NIKITA
Luc Besson

DeterreEn 1990 Luc Besson n’était pas encore le has-been que l’on connait actuellement. A l’époque il était tout à fait « in », et on pourrait même dire qu’il possédait un certain savoir-faire en qualité de réalisateur. Avec le recul, il est intéressant de constater que, d’une certaine manière, Nikita pourrait être l’esquisse de ses deux chefs d’œuvre qui suivront : Léon et Le Cinquième Elément. Attention, que ce soit clair : un chef d’œuvre bessonien n’est rien d’autre qu’un très bon divertissement ! Mais tout de même.

En tant qu’esquisse, Nikita ne vole donc pas très haut, vous l’aurez saisi, mais dévoile quelques qualités. D’abord encombré d’une interminable et grotesque première partie (on ne « spoilera » pas en révélant qu’il s’agit de la phase de conversion de Nikita, jeune junkie incontrôlable, en agent secret high level mais douée pour la vie), le film s’articule ensuite autour du couple Anglade-Parillaud, autrement plus convaincant que celui formé avec Karyo, improbable et ridicule duel sadomasochiste. En fait on retrouve dans cette première moitié de Nikita les plus gros défauts de Besson : poésie de pacotille (le pompon revenant aux deux scènes avec Jeanne Moreau, caution intello d’un film pourtant ouvertement bourrin), humour à deux balles (un sketch sur tatami entièrement pompé sur Les Bronzès) et violence gratuite (la scène d’intro, ballet de balles mal orchestré parce que complètement incongru).

C’est quand Besson passe à l’action movie teinté de thriller qu’il surprend agréablement. Suspense, dialogues ultra simplifiés (ouf !), enjeux dramatiques minimalistes (le secret qui plane au dessus du couple), le Français a de bonnes idées et il les met consciencieusement en application, sans chercher à épater la galerie. Ainsi son personnage de Victor, le nettoyeur incarné par Reno, est formidable. Monobloc, imperturbable et inquiétant, il est tout ce que Nikita cherche à être, en vain: une superbe matière brute. Probablement Besson l’a-t-il compris, puisque qu’il réutilisera ce personnage pour en tirer ce qui est à ce jour l’un de ses deux « chefs d’œuvre »: le fameux Léon. Ce dernier demeure bien plus régulier que ce troisième long métrage en demi-teinte.

François Corda

bub

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Nikita de Luc Besson (France, Italie ; 1h55)

Date de sortie : 21 février 1990

bub

08/20

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