INCEPTION & TOURNÉE
Christopher Nolan & Mathieu Amalric

EnterreTout ça pour ça. C’est le mot qui m’est venu à voir Tournée et Inception. Pour qualifier la vanité de deux projets que beaucoup de choses opposent pourtant. Mais le résultat est le même. Quel que soit le budget. Quelle que soit la marge de manoeuvre. Quelle que soit la motivation. Ces deux films n’en restent qu’à ce qu’ils sont. Ils n’ouvrent à rien d’autre qu’eux-mêmes. Ils se regardent le nombril. Ils suffoquent et ils oublient de lever les yeux à l’horizon.

Nolan et Amalric sont fascinés. Nolan par lui-même et sa réussite totale à Hollywood. Amalric par ce qu’il n’est pas, cet autre que sont ces femmes du New Burlesque, ce too much qu’elles incarnent et qu’il ne saurait être. Et ils sont vaniteux tous les deux, c’est-à-dire qu’ils se satisfont de la position qu’ils occupent et le montrent un peu trop. Inception est une démonstration de puissance sans enjeu. Tournée est un renoncement face aux enjeux d’importance. Nolan se complaît à pouvoir réaliser ce que bon lui semble, à exploiter toutes les possibilités du cinéma pour se prouver qu’il maîtrise son sujet, et que c’est lui qui décide. Amalric s’absout d’avance de succomber à sa fascination, il s’absout de ne pas prendre les responsabilités qu’il semble fuir. Là où Nolan se trompe d’ambition et manque clairement d’humilité, Amalric à l’opposé pèche par fausse modestie et ainsi s’empêche tout véritable ambition.

Il doit bien exister une ambition saine et positive quand on réalise un film. Une ambition de cinéma qui sublime la motivation de départ. Que cette motivation soit avouable ou non. Qu’il s’agisse à l’origine d’une fascination pour soi ou pour l’autre. Une ambition qui permette d’échapper au « tout ça pour ça », au « so what? » : à la vanité. Une ambition qui ne s’effraie ou ne méprise pas des enjeux moraux, politiques et esthétiques. Une ambition prudente mais sincère, humble sans excès de zèle.

Certes on en a pour son argent en termes de spectacle à voir Inception. Certes on peut reconnaître l’honnêteté de Tournée quant à son mouvement d’ensemble. Dans leurs genres ce sont des objets qu’on peut dire réussis. Mais la vanité plombe les plus belles entreprises. A l’aune d’une ambition positive, il faut reconnaître que dans Inception et Tournée, Nolan et Amalric ne font malheureusement que la première moitié du chemin. Il manque quelque chose. La fascination qui se regarde ne suffit pas pour décoller. Et comme le dit le vieil adage lituanien : de qui est sur le trampoline, l’idiot n’est pas celui qui saute, mais celui qui reste dessus sans bouger !

Jacques Danvin

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Inception de Christopher Nolan (Etats-Unis, Royaume-Uni ; 2h28)

Tournée de Mathieu Amalric (France ; 1h51)

Dates de sortie : 21 juillet 2010 / 30 juin 2010

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