ZIPPO
zippo contre les robots

Des nappes brumeuses synthétiques, rythmées par des beats vaporeux, glacent le sang de ceux qui osent entrevoir le monde par les yeux de Zippo. Ce que le cyberpunk des années 80 (ou les romans d’anticipation politique plus anciens d’ailleurs) n’osait imaginer s’est produit. Coincé dans l’absurde d’un roman de Phillip K. Dick, d’Aldous Huxley ou de George Orwell, l’humain tente sans gloire de s’adapter pour survivre. Dans le monde décrit dans Zippo contre les robots, nulle humanité où que ce soit. Seul le cynisme règne en maître et les robots ne sont que des outils au service de la technocratie.

Jadis, NTM scandait : « On ne fait pas partie de la solution, mais bien plutôt du problème. ». Ces paroles semblent guider Zippo lorsqu’il assène ses visions tragiques avec froideur. A l’inverse de nombreux rappeurs de la scène hexagonale qui revendiquent leur absence de conscience politique et se vautrent dans l’oubli à grand renfort de sexe et d’alcool, Zippo vomit son dégoût de manière désabusée. Son point de vue peut s’avérer parfois troublant et mérite toujours réflexion. Une vague odeur de soufre flotte en effet, lorsque que l’artiste dénonce l’impérialisme d’une nouvelle modernité et de certains dogmes (écologie, laïcité …). Assumant sans vergogne son attachement à un rap résolument contemporain (tout en évitant l’écueil de l’auto-tune !), l’artiste démontre qu’il ne s’agit pas d’une question de vivre avec son temps ou pas, mais bien d’esprit critique et de lucidité.

François Armand

Zippo / zippo contre les robots  (France | 9 mars 2018)

 

 

 

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