NOS BATAILLES
Guillaume Senez

EnterrePalme de la bien-pensance pour ce deuxième long métrage du pourtant prometteur Guillaume Senez, qu’on a pourtant connu moins consensuel (le joli Keeper portait en lui une certaine amertume). Nos batailles avoue presque son échec par son titre englobant, une façon de dire au spectateur qu’il va forcément se sentir concerné par les combats du quotidien que mène cette famille Toulemonde.

Tout y passe, du milieu de l’entreprise dépeint de façon parfaitement binaire, opposant de gentils ouvriers consciencieux et humains aux méchants patrons sans âme, à la relation d’Olivier avec ses enfants, qui, si elle révèle un vrai défaut de fonctionnement sociétal (la maman qui doit gérer enfants et travail pendant que monsieur s’épanouit professionnellement sans se soucier de la logistique familiale), reste très prévisible, du déni initial à la prise de conscience tardive et libératrice. Sans oublier les enfants qui trinquent, et ne font pas les choses à moitié, entre fugue et perte de parole. On sent que Guillaume Senez cherche cet équilibre fragile entre les deux tableaux, familial et social, et ce pour une bonne raison puisqu’ils sont en effet étroitement liés, chez tout le monde. Mais il le fait de façon trop ostentatoire, et finalement on est plus face à une accumulation de scènes censées sonner « juste » qu’à une belle photo de notre temps, troublé il est vrai.

Malgré les intentions louables (les syndicalistes montrés avec une réelle tendresse, le rôle de la mère débordée tenu avec grâce, la cellule familiale comme repère fondamental quand tout déconne), Nos batailles échoue donc à nous rendre autre chose qu’une copie appliquée de Psychologies magazine. La scène d’engueulade artificielle entre Olivier, homme de terrain et politiquement engagé, et sa soeur, bohème célibataire et intermittente du spectacle, pourrait être une bonne synthèse d’un film qui manque simplement d’adresse et de finesse.

François Corda

| 3 octobre 2018 | France

 

 

 

08/20

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