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La chanson engagée est souvent d’un sérieux accablant, et victime d’un grand conservatisme musical. On pourrait parler de Cali, mais aussi des plus respectables Noir Désir qui n’ont jamais été aussi mauvais que quand ils se montrés ostensiblement politisés. Pour cela, entre autres, Marijane Miracle fait office de bol d’air frais dans ce genre musical compliqué.
La recette textuelle est simple : faire passer des messages sociaux et politiques à travers un humour décapant. Et finalement, quoi de plus efficace, pour faire passer les dits-messages, que de les dédramatiser ? Derrière la bouffonnerie et l’exubérance érigées en règles par la chanteuse Marie-Anne (qui rappelle sur scène la canadienne Peaches, aussi fervente de costumes et déguisements délirants), Franck Sinistra concocte une musique électronique (aux frontières des eighties, de la techno, voire de la jungle) particulièrement inspirée et décalée. Luxuriante, riche et donc au départ peu abordable, celle-ci s’accorde pourtant finement avec la volubilité de Marie-Anne.
Finalement, une forme d’inquiétude naît de cette association contre-nature. Entre celle qui fait de la misère sociale internationale un théâtre histrionique et celui qui s’amuse à corrompre sons et percussions, l’alchimie est parfaite… Et surtout unique. Rien ne ressemble plus à Marijane Miracle que Marijane Miracle, et rien que ça, c’est déjà géant.—
François Corda
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