AD ASTRA
James Gray

Il est désormais évident qu’Alfonso Cuaron, avec Gravity, est parvenu à relancer la course aux étoiles au cinéma. Interstellar, Seul sur Mars, Passengers, First Man… Les grands studios ont retrouvé le goût de l’aventure spatiale et Ad Astra entre clairement dans cette mouvance. La première surprise réservée par Ad Astra est sans doute le nom de son réalisateur : James Gray. Bien que ce dernier ait pris la tangente du thriller dramatique depuis dix ans avec le magnifique Two Lovers, il est surprenant de le voir s’aventurer (avec autant d’aisance) dans le cinéma de genre. Peu importe le récit un peu flottant, une voix off souvent inutile et les tics de Max Richter, souvent paresseux dans ses bandes originales : l’intensité des scènes d’action, la tension sourde des scènes d’intérieur et l’interprétation possédée de Brad Pitt suffisent à nous entraîner dans une spirale d’événements captivants qui conduisent le major Roy McBride à redescendre de son piédestal de héros blasé et dépressif pour redevenir un homme. Ad Astra est un film profondément pessimiste, qui fustige le fantasme post-humain, autant dans son désir de conquête qu’à son échelle privée. L’homme du futur selon James Gray a perdu son âme, est privé de toute émotion, à l’image du vieux bourru Clifford McBride, qui en serait le modèle de laboratoire. Brad Pitt assume avec beaucoup de classe ce rôle de trait d’union entre l’ancien monde, encore un peu vivant, et le nouveau, froid et vide comme les confins de l’espace.

François Corda

| 18 septembre 2019 | Etats-Unis

 

 

 

08/20

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