WATERWORLD
Kevin Reynolds

DeterreOn a dit beaucoup de mal de Waterworld à tort. Naguère on jasa sur le conflit Costner-Reynolds, la mégalomanie du premier, l’incompétence du second, on enfla un semi-échec commercial en méga flop. Mais quinze ans plus tard, qu’on se le dise, Waterworld est toujours un très bon film d’action. Si tant est qu’on puisse le voir sur grand écran.

Car comme (trop) rarement dans les films à grand spectacle, le décor condense en lui seul tous les enjeux, qu’il s’agisse des scènes d’action pure (toutes impeccables) ou du scénario (d’une simplicité à  pleurer, mais tellement efficace). Cela explique sans aucun doute que le film n’ait pas eu de deuxième chance, en VHS, DVD ou à la télévision pour redorer son blason : ailleurs que sur un écran de cinéma, il est en effet beaucoup plus difficile de se sentir envahi par l’immensité de cet océan mystérieux et meurtrier.

C’est ainsi, Waterworld est donc dans l’esprit de beaucoup synonyme de beaucoup de bruit (et de sous) pour rien,  un blockbuster bodybuildé sans âme. Pourtant, indéniablement, le film revêt un certain classicisme : à la vue d’un Kevin Costner solitaire, individualiste et mutique, on ne peut que penser à l’Homme Sans Nom interprété il y a quarante ans par Clint Eastwood. Et à voir ces hordes de Smokers sans foi ni loi déboulant dans des villages isolés et gangrénés par des chefs de fortune, on garde en tête les westerns de la belle époque. Il faut louer aussi la sobriété des effets spéciaux qui évite les écueils de l’époque, à savoir les techniques de synthèse à gogo, alors qu’elles étaient encore mal maîtrisées.

Bien. La seule idée du film est donc cette transposition du modèle du western dans l’élément aquatique ; en soi c’est certainement bien peu mais comme la formule est appliquée consciencieusement (peu de temps morts, des personnages « à gueule »), qu’elle réserve quelques trouvailles visuelles indéniables et que le tout est parsemé d’un certain humour (Dennis Hopper en fait des tonnes et c’est bon !), c’est ravissant et on se laisse prendre au jeu avec plaisir. Sans même se sentir coupable.

François Corda

bub

———

Waterworld de Kevin Reynolds (Etats-Unis ; 2h16)

Date de sortie : 25 octobre 1995

bub

08/20

Commencez à écrire et validez pour lancer la recherche.