CASTANETS focus

Généralement une bande-annonce sert à donner envie de voir le film dont elle est tirée. C’est un produit d’appel. Il faut être prêt à y croire, il faut savoir se méfier d’elle. Elle peut surprendre et envoyer du rêve, elle peut créer des attentes que le film ne pourra pas satisfaire.

Proposer une compilation musicale de morceaux d’un artiste ou d’un groupe est un exercice délicat. Cela ressemble à extraire une sorte de méta bande-annonce d’une filmographie dont l’unité n’est pas certaine. Cela comporte donc le risque de tromper, de décevoir. Mais ça peut envoyer du rêve.

A quoi pourrait ressembler aujourd’hui une compilation de Castanets, nom de scène derrière lequel se cache un certain Raymond Raposa ? Y aurait-il un dénominateur commun décelable à travers la variété de ses cinq albums (Cathedral – First Light’s Freeze – In the Vines – City of Refuge – Texas Rose, the Thaw & the Beasts) ? Sur quel fil rouge tirer pour faire sentir la valeur de sa musique ?

Qu’on ne s’y trompe pas. Ce fil rouge, ce n’est pas la voix de Raymond Raposa dont le timbre n’est ni unique ni singulier. Ce n’est pas non plus ses tics de composition qu’on retrouve d’un album à l’autre (boîtes à rythmes, chœurs féminins, plages instrumentales en guise d’intermèdes, mix de musique concrète et de rock pur). Ce n’est pas non plus la thématique ou l’idée générale qui semble structurer chaque album (le voyage inspiré au cœur de paysages américains).

Non. Tout cela vaut bien qu’on y prête une oreille, car c’est du bel ouvrage. Mais ça n’est que le style au service du « souci de l’âme » : cette exigence et cette constance de Castanets à chercher à traduire en bain musical ce qui fait la qualité des paysages traversés. Chacun de ses albums a certes son âme propre (en particulier First Light’s Freeze – City of refuge – Texas rose, the Thaw & the Beasts), mais le souci de la rendre à l’écoute est palpable partout. C’est dire combien la recherche de Raymond Raposa est sincère.

La compilation ci-dessous, la méta bande-annonce, peut céder à la facilité d’utiliser en priorité les titres les plus accrocheurs, les plus chantants. Mais elle cherche à faire sentir ce « souci de l’âme » qui fait à mon sens la force de Castanets. J’espère qu’elle vous donnera envie d’aller y prendre un bain.