GHOST
prequelle

Après Meliora, la déception était quasi inéluctable. Cet album a tellement été aimé, écouté et disséqué que son public tombait à coup sûr dans le paradoxe qui suit : soit « l’album d’après » parviendrait à conserver la même recette mais ne pourra jamais la dépasser, soit la formule saurait changer, mais désorienterait immanquablement son auditoire. Aucune solution n’apparaissait donc à l’horizon. De plus, des différents au sein du groupe sont apparus avec le succès, conduisant à quelques changements parmi les membres, ainsi qu’à la révélation de plusieurs identités des fameuses goules. La perte de l’anonymat du chanteur a aussi mis fin à la lignée des Papa Emeritus. Il est à présent Cardinal Copia, au maquillage beaucoup plus sobre et sans coiffe, toujours accompagné par ses « nameless ghouls ». Crise interne, succès trop grand, ego démesuré, n’importe quelle formation de rock se condamnerait à errer dans les limbes en quête d’une gloire de toute façon passée dans de telles circonstances.

Mais c’est oublier que Ghost est un groupe à part. Avec tambours et trompettes, le groupe revient avec classe et bonheur un nouvel opus. Certes des évolutions marquent cette galette non moins infernale que les précédentes, mais dans l’absolue fidélité à un son, toujours tellement chargé de références à un cinéma de genre désuet, qui définit cet étrange combo. Prequelle, c’est un retour aux origines, un chapitre qui apporte du sens à un mythe déjà connu. Ainsi, la facétieuse bande de goules s’amuse à détruire méthodiquement les liens qui en faisait un groupe de metal (sans vraiment l’être dans le fond), pour se faire chantre d’une sorte de new wave, voir de pop. Bien sûr le glam rock démonstratif est toujours là et dénote encore de ce goût pour des mises en scène toujours plus extravagantes. Entre efficacité redoutable et folie baroque, heavy metal au son très pop (pop metal ?) et rock progressif (l’album propose tout de même deux morceaux instrumentaux de plus de 5 minutes), Ghost s’est délesté de son ambiance parfois liturgique et ose des reprises improbables (Pet shop boy et Leonard Cohen !). Les Suédois sont là pour longtemps et continuent leur route pour devenir un groupe majeur de la scène rock contemporaine.

François Armand

Ghost / prequelle  (Suède | 1er juin 2018)

 

 

 

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