Donnie Darko
Richard Kelly

EnterreDonnie Darko commence plutôt très bien. Le premier plan est massif, fluide, étrange. C’est ce plan que tout le film semble s’évertuer à retrouver, dans des mouvements de caméra faits pour être virtuoses et dans un scénario écrit pour intriguer.

Celui-ci fonctionne par dépit sur un jeu d’événements et de révélations qui se révèlent sans enjeu. Oui, par ici un peu de critique enjouée d’une certaine bourgeoisie bigote et pavillonnaire, proche de la crise de nerfs. Oui, par-là quelques poncifs sur les voyages dans le temps et la théorie du complot. Mais ce ne sont finalement que d’incessants clichés typiques des questionnements dont nous étions fiers au lycée mais que Richard Kelly pose en piédestal dans son film. Surtout, ce qui meut les personnages ne semble intéresser personne, ni eux, ni les autres, et donc pas moi, le spectateur – qui se demande bien pourquoi avoir été chez la vieille cinglée qui aurait dû tout résoudre, si c’est pour en repartir sans qu’elle soit intervenue le moins du monde dans l’histoire. C’est la faiblesse et la cohérence d’un film qui se veut un rêve. Sauf que, très vite, on ne cherche plus : vous pouvez bien nous emmener où vous voulez. La dernière pirouette finit de nous achever.

Donnie Darko serait donc une petite perle à l’éclat un peu terne. Un peu à la manière d’un American Beauty qui nous « faisait nous poser des questions », construit comme un Virgin Suicides où la BO régule l’ampoulage de la mise en scène, le film de Richard Kelly épate surtout par son inconsistance à faire des plans qui disent quelque chose – une inconsistance religieuse, on pourrait dire, une sale ironie désenchantée – et par sa rigidité morale. Sûr de lui-même, ne recherchant de l’ailleurs que des théories pseudo-socio et des réminiscences des cours de physique, il parle d’un rêve sans jamais en avoir sa liberté ni sa bizarrerie (la frénésie sexuelle des ados, entrevue par moments mais qu’on rhabille bien vite, Halloween comme ultime trouvaille en matière d’excentricité). Finalement, derrière des allures d’ovni, un cinéma qui prend peu de risques.

Marc Urumi

bub

———

Donnie Darko de Richard Kelly (Etats-Unis ; 1h47)

Date de sortie : 30 janvier 2002

bub

 

/

Comments
  • Billy

    Curieux que l’on se rejoigne totalement sur la vacuité d’un American Beauty ou d’un Virgin Suicides et que l’on soit à ce point divergents sur Donnie Darko, qui fait montre, à mon sens, d’une grande subtilité dans tous les thêmes qu’il aborde. Je n’y vois pour ma part que le portrait d’un adolescent marginal, qui a bien du mal à s’adapter au carcan qu’on lui impose, et c’est ce qui fait toute la beauté du film. L’aspect fantastique du film est admirablement fin, sans cesse en filigrane, sans jamais prendre le pas sur la gigantesque bouffonerie adulte que dénonce Kelly. C’est drôle, c’est émouvant, c’est beau. Voilà.

Commencez à écrire et validez pour lancer la recherche.