PIRANHA 3D & THE CRAZIES
Alexandre Aja & Breck Eisner

DeterreCe sont les deux films d’épouvante que l’on retiendra de cette année 2010, dans un registre totalement différent.Deux remakes de deux petits maîtres underground de l’horreur : The Crazies première mouture revient à Georges Romero, Piranha à Joe Dante. Si le second est sans aucun doute l’un des plus connus de son auteur, le film de Romero est en revanche souvent eclipsé au profit de sa série sur les morts-vivants. Voilà donc une occasion détournée de revisiter sa filmographie, que l’on réduit trop souvent à la célèbre trilogie des zombies.

En dehors de leur bonne qualité, c’est le point de départ scénaristique, à savoir la gestion d’une situation de crise à grande échelle, qui rapproche les deux longs métrages. The Crazies, ou le virus qui rend fou et se transmet à vitesse grand V, à mi-chemin entre l’Invasion des Profanateurs de Sépultureet les films de zombies. Piranha, déjà remake à la base (le pitch est bien pompé sur lesDents de la Mer), c’est la confrontation d’une horde de poissons aux dents bien aiguisées face à une population gigantesque de Kens et Barbies décérébrés.

D’ores et déjà, on voit bien que les enjeux ne sont pas les mêmes : le premier pouvant se faire le miroir d’une petite réflexion sociétale, voire politique, quand le second n’est clairement qu’un prétexte à un jeu de massacre.Dans ce sens, les deux réalisateurs, Breck Eisner et Alexandre Aja, se sont montrés très fidèles à leurs prédécesseurs, l’américain conservant l’aspect réflexif de l’œuvre de Roméro, le français restant dans la farce au vitriol. Certains penseront certainement que les jeunes auteurs sont restés trop polis. Pourtant il faut souligner l’efficacité du récit et la mise en scène nerveuse d’Eisner, qui parvient à certains moments à dégager une vraie folie destructrice (la scène du lavomatic complètement déjantée, et celle de la mise en quarantaine, véritablement anxiogène). Toutes les péripéties des héros se suivent avec plaisir, et le premier degré assumé, trop rare de nos jours dans ce style, est sans conteste l’un des atouts majeurs de cet aimable remake.

Quant à Aja, sa version ne manque pas de mordant, ah ah. Lui se moque au contraire totalement de son histoire (le film a d’ailleurs du mal à démarrer), mais il livre par la suite avec frénésie et inventivité une belle collection de morts violentes et drôlatiques. On sent que le jeune français, désormais tranquillement installé sur son petit trône hollywoodien, peut tout se permettre. Il faut voir ces scènes d’orgie sanglante : le réalisateur y repousse avec bonheur les limites de la boucherie dégénérée, purement gratuite ! C’est cathartique, et d’autant plus jouissif que derrière la pochade se dessine la mise à mort dans les formes de tout un pan de la jeunesse américaine, dont le plus noble élément est un puceau qui se branle frénétiquement derrière son PC, prêt à délaisser ses petits frère et sœur dans l’espoir de se taper une star du porno débile. Quel tableau !

François Corda

bub

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Piranha 3D de Alexandre Aja (Etats-Unis ; 1h41)

The Crazies de Breck Eisner (Etats-Unis, Emirats ; 1h29)

Dates de sortie : 1er octobre 2010 / 9 juin 2010

bub

Ce sont les deux films d’épouvante que l’on retiendra de cette année 2010, dans un registre totalement différent. Deux remakes de deux petits maîtres underground de l’horreur : The Crazies première mouture revient à Georges Romero, Piranha à Joe Dante. Si le second est sans aucun doute l’un des plus connus de son auteur, le film de Romero est en revanche souvent eclipsé au profit de sa série sur les morts-vivants. Voilà donc une occasion détournée de revisiter sa filmographie, que l’on réduit trop souvent à la célèbre trilogie des zombies.

En dehors de leur bonne qualité, c’est le point de départ scénaristique, à savoir la gestion d’une situation de crise à grande échelle, qui rapproche les deux longs métrages. The Crazies, ou le virus qui rend fou et se transmet à vitesse grand V, à mi-chemin entre l’Invasion des Profanateurs de Sépulture et les films de zombies. Piranha, déjà remake à la base (le pitch est bien pompé sur les Dents de la Mer), c’est la confrontation d’une horde de poissons aux dents bien aiguisées face à une population gigantesque de Kens et Barbies décérébrés.

D’ores et déjà, on voit bien que les enjeux ne sont pas les mêmes : le premier pouvant se faire le miroir d’une petite réflexion sociétale, voire politique, quand le second n’est clairement qu’un prétexte à un jeu de massacre. Dans ce sens, les deux réalisateurs, Breck Eisner et Alexandre Aja, se sont montrés très fidèles à leurs prédécesseurs, l’américain conservant l’aspect réflexif de l’œuvre de Roméro, le français restant dans la farce au vitriol. Certains penseront certainement que les jeunes auteurs sont restés trop polis. Pourtant il faut souligner l’efficacité du récit et la mise en scène nerveuse d’Eisner, qui parvient à certains moments à dégager une vraie folie destructrice (la scène du lavomatic complètement déjantée, et celle de la mise en quarantaine, véritablement anxiogène). Toutes les péripéties des héros se suivent avec plaisir, et le premier degré assumé, trop rare de nos jours dans ce style, est sans conteste l’un des atouts majeurs de cet aimable remake.

Quant à Aja, sa version ne manque pas de mordant, ah ah. Lui se moque au contraire totalement de son histoire (le film a d’ailleurs du mal à démarrer), mais il livre par la suite avec frénésie et inventivité une belle collection de morts violentes et drôlatiques. On sent que le jeune français, désormais tranquillement installé sur son petit trône hollywoodien, peut tout se permettre. Il faut voir ces scènes d’orgie sanglante : le réalisateur y repousse avec bonheur les limites de la boucherie dégénérée, purement gratuite ! C’est cathartique, et d’autant plus jouissif que derrière la pochade se dessine la mise à mort dans les formes de tout un pan de la jeunesse américaine, dont le plus noble élément est un puceau qui se branle frénétiquement derrière son PC, prêt à délaisser ses petits frère et sœur dans l’espoir de se taper une star du porno débile. Quel tableau !

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