Série noire s’est taillé avec les années une belle place dans le patrimoine du bon film français. Mais qu’y voit-on finalement ? Pas grand-chose d’autre qu’un Dewaere en complète roue libre. Alain Corneau semble en effet avoir laissé les clés de la réalisation au grand Patrick, alors au faîte de sa gloire ; et celui-ci n’en fait qu’à sa guise, jouant pour ainsi dire le même personnage que celui interprété la même année dans le mauvais Coup de tête signé du mauvais Jean-Jacques Annaud.
L’histoire dans ses grandes lignes (ne cherchez pas entre il n’y a rien) : français moyen paumé, VRP médiocre, Franck Poupart décide (attention spoiler, on n’apprend cela qu’au bout d’une heure de non-événements non dialogués) de se faire le magot d’une vieille marâtre qui prostitue sa nièce de gamine. Gamine interprétée par une Marie Trintignant qui semble atteinte d’une paralysie faciale, tant elle est inexpressive. L’occasion pour nous d’admirer : Patrick Dewaere qui danse, Patrick Dewaere qui se bourre la gueule, Patrick Dewaere qui se tape une scène de ménage, Patrick Dewaere en garde à vue. Série noire n’est pas un film, c’est un documentaire sur un acteur qui aura, par son visage, sa décontraction de jeu et sa mort tragique, marqué le cinéma français. Mais de polar il n’y a point, de mise en scène il n’y a point. On ne pleure pas on ne rit pas, on ne grince pas (plus ?) des dents. Bref, une grande impression de néant submerge ce grand petit film, et si l’on n’est tout de même pas au niveau téléfilmique moisi de Coup de tête, il est bien difficile de le placer au-dessus d’un bon Nestor Burma.bub
François Corda
bub
———
Série noire de Alain Corneau (France ; 1h51)
Date de sortie : 25 avril 1979
bub
—
