Cherchez Hortense
Pascal Bonitzer

DeterreSixième long métrage de Pascal Bonitzer, Cherchez Hortense dessine le puzzle de la vie : la volonté d’associer les bons morceaux pour obtenir cette image « complète » de notre moi idéal. Et pour cela donc, les morceaux à recoller, les bouts de puzzle que l’on cherche, parfois en vain, que l’on essaye et repose, les morceaux que l’on pense perdus. Pour traiter de cette thématique de la recherche de soi, Bonitzer fournit quelques bouts du puzzle avec humour et légèreté en embarquant le spectateur dans cette quête. Avec un premier bout du puzzle manquant : Hortense. Sous entendu, cherchez-la (Hortense).

Le thème du jeu est omniprésent dans le film de Bonitzer. Aussi bien dans le scénario où chacun des protagonistes cherche son bout de puzzle manquant mais également en filigrane, où Bonitzer invite le spectateur à se prêter au jeu en recherchant Hortense et plus largement à s’interroger sur la notion de quête existentielle.

Dans Cherchez Hortense, le corps du puzzle s’illustre au sein de la famille composée de Damien, professeur de civilisation chinoise, Iva, metteur en scène de théâtre et leurs fils Noé. Damien et Iva, en couple depuis quelques années, sont enlisés dans une relation devenue routinière et lassante. Pour éviter à une amie d’être expulsée, une certaine Zorica, Iva somme Damien de demander de l’aide à son père, un membre du Conseil d’Etat. Derrière cette démarche, simple à première vue, Bonitzer dépeint le puzzle des trois membres de la famille et toute la complexité des relations humaines. Le puzzle de Damien se compose de morceaux à prendre en compte nécessairement car faisant partie de l’existence mais qui ne s’associent pas à son idéal de vie (son père avec qui il a une relation conflictuelle, l’amant d’Iva) et de morceaux qui apparaissent et rendent la vie plus douce (Zorica). Le puzzle d’Iva se compose de bouts qu’elle voit s’échapper (son mari qui ne la comprend plus), de bouts qui compensent mais ne pansent pas (son amant) et de bouts stables et rassurants (son fils). Et enfin, pour Noë, il s’agit de morceaux entiers qui s’étiolent et, par conséquent, ne lui permettent pas de se construire sereinement (ses deux parents se séparent).

Mais la quête n’est pas seulement l’objet des personnages de Bonitzer, elle est aussi la nôtre. Cela passe par l’affiche du film qui se compose de morceaux de puzzle et au travers du titre « Cherchez Hortense » qui s’adresse autant aux protagonistes qu’à nous, spectateurs. Bonitzer nous soumet donc cette quête en posant çà et là les obstacles qui compliquent sa trouvaille : un patchwork de situations comiques et/ou réalistes qui mouvementent le film et éloignent le spectateur de sa recherche initiale. Ce sont les nombreuses tentatives de Damien pour s’entretenir avec son père et lui faire part du cas de Zorica ; tentatives qui se soldent souvent par l’apparition de nouveaux éléments qui ne font que brouiller les pistes (par exemple, l’homosexualité du père). Ce peut être la révélation des sentiments, toujours avortée, de Damien à Zorica et qui ne fait que retarder le commencement de leur histoire, jusqu’à la mettre parfois en péril.

Et dans cette dualité de puzzles finalement assez vertigineuse, celui des personnages et celui qui s’offre au spectateur, Pascal Bonitzer, souligne le jeu de la vie et l’amusement avec lequel il faut la considérer pour chercher les morceaux manquants. Dans cette même veine, quelqu’un n’aurait pas dit : « Life is a play » ? A vous de chercher !bub

Raphaëlle Courcelles

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Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer (France ; 1h40)

Date de sortie : 5 septembre 2012

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