TAKE SHELTER
Jeff Nichols

RevueSorti en ce début d’année et accompagné d’un concert de louanges médiatiques, Take Shelter de Jeff Nichols est sans conteste un très bon film pour nous aussi. Plutôt que d’ajouter du bruit au bruit, nous avons préféré procéder à une petite revue de presse Web et indiquer ci-dessous les articles qui nous ont semblé contenir les idées les plus intéressantes ou les plus justes au sujet de cette œuvre.

Synopsis : Curtis LaForche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d’une tornade l’obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l’incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l’habite…

A lire en tout premier lieu, la critique dithyrambique du film par Jérôme Momcilovic de Chronic’art. Elle permet de bien cerner combien dans Take Shelter est original le traitement de l’Apocalypse dès lors qu’on le compare à la tradition du cinéma américain à cet égard : Take shelter « pose une autre question. Non plus : que faire avec la catastrophe […] ? Mais : que faire avec la peur […] ? ». L’article insiste aussi, à raison, sur l’importance pour le spectateur de ne pas se tromper de film : il ne s’agit pas tant de savoir si le pressentiment de Curtis LaForche est justifié ou non, que d’observer comment l’amour et l’angoisse peuvent s’avérer interdépendants. Cette approche a le mérite d’éclairer la toute fin du film comme autre chose qu’une pirouette facile (du genre « toupie d’Inception ») de la part d’un réalisateur qui pourrait être considéré comme hésitant par défaut.

Jacques Mandelbaum du Monde parle de l’importance du « pathétique combat intérieur » de Curtis et de la « conscience impuissante de sa propre folie ». Dans le même ordre d’idées Benoît Smith de Critikat insiste pour sa part dans son article sur la « double vie » de Curtis, c’est-à-dire sa tentative courageuse de faire tenir ensemble deux choses a priori incompatibles, entre raison et irrationnel. De plus, en mettant en avant l’ingéniosité de la mise en scène qui cherche vraisemblablement à maintenir l’indécision entre « psychose » et « prescience », il propose comme Jérôme Momcilovic une manière singulière d’appréhender le film où la scène finale prend alors un sens qu’on ne soupçonne pas forcément.

Enfin, dans le lot des articles qui, pour une grande partie d’entre eux, présentent des interprétations disons « socio-historico-politiques », et où les comparaisons avec Melancholia de Lars Von Trier et avec The Tree of Life de Malick sentent souvent le forcé (*) ou l’anecdotique, il peut être intéressant de consulter celui de Louis Guichard de Telerama qui note avec justesse que dans Take Shelter « tout se passe comme si la peur de perdre quelque chose créait peu à peu les conditions d’une perte encore plus grande, voire totale. […] La fin du monde est autant redoutée que désirée par une humanité qui n’a pas grand-chose à se reprocher, sinon d’avoir perdu toute confiance en elle-même. »

(*) par exemple il est difficile de voir chez Malick et Nichols un rapport similaire à la nature. Alors que pour le premier la nature semble être une extériorité un peu mystique, pour le second elle apparaît surtout comme la projection d’une intériorité.

Jacques Danvin

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Take Shelter de Jeff Nichols (Etats-Unis ; 2h00)

Date de sortie : 4 janvier 2012

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