RAMMSTEIN
rammstein

EnterreNe faisons pas la fine bouche : le temps de six morceaux (les premiers), les musiciens de Rammstein assument parfaitement leur statut de forains. Et ce retour après dix ans d’absence sonne d’abord comme un délicieux plaisir coupable anachronique, comme si les allemands étaient volontairement restés coincés dans les années 90.

Cela peut sembler paradoxal pour un groupe qui a finalement connu son heure de gloire à l’aube des années 2000. Mais en 2019 Rammstein sonne comme un groupe de métal d’Allemagne de l’Est qui serait tombé sur des compilations Generation Techno. N’ayant jamais peur du ridicule, Rammstein ose à peu près tout (« Zeig Dich » et ses chœurs hérités de Carmina Burana) et jette toutes ses forces vives dès l’entame de son comeback. Tout y est :  l’efficacité des riffs, les chichis de son épouvantail de chanteur Till Lindemann, la provoc facile des paroles (« Sex »), et ce fameux son hors d’âge donc.

Mais la seconde moitié d’un disque s’écroule soudainement sur lui-même, comme si le combo, après la tentative (plutôt réussie) un peu déviante, tant au niveau de la construction que des ambiances, de « Puppe », souhaitait prouver qu’il était capable d’autre chose que de produire du bon gros métal indus bas du front. Mais du Rammstein sérieux, c’est du Rammstein qui se limite dans sa (petite) folie, utilise un orchestre symphonique (le pire ennemi du métal ?), joue en arpèges et s’essaie au lyrisme solennel. Las, les blagues les plus courtes sont souvent les meilleures.

François Corda

Rammstein / rammstein (Allemagne | 17 mai 2019)

 

 

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