Au son du oud, les yeux se ferment et une image se forme alors, aux allures de désert, de pierres sèches et de vallées perdues au cœur de l’Atlas. Puis des machines s’immiscent insidieusement, chargées d’effluves tout droits issues de lointaines brumes britanniques qui ont vu naître le trip-hop, apportant modernité et mystère dans un paysage aride et sans âge. Enfin la rumeur – et le flow – des rues emplies par une jeunesse scandant sa quête de liberté complète le tableau.
Incitation à un voyage en utopie, N3rdistan métisse donc plusieurs univers pour engendrer le sien propre, évoquant un pays fantasmé, libertaire et sans frontières. Machines et kora s’entremêlent, formant un écrin idéal pour accompagner poèmes arabes anciens ou contemporains. Fondé sur les cendres d’un groupe de rap précurseur dans une scène hip hop Marocaine – alors au stade prénatal dans les années 90 – la formation est à présent composée de quatre musiciens provenant d’horizons divers (notamment des deux rives de la Méditerranée), dont les parcours, du conservatoire au rap, conduisent à cette singulière alchimie.
François Armand
N3rdistan / n3rdistan (Maroc | 15 février 2019)
