BOOBA
futur

SDeterreQu’est-ce qui peut donc nous faire encore aimer Booba ? L’homme se fait passer dans les médias pour un idiot, et dans ses disques pour un gangster fantasmé façon Scarface. Eh bien justement, ce qui fait de Booba une figure encore charismatique aujourd’hui, c’est sa capacité à incarner, en mots et en musique, un fantasme. Un fantasme de toute-puissance, aussi bien physique que pécuniaire. Tout cela est totalement vain, bien entendu, mais assez jouissif. D’autant plus quand l’homme se montre performant dans ses textes et qu’il sait se faire accompagner par de bons producteurs, comme c’est le cas sur Futur.

Booba, c’est donc notre Al Pacino version Boulogne Billancourt. Vulgaire, beau gosse, (soi-disant) immigré et (prétendument) dangereux, prêt à tout pour réussir. On peut (doit ?) en rire, il n’empêche qu’à ce petit jeu, dit de l’ego trip, Booba nargue ses ennemis – à peu près tout le monde si l’on comprend bien – avec une maestria peu commune. Les mots remplaçant les balles, on pourrait dire que les punchlines fusent, et qu’elles font souvent mouche. Au-delà, c’est ce flow à l’agressivité lascive dont on ne cesse de se délecter. Malheureusement dans Futur, Booba use à l’envie du fameux autotune, ce que l’on pourrait regretter dans un premier temps. Mais il trouve le moyen d’en faire un usage finalement singulier. Car cet outil, qui devrait permettre à sa voix de devenir un temps soit peu mélodique, sert en réalité la plupart du temps un flot d’insultes continu. Si bien que le résultat est pour le moins étrange, heurtant, finalement assez éloigné des canons radiophoniques abrutissants du genre. Booba trouve le moyen de se sauver in extremis, par la seule grâce de sa logorrhée qui semble intarissable.

On peut donc se satisfaire de Futur à un double niveau. Ce peut être d’abord au second degré : légitimement, on a le droit de penser que tout cela n’est vraiment pas possible mais que c’est en même temps franchement drôle ! Alors pourquoi se priver ? Ou bien, on assume de se mettre dans la peau de ce personnage créé de toute pièce, le Booba gangsta paradise (*) qui nous fait rêver avec ses grosses voitures, ses gros seins et sa grosse bite. C’est totalement régressif mais le français a un pouvoir d’attraction bien particulier pour nous garder sous son aile, et mieux encore, décupler sa puissance d’évocation fantasmatique : ses instrumentaux. Ceux de Futur sont certainement les meilleurs depuis ses deux premiers albums solo, Temps Mort et Panthéon, soit le haut de gamme de sa discographie. Sombre et écrasante, la musique n’est jamais là pour décorer avec Booba. Elle est destinée à poser une ambiance lourde et malsaine, celle d’un rap game qui se rêve sanglant, sentant la rue et ses boîtes de nuit glauques, ses lascars les moins fréquentables.

Peu importe si tout cela est de la fantaisie : l’essentiel c’est que Booba arrive à nous faire croire, le temps d’un disque, qu’il est ce qu’il prétend. Cela demande un peu de bonne volonté et des sacrifices : l’abominable reggae de supermarché « Jimmy », l’autotune à haute dose, ou encore la durée aberrante de l’album. Mais au final, cela ne fait pas l’ombre d’un doute que Booba demeure l’un des meilleurs paroliers de sa génération, qu’il manie les mots avec une aisance peu commune. Et surtout, le Duc de Boulogne, comme il aime se faire appeler de temps à autre, sait s’entourer de bons producteurs qui ont tout compris à son univers décadent. Donc oui, Booba mérite encore le respect. Pour le fantasme qu’il incarne, les moyens qu’il se donne pour l’incarner. La question est plus de savoir jusqu’où on pourra tolérer ses frasques de sale gosse…bub

François Corda

 

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Booba / futur

Date de sortie : 26 novembre 2012

 

bub

 

gg

 

Showing 5 comments
  • one piece episode

    Booba est un rappeur de qualité, qui a vite réalisé qu’être vulgaire était le bon filon.
    De plus dès qu’il constate qu’une technique fonctionne, il l’utilise à n’importe qu’elle sauce (exemple : auto-tune comme vous l’avez cité dans cet article).
    Mais il a au moins le mérite d’avouer qu’il fait du rap seulement pour l’argent.
    En tout cas votre article résume bien l’artiste.

  • El

    C’est quoi cet article de rageux ? L’auteur ne peut pas s’empêcher de rabâcher a chaque phrase que Booba est un mythomane ….!! Tu le connais personnellement ? Je ne crois pas.

  • Issam

    Très mauvais article car la critique est loin d’être objective. L’auteur ne semble même pas avoir réellement écouté Booba ou même regarder son parcours. Affirmant des choses basés sur aucun fait réel spéculant à tout va…On dirait plus un blog écrit par un enfant qu’un article raisonné. De plus il y a aucune argumentation, sans parler du second degré mal placé dans le récit et un concession minable à la fin du texte . Bref c’est triste de voir un site qui veut se prétendre juste publié un article que cette qualité…

  • Reuis Malaji

    Quand je vois cet article qui date de 2012 je suis extrêmement surpris du changement d’image de Booba depuis plus de 3 années.

    • La rédaction

      François Corda: Ah c’est amusant je ne trouve pas que son image ait beaucoup changé depuis 2012. Le tournant pour moi c’est plutôt Ouest Side…

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