EASY RIDER
Dennis Hopper

EnterreEasy Rider a 40 ans mais on ne lui souhaitera pas un bon anniversaire. On ne fera pas semblant d’être content, ni de filer doux devant le culte. Il faut le dire : Easy Rider n’existe pas en tant que film avant l’apparition de Jack Nicholson. Dans la première moitié, Dennis Hopper nous inflige une sorte d’Ushuaïa « spéciale Etats-Unis », ni plus ni moins ! On supporte mieux le couple lunettes-moustache de Billy (Mardi Gras style) que le phrasé insupportable du Meilleur Ami de la Nature ™. Mais ce que c’est chiant !

La palme de l’ennui revient sans aucun doute à cette description minutieuse d’une communauté hippie plantée dans le désert, où nos deux protagonistes passent quelques jours. Le film passe alors du format peu ragoûtant mais agréable de la carte postale inoffensive à celui de docu-fiction mou du gland (en dehors de quelques grosses astuces de montage façon coupe-coupe, procédé redondant et finalement assez déasagréable). Plus embêtant : en découvrant Easy Rideraujourd’hui, il est troublant de constater qu’il est considéré par beaucoup comme un manifeste libertaire, alors même qu’il ridiculise proprement le mouvement beatnick. Hopper faisant passer les membres de la communauté (qui a dit secte ?) au mieux pour des guignols, au pire pour des illuminés.

En témoins (très) passifs d’une Amérique en train de glisser lentement mais sûrement vers le désastre, Billy et Wyatt roulent, roulent donc, mais ne nous inspirent finalement pas grand-chose. Car qui sont-ils si ce n’est de grands enfants un peu paumés (leur ultime rêve, une méga teuf à la Nouvelle Orléans, le tout payé par quelques kilos de schnouff) et un peu beauf (cf. leurs engins surcustomisés). Ratage complet, donc, jusqu’à l’apparition de Georges Hanson. Avocat désabusé et alcoolique, il est le symbole et le fruit d’une justice et d’une égalité déjà titubantes. Nicholson, fulgurant, insuffle dès lors à Easy Rider une vitalité qu’on n’attendait plus. Il y fait véritablement figure de Messie, dont les premiers disciples ne sont autres que les naïfs Billy et Wyatt. Le film prend alors une toute autre tournure, et vire au cauchemar acide (dans tous les sens du terme). La violence qui surgit n’en est que plus sidérante. Et c’est l’autre envers des Etats-Unis que nous donne alors à voir Hopper : le racisme, l’intolérance. On le sent d’ailleurs beaucoup plus à l’aise, grinçant, dès qu’il s’agit de s’attaquer aux rednecks et leur bêtise congénitale. Easy Rider reste donc le témoin d’une époque, mais on peut se demander s’il vaut vraiment plus que cela.bub

François Corda

 

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Easy Rider de Dennis Hopper (Etats-Unis ; 1h34)

Date de sortie : 14 juillet 1969

bub

 

08/20
Comments
  • Lol Non

    Comment passer à côté d’un film ? Ne cherchez plus c’est là !

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