mis son grain de sel (tardif) dans le processus d’écriture, et même dans la salle de montage. Mais aurait-il mieux fait avec plus de temps et les coudées franches ? On peut en douter tant l’indigence narrative règne. L’autoplagiat est partout, et Dark Fate pioche avec auto-suffisance dans les quatre premiers volets de la franchise, essayant tant bien que mal d’y insérer une composante vaguement politique (ce sera une jolie Mexicaine qui sauvera l’humanité, quel bras d’honneur clignotant à Trump !) et sociétale (l’homme augmenté, déjà sujet sous-traité dans Renaissance, ici totalement bâclé). Il est ironique de constater qu’une série B (ce qu’est le premier film de Cameron) comme Upgrade (2018)  dame le pion sur tous les plans (thématique, scénaristique, mise en scène) à cette grosse machine déshumanisée qu’est devenue la franchise Terminator. Mais en 2019 à Hollywood, rien de neuf sous le soleil, on préfère investir dans un (des) nom(s) que dans le talent en réduisant l’effet de surprise à son minimum.

Finalement, le seul ici qui ne perd pas sa dignité est sans doute Schwarzenegger – pourtant Dieu sait que sa fin de carrière est une longue agonie artistique -, affublé pour l’occasion d’une prétendue humanité. le côté fleur bleu « pour John » est bien sûr absolument pathétique, mais l’acteur austro-américain est assez convaincant en vieil ours à la limite de la peluche porte-bonheur, père peinard sirotant sa bière et encaissant les balles avec une décontraction absolue, et responsable en sus des deux seuls bons mots d’un film à l’humour aussi rance que son storytelling. Schwarzy a visiblement compris que la seule façon de passer inaperçu dans un tel naufrage était de la jouer en mode touriste. Ca tombe bien, son nombre de scènes est très limité, à l’image de l’intérêt de son personnage, aussi inutile qu’une Sarah Connor qui se contente de compter les points, mais avec le côté badass surjoué insupportable en prime. Au secours.

François Corda

2h 09min | 23 octobre 2019 | Etats-Unis

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