AGAR AGAR
the dog and the future

Dérivant dans les nuages ouatés de l’électro-pop, Agar Agar dissimule avec des nappes synthétiques prétendument douces quelque chose de plus grave. Clara, au chant et aux machines, et Armand, officiant aux synthés et machines, forment ce duo atypique qui plane avec une nonchalance feinte, oscillant entre des tempos lents et froids, une voix sans fards, parfois chantante, parfois véritable interprète de personnages fantasques ou mélancoliques.

Sous nos oreilles des courants à la fois brûlants et glacés se fracassent dans des mélodies feutrées, dénotant d’un malaise certain : celui d’une humanité cherchant à s’affirmer vis-à-vis d’une technologie qu’elle plébiscite pourtant, celui d’une jeunesse en pleine confusion entre pessimisme et naïveté enfantine. En cela, l’album The Dog And The Future se fait la synthèse parfaite de ce qui fait l’identité du groupe depuis ses débuts.

Les percussions entêtantes masquent donc, secondés par un brouillard mystérieux et pop, une complexité qui se révèle au fil des écoutes. En fin d’album, les morceaux rythmés font place ouvertement à la mélancolie, comme avec DUKE, sorte de ballade hybride entre chanson de geste médiévale et sonorités futuristes, ou le fascinant Requiem, monstrueusement artificiel. Ne doutons pas que l’agrégation de tous ces ingrédients se transformera immanquablement en une transe âpre et implacable dans des concerts aux allures de sabbats, entre oubli de soi et voyage stratosphérique.

François Armand

Agar agar / the dog and the future  (France | 28 septembre 2018)

 

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