DDAMAGE
brother vs brother

D’emblée, l’artwork de l’album annonce la couleur (criarde!). Deux créatures monstrueuses aux traits de Kim Jong-un et de Donald Trump détruisent tout sur leur passage. Les références au mythe de Godzilla sont bien entendu explicites (le tsunami, les polices de caractère japonisantes, le graphisme…). C’est donc sans surprise que l’agression jaillit dès la première mesure par un son pour le moins saturé et industriel. « I need implants » martèle une voix désincarnée, introduisant à l’arme lourde ce mantra dans n’importe quel esprit tel un virus informatique lâché sur une partition Windows 98.

S’ensuit une œuvre fondamentalement électro, marchant tel un golem formé de bric et de broc, du metal à la pop, du rock psyché au hip-hop. Des morceaux lunaires (en Japonais) en guise de provocation (le morceau s’appelle « Chinese evolution ») à une sorte de rage sous-tendue tout au long de ce Brother vs brother, il en ressort une sorte de posture, une révolte, une vraie détermination.

A la base, dDamage est un duo formé par deux frangins, Jean-Baptiste et Frédéric. Oui mais voilà, Frédéric a disparu et laisse cet album derrière lui, composé à quatre mains et forcément hanté par son fantôme. Comment alors ne pas interpréter l’urgence sous-tendue tout au long de la galette comme le symptôme d’une fureur de vivre ? Brother vs brother n’est pas triste ou mélancolique, mais cultive une véritable lucidité face à l’absurdité, une attitude fièrement punk. Alliant donc la puissance de musiques aux colorations marquées (techno, punk…) aux messages à interpréter comme dans un jeu de piste politique, dDamage produit en guise de testament une œuvre réaliste et finalement positive dans son approche.

François Armand

dDamage / Brother vs brother (France | 8 novembre 2019)

 

 

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