The Social Network
David Fincher

EnterreLa grande mascarade de Facebook, qui conduit comme chacun sait (consciemment ou inconsciemment) à la sous-communication, la sous-amitié (les gens de Facebook se sont-ils déjà demandés pourquoi ils avaient perdu ces amis désormais retrouvés ?) et au sur-flicage individuel se poursuit. Jusque quand ? Voilà qui aurait fait un bon point de départ pour une satire du « réseau social ». Au lieu de çà on nous bassine avec un biopic de nerds.

Tout commence très mal : montage nerveux, dialogues hystériques, premiers de la classe arrogants… A croire que c’est vachement excitant de s’immiscer dans le ghetto de luxe Harvard. Comment ça, ça ne vous fait pas rêver ? Pour le reste c’est jeunes loups vs. pouffiasses, jolie bestiaire que ni le scénario ni la réalisation ne viendront remettre en question. Alors pourquoi autant de succès, public et critique ? Une tentative d’éclairage : il y aurait 500 millions de membres actifs sur Facebook dans le monde. Serait-ce stupide d’en conclure que tout foyer possédant un ordinateur a un compte Facebook ? Voilà un premier élément de réponse. En gros, tous les adolescents et jeunes dynamiques de ce monde sont concernés, voire impliqués. Et on ne pense pas trop se mouiller en disant que si vous montrez ce film à une personne de plus de 45 ans, elle s’endort au bout de 5 minutes, le dialecte employé y étant incompréhensible, et le sujet traité ne le concernant que de très loin. The Social Network est destiné à un public particulier et n’a sans doute été vu QUE par ce public. Par ces gens qui se demandent d’où est né ce machin qui rythme le quotidien de leur journée depuis quelques années.

Et quand on a ce profil et que l’on voit The Social Network on a toutes les bonnes raisons d’être satisfait. Parce que Zuckerberg est le bouc émissaire parfait : lui n’a vraiment pas d’amis du tout, lui est vraiment scotché tout le temps à son PC portable, lui est vraiment milliardaire, bref il n’est pas comme nous, on se lave les mains : le nerd, le loser, c’est lui, vraiment lui, pas nous. Il est tellement nerd que même les nerds le trouvent nerd, c’est dire. En bref il rachète à lui tout seul toutes ces heures perdues à glander sur sa page Facebook, à chercher des gens sortis de notre vie (souvent pour de bonnes raisons), prendre des apéros virtuels, exhiber des photos de sa vie privée qui n’intéressent que nous (et tous les petits curieux qui se demandent ce qu’est devenu leur ex). Finalement The Social Network, bien plus qu’un drame (vous avez pleuré vous ?), un biopic ou une comédie de mœurs, est un produit dans la droite lignée de Facebook : voyeuriste (parce qu’on s’immisce dans la petite vie de Zuckerberg), et phagocyteur de vie sociale.

François Corda

bub

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The Social Network de David Fincher (Etats-Unis ; 2h00)

Date de sortie : 13 octobre 2010

bub

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08/20
Comments
  • NonooStar

    Ne pas aimer un film, ça arrive.

    En livrer une « analyse » aussi à côté de la plaque et pleine de contre-sens, c’est lamentable.

    « A croire que c’est vachement excitant de s’immiscer dans le ghetto de luxe Harvard. Comment ça, ça ne vous fait pas rêver ? »
    Un scoop : le cinéma peut montrer des personnages repoussants. Vous n’étiez pas sensé rêver d’être Bateman dans American Psycho.

     » Pour le reste c’est jeunes loups vs. pouffiasses, jolie bestiaire que ni le scénario ni la réalisation ne viendront remettre en question. »
    Bizarre… j’aurais pourtant juré que tout cette séquence montre que l’oeuvre de Zuckerberg, c’est justement une remise en question de ce bestiaire : http://louvreuse.net/Analyse/the-social-network.html (désolé pour l’auto-promo)

    « The Social Network est destiné à un public particulier et n’a sans doute été vu QUE par ce public. »
    Ça, c’est votre postulat, pour le moins paresseux.

    « Et quand on a ce profil et que l’on voit The Social Network on a toutes les bonnes raisons d’être satisfait. »
    … ou comment juger un film non pas sur ce qu’il est, mais sur la façon dont on imagine que le public supposé le perçoit, soit à travers de bonnes grosses approximations qui ne semblent pas vous gêner.

    Cela dit, même si on aime pas le film, on peut tout de même remarquer qu’il traite des changements initiés par le Net et par Facebook : changements des rapports entre investisseurs et faiseurs (le « sans-le-sou » Zuckerberg l’emporte sur les friqués Winklevoss) ou entre les personnes (Zuckerberg est très régulièrement montré de l’autre côté d’une vitre ou d’un écran… c’est assez explicite)… ou que la vie intime de Zuckerberg reste assez mystérieuse (quel est le sens de la dernière scène ? est-il toujours amoureux ? est-ce une forme de vengeance, de soumission de son ex à sa création ?), reflet du fonctionnement de FB lui-même (que connaissez-vous vraiment de vos « amis » sur FB ?).

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