DÉTROIT
Kathryn Bigelow

Kathryn Bigelow s’était égarée avec Zero Dark Thirty, pensum incompréhensible, étrangement dénué de rythme et peuplé de fantômes en guises de protagonistes, comme si la réalisatrice se sentait tout à coup investie d’une mission politique après la réussite et le succès surprise de Démineurs. Il y avait clairement là un quiproquo : certains voyaient dans Démineurs une violente charge contre le gouvernement Bush, quand ce n’était « que » de l’actioner dépressif, parfaitement mis en scène et interprété. Bigelow, dans Zero Dark Thirty, semblait paralysée par l’enjeu. Elle revient avec Détroit à ce qu’elle sait faire de mieux, capter l’air de son temps en matière d’entertainment qui pense, façon McTiernan. Vouloir lire entre les lignes de Détroit ne sert strictement à rien, la lecture des faits, impitoyables, se suffit à elle-même. Ni complaisance ni romance futile, il faut accepter le film tel qu’il est, c’est à dire un hommage indirect au Full Metal Jacket de Kubrick, enroulé autour de trois parties dans lesquelles se disputent en parfaite harmonie aspect documentaire et légères touches fictionnelles. Ici, la naissance du chaos (la phase des émeutes), la guerre psychologique (la séquestration), et le retour à la vie (le procès) sont autant de prétextes, pour Bigelow, de démontrer ses talents de réalisatrice, toujours attirée par les situations et les personnages limites.

François Corda

 

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