THOM YORKE
ANIMA

ANIMA n’est pas seulement le meilleur album de Thom Yorke, c’est aussi le meilleur album de Radiohead depuis Hail to the Thief (2003). Ce qui engage deux constats : d’une part que la voix de Yorke est parfaitement indissociable du combo Oxfordien. Et cela n’a rien d’étonnant tant le chanteur sait moduler sa voix, la faire vibrer de façon unique. La voix de Yorke n’est pas seulement un instrument, c’est un univers. Et cet univers, c’est celui de Radiohead. Ensuite, depuis Kid A, Yorke et ses collègues ont clairement pris un virage électro dont il est aujourd’hui évident que Yorke en est l’instigateur. Chez Radiohead, la basse, la guitare et la batterie jouent depuis trop longtemps les seconds couteaux pour que cela ressemble à un groupe où chacun contribue à part à peu près égale, si ce n’est dans la composition, au moins dans l’interprétation. L’analogie peut sembler capillotractée, et pourtant c’est un fait : aucun chanteur populaire depuis Phil Collins (même les plus talentueux, on pense notamment à Dave Gahan et ses aventures solo) n’a autant contaminé un groupe de rock avec ses cordes vocales au point de se l’approprier totalement. C’est aujourd’hui, semble-t-il, l’heure de Radiohead de mettre la clé sous la porte et de laisser Yorke totalement libre de ses actes.

François Corda

Thom Yorke / ANIMA (Angleterre | 27 juin 2019)

 

 

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